Côté républicain
Contexte : sensation avec le ralliement de Chris Christie à Trump. Une partie de l’establishment commence à se résigner et à soutenir ouvertement l’iconoclaste candidat (après l’ancienne gouverneur de l’Arizona Jan Brewer, c’est maintenant le cas du secrétaire d’État du Kansas Kris Kobach et du gouverneur du Maine Paul LePage). C’est un coup dur pour Rubio qui ne parvient pas à rassembler les modérés, tant ceux qui se sont déjà retirés (Christie donc, Bush) que Kasich, lequel, en dépit de voix l’appelant à arrêter (Mitt Romney), entend rester en lice au moins jusqu’au vote de l’Ohio.
La perspective d’une investiture du magnat de l’immobilier n’en continue pas moins d’horrifier la plupart des caciques du parti ainsi que ses principaux donateurs (à commencer par les frères Koch), et circule désormais l’hypothèse d’une convention « négociée » (brokered convention). Pour cela, encore faut-il que Trump n’obtienne pas le nombre minimum de délégués requis et qu’au moins un parmi Cruz, Rubio ou Kasich s’impose dans son fief (Texas, Floride, Ohio), non seulement pour priver Trump de délégués, mais aussi pour obtenir un semblant de crédibilité et de légitimité. Autre rumeur, sans doute moins probable : un retour en piste de Mitt Romney.
Quelques faits notables ont émaillé les derniers jours avant le Super Tuesday. Parmi ceux-ci, citons : des remarques de Trump sur la transpiration (qu’il juge abondante) de Rubio ; la mise sur sellette de Trump qui refuse de désavouer le Ku Klux Klan ; Cruz et Rubio qui demandent à Trump de dévoiler la teneur d’une conversation off avec le New York Times dans laquelle il aurait déclaré ne pas penser tout ce qu’il disait en matière d’immigration ; etc.
Résultats
Trump enlève sept États sur onze, un très bon score qui conforte sa course en tête et son statut de favori. Un très bon score, mais pas tout à fait la razzia qu’il aurait espérée, d’autant que l’État porteur du plus grand nombre de délégués lui a échappé. Au Texas en effet, Cruz a fini largement premier (44% vs. 27% à Trump), un succès amplifié par ses victoires en Oklahoma et en Alaska. Si la soirée a été bonne pour Cruz, elle l’a nettement moins été pour Rubio, lequel a certes remporté le Minnesota, mais a surtout fini troisième dans huit des dix autres États, dont le Massachusetts et le Vermont, où il est devancé par … Kasich. Bref, Rubio confirme son incapacité à coaliser les modérés autour de sa personne. Pour lui, plus que jamais, la Floride sera clef s’il veut garder assez de légitimité pour rester en lice jusqu’à la convention de Cleveland et parier sur le choix « négocié » du candidat investi. Le raisonnement vaut pour Kasich et l’Ohio.
Côté démocrate
Huit victoires sur douze scrutins pour Clinton qui fait un grand pas vers l’investiture. Son succès est éclatant dans les États du Deep South, où l’électorat afro-américain lui a été acquis à plus de 80% et celui hispanique à plus de 60%. Ainsi a-t-elle gagné le Texas (65% des votes), la Géorgie (70%), le Tennessee (66%), la Virginie (61%), l’Alabama (78%) et l’Arkansas (66%). Elle empoche aussi les Samoa américaines (68%) et surtout le Massachusetts, au terme d’une partie serré (50% vs. 49%).
Quant à Sanders, sa performance en tant que telle est bonne (à un succès net dans le Vermont avec 86%, il ajoute une belle victoire dans le Minnesota avec 62%, et deux autres dans le Colorado et l’Oklahoma, avec respectivement 59% et 52%), mais la défaite au Massachusetts fait mal, et l’écart très net dans les États du Sud confirme une incapacité à séduire les électorats afro-américain (surtout) et hispanique. La partie n’est pas finie, mais les rêves du sénateur du Vermont et de ses fans deviennent ténus.
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