Contexte : Clinton et Sanders sont face-à-face. Le débat (organisé par la chaîne MNCBC) a lieu à Durham dans le New Hampshire, l’État où va se tenir le prochain scrutin, dont Sanders est donné largement favori (10 à 15 points d’avance dans les sondages).
Concernant le récent caucus de l’Iowa, une analyse de la chaîne CNBC révèle que la participation a explosé côté républicain (180k votants vs. 120k en 2008 et 2012). Elle est en revanche en nette baisse côté démocrate (170k vs. 240k en 2008). Ce résultat est une petite déception pour Sanders qui escomptait une plus forte mobilisation pour faire basculer le scrutin (59% parmi les 44% qui participaient à un caucus pour la première fois ont voté pour lui). Il a d’ailleurs fait le plein chez les jeunes (84% des 17-29 ans ont voté pour lui) (source : CNBC).
A noter également que le décompte serré des votes côté démocrate a fait grincer pas mal de dents, dont l’éditorialiste du Des Moines Register qui a qualifié le processus électoral de la soirée de « désastre ».
Résumé
La soirée a été le théâtre de nombreuses redites par rapport aux débats précédents : Clinton avec « mon bilan, mon bilan » et « j’ai un plan, j’ai un plan » ; Sanders avec sa « révolution » et « le système est corrompu » ; Clinton et la confiance qu’Obama a témoignée à son égard (notamment dans le cas Ben Laden) ; Sanders et le vote de Clinton en faveur de l’intervention en Iraq en 2002 ; Clinton sur Sanders qui veut remettre en question les acquis des années Obama ; Clinton promouvant ses qualités pragmatiques (« je suis réaliste, je ne promets pas l’impossible ») ; Sanders réclamant la réinstauration d’un Glass-Steagall Act ; etc. Une exception notable à ces répétitions : la problématique du port d’armes, qui n’a cette fois pas été évoqué.
Sur le débat en lui-même, Clinton est apparue comme la gagnante morale de la soirée en prenant à trois reprises l’ascendant sur son rival :
- d’abord, en lançant à Sanders une mise en demeure : que celui-ci cesse d’insinuer qu’elle est au service des grandes entreprises, ou alors, s’il a quelque chose de précis à dire, qu’il le dise. Sanders a répondu en reprenant sa litanie de récriminations contre Wall Street, mais sans évoquer sa rivale.
- ensuite, en soulignant l’inexpérience et l’impréparation de Sanders en matière de politique étrangère, mettant ainsi en cause sa capacité à être commandeur-en-chef.
- enfin, en déniant ne pas être « assez progressiste » (critique reprise à l’envi par Sanders et ses partisans), ajoutant que, vu les critères que le sénateur du Vermont emploie pour juger le degré de progressisme des gens, personne, pas même lui, n’est en mesure de se voir décerner un tel brevet.
Thèmes abordés
Outre les redites déjà mentionnées supra, citons :
- les positions fluctuantes de Clinton au sujet du TPP (en réponse au journaliste qui l’interrogeait à ce sujet, elle déclara s’être désormais forgée une opinion définitive à son propos et qu’elle n’était pas satisfaite de la version actuelle du traité).
- le faible soutien reçu par Sanders de la part des élus du parti. Le sénateur du Vermont répondit qu’il en avait quelques-uns puis déclara que Clinton faisait partie de l’establishment, ce que la candidate n’apprécia pas, sortant la carte « possible première présidente » pour souligner combien elle est porteuse de nouveauté.
- les relations de Clinton avec Wall Street. L’ex-Secrétaire d’État s’est défendue en évoquant les nombreuses attaques dont elle est la cible de la part de financiers et riches industriels. Concernant la demande de Sanders que soit publiée une copie des discours qu’elle a prononcés chez Goldman Sachs, Clinton répondit qu’elle devait d’abord vérifier que les termes du contrat signé avec la banque d’affaires lui permettaient de le faire, puis est rapidement passée à un autre sujet.
- la peine de mort. Clinton pense qu’il faut la garder pour les crimes très graves (terrorisme), Sanders est pour son abolition complète.
- la protection sociale des vétérans (que les républicains veulent apparemment réduire fortement) ; le scandale de l’eau polluée à Flint (Michigan) ; les troupes en Iraq et Syrie (Sanders : « il faut aider les musulmans, mais nous ne sommes pas la police du monde ») ; l’Iran ; les chances pour un candidat radical comme Sanders, si investi, de battre un adversaire positionné au centre (référence aux cas Goldwater et McGovern) ; etc.
Articles récents
Les lauriers de la colère (11 janvier 2016)
De leur intronisation aux conventions de juillet jusqu’à « Election Day » : tout sur le duel Trump-Clinton et la victoire-surprise du républicain.
Les dynamiques qui ont fait basculer l’élection
12 novembre 2016 – Si la victoire de Donald Trump est nette en termes de grands électeurs, elle s’est pourtant jouée à quelques États-clefs qui ont basculé de justesse en sa faveur. Pour expliquer ce résultat, plusieurs dynamiques sont …
La « Trilogie de la Guerre » de Roberto Rossellini
Italie, 1945. Dans un pays dévasté, une génération nouvelle de réalisateurs invente le néoréalisme. Parmi ses fers de lance : Roberto Rossellini, qui, en trois ans et trois films, accède au statut d’auteur majeur du 7ème Art.
Solaris (1972) – Andreï Tarkovski
En dépit d’années d’observations, la planète Solaris garde ses mystères, dont le principal n’est autre que sa surface, un océan gigantesque qui serait en fait … un cerveau.
Antelope Canyon – De lumière et de grès
Si certains patelins reculés n’ont rien pour eux, la petite ville de Page, elle, est doublement bénie des dieux, avec, en point d’orgue, un site parmi les plus photogéniques des Etats-Unis.
Lava Beds – L’ultime champ de guerre des Modocs
Isolé aux confins nord-est de la Californie, le parc de Lava Beds compte deux principaux centres d’intérêt : ses cavernes, et le souvenir de la résistance opiniâtre qu’y livra une poignée d’Indiens.
7 mai – Où Macron est élu président
En dépit d’une abstention substantielle, Emmanuel Macron remporte le second tour avec une avance nette et devient le nouveau président de la République.
Du 1er au 6 mai – Où Le Pen se saborde avec un débat infect
Point d’orgue de la semaine avant le second tour, le débat des candidats a tourné à l’aigre, avec une Marine Le Pen en mode bien peu présidentiel.