Marine Le Pen en 2010Le début de semaine est marqué par l’emballement de la question halal. Rétroactes : Marine Le Pen dénonce il y a trois semaines le fait que toute la viande mangée en Île-de-France provient d’animaux abattus suivant le rituel halal. Les associations d’abattage démentent et Nicolas Sarkozy déclare que « ce débat n’a pas lieu d’être ». La polémique n’en reste pas moins latente et, trois semaines plus tard, le président sortant change de point de vue et se déclare « pour l’étiquetage de la viande en fonction de la méthode d’abattage ». Ces propos ont été précédés par une sortie de Claude Guéant liant halal et droit de vote des étrangers, et suivis par une déclaration du Premier Ministre François Fillon sur « les traditions ancestrales qui ne correspondent plus à grand-chose alors qu’elles correspondaient dans le passé à des problèmes d’hygiène », avant que Sarkozy n’en rajoute une couche en déclarant que « le halal est au cœur des préoccupations des Français ». Un sentiment de malaise gagne l’UMP et la communauté musulmane, mais aussi la communauté juive, laquelle se sent également visée. C’en est trop et Sarkozy fait marche arrière, préconisant désormais un simple « étiquetage sur base du volontariat » et demandant que soit mis un terme à « cette polémique qui n’a aucun intérêt ». La chasse sur les terres FN reste décidément un sport périlleux.

 

Nicolas Sarkozy en 2010Avant son méga-meeting du dimanche 11 mars à Villepinte, le même Nicolas Sarkozy passe mardi à Des Paroles et des Actes (France 2). Commençant par relativiser les sondages qui le donnent battu (il cite les contre-exemples Balladur et Jospin), il se livre ensuite à un nouveau mea-culpa sur les « écarts » ayant entaché son mandat (Fouquet’s, yacht Bolloré, EPAD, …). Rayon propositions, il annonce son intention de mettre en place un impôt sur les bénéfices minimums pour les grands groupes, ainsi que sa volonté de diviser l’immigration annuelle par deux et renforcer les conditions d’accès aux aides sociales pour les immigrés. Il revient également sur l’instauration de la proportionnelle aux législatives et qualifie Hollande d’homme « qui ne sait pas dire non ».

 

Nicolas Bayrou en 2009Jeudi, c’est au tour de François Bayrou de passer dans la même émission. Le candidat du Modem dénonce une polarisation gauche-droite dépassée et responsable de la situation dans laquelle se trouve le pays. Il critique la « sarkhollandisation » des débats (Sarkozy = la division, Hollande = l’illusion) et se positionne comme un candidat lucide, prêt à affronter les problèmes tels qu’ils se posent, dans un souci de rassemblement et d’union. La jouant pédagogue, il prend le temps d’expliquer la situation budgétaire (rappelant avoir été un des premiers à tirer la sonnette d’alarme déjà en 2007) et les mesures qu’il entend adopter pour y remédier. Même si parfois ennuyante, sa prestation n’en est pas moins convaincante, exception faite de la question de la majorité parlementaire avec laquelle il compte bâtir son gouvernement, ses réponses sur ce sujet restant vagues et peu probantes.

 

Points d’orgue des deux émissions : les débats contradictoires qui opposèrent Sarkozy à Fabius et Bayrou à Valls. Dans les deux cas, les candidats à la présidentielle eurent beau jeu de ressortir les critiques émises par leurs adversaires à l’égard de François Hollande lors de la primaire socialiste. Sarkozy en particulier s’est montré très agressif, déstabilisant d’emblée un Fabius peu incisif qui n’a pas marqué beaucoup points pour le poste de Premier Ministre si Hollande est élu. Le duel Bayrou-Valls fut plus cordial, moins belliqueux, les deux hommes semblant proches sur plusieurs sujets.

 

Les autres candidats

 

  • François Hollande capitalise son coup d’éclat de la semaine précédente (les 75%) et se fait discret. Une sortie à noter (lors de la journée de la femme) : que tout hôpital dispose d’une section IVG.
  • Jean-Luc Mélenchon (qui a refusé la proposition de débat de Jean-Marie Le Pen) passe sur TF1 lundi soir, juste après … Marine Le Pen. Paroles de Candidats réalise un de ses meilleurs scores.
  • Nathalie Arthaud et Jacques Cheminade (lequel retient l’attention pour la première fois de la campagne grâce à un parallèle douteux entre Obama et Hitler) ont obtenu leurs cinq cents parrainages, ils seront présents au premier tour. La quête se poursuit pour Marine Le Pen et Dominique de Villepin.
  • Eva Joly veut elle aussi être invitée dès à présent à Des Paroles et des Actes. France 2 se retranche derrière les règles et recommandations du CSA pour refuser.

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