C’est le deuxième Super Tuesday du mois de mars, et celui-ci vaut cher, Trump et Clinton pouvant faire un pas déterminant vers l’investiture. Les jours précédant le scrutin ont été tendus et marqués par plusieurs incidents violents autour de la campagne de Trump, dont un en Ohio qui a nécessité l’intervention du service de sécurité, et un autre qui a poussé le milliardaire à annuler un meeting à Chicago. Trump accuse Sanders et ses partisans d’être responsables de ces incidents.
Chez les républicains
Contexte
La campagne entre dans une phase décisive, l’attribution des délégués se faisant désormais sur base du « Winner takes all » dans la plupart des États (exception ce soir : la Caroline du Nord).
Pour Rubio et Kasich, c’est l’instant de vérité, ils abattent leur carte ultime. Le sénateur de Floride ne part cependant pas avec la faveur des pronostics, loin de là, le gouverneur de l’Ohio semblant en revanche placé dans une meilleure position. A noter que Rubio a appelé ses partisans à soutenir Kasich dans l’Ohio (l’inverse ne s’est pas produit en Floride, où il n’y a pas de front anti-Trump).
Cruz (qui tentera quant à lui de rafler un État parmi le Missouri, l’Illinois et la Caroline du Nord) suivra attentivement leurs résultats, leur succès étant une condition quasi sine qua non pour qu’il puisse continuer à espérer.
Les sondages
- Floride : Trump y est depuis longtemps donné vainqueur, qui plus est avec une très nette avance sur Rubio (+18 points).
- Même tendance en Caroline du Nord, légèrement moins marquée qu’en Floride, mais clairement favorable au magnat de l’immobilier (+12 points vs. Cruz).
- Illinois : là aussi l’avantage va à Trump, mais Cruz est annoncé proche (6,5 points d’écart).
- Ohio : l’autre gros morceau de la soirée est celui où l’indécision est la plus grande. Trump et Kasich sont donnés au coude-à-coude, avec, selon les dernières enquêtes, un petit avantage au local de l’étape.
- Missouri : la couverture sondagière de cet État est limitée, Trump est donné devant avec une légère avance sur Cruz.
A noter que, plus tôt dans la journée, Trump a remporté les îles Mariannes (neuf délégués).
Résultats
La soirée a été bonne pour Trump, qui remporte trois États : la Floride et ses 99 délégués (victoire très nette, 46% vs. 27% à Rubio), l’Illinois (39% vs. 30% pour Cruz) et la Caroline du Nord (plus serrée, 40,2% vs. 36,8% pour Cruz). A ces victoires s’ajoutera sans doute également le Missouri, où les résultats sont très serrés. Pour l’heure, Trump y est donné avec un avantage de 0,2 points vs. Cruz, c.-à-d. un écart de 1700 voix sur près de 900 000 votants. Pour rappel : le Missouri est un État « Winner takes all », le candidat désigné vainqueur remporte tous les délégués.
Seule anicroche au tableau de Trump : l’Ohio, où Kasich, le régional de l’étape, a gagné son pari et remporté haut la main son premier État (46,8% vs. 35,6% pour le milliardaire). Kasich va donc rester en lice et continuer à parier sur un scénario dans lequel Trump ne parvient pas à atteindre les 1237 délégués requis pour décrocher l’investiture, obligeant ainsi les candidats à passer par une convention négociée. Le calcul est audacieux, peut-il vraiment payer ?
Cette possibilité s’est en revanche (et comme prévu) envolée pour Marco Rubio, sèchement battu dans son fief de Floride. Le jeune sénateur en a aussitôt tiré les conséquences et annoncé la suspension de sa campagne. Quelle tournure prendra la suite de sa carrière ? Il a déjà annoncé qu’il ne se représenterait pas au Sénat (où il avait été élu avec l’aide du Tea Party mais a fait preuve d’absentéisme). Pour plusieurs analystes, son horizon est désormais 2020, avec en tête un parcours à la Reagan, battu à la primaire de 1976 avant de revenir plus fort quatre ans plus tard.
La soirée a également été mauvaise pour Cruz, ou à tout le moins très mitigée. Rubio n’a pas privé Trump de la Floride et Cruz lui-même s’est incliné dans les trois États où il pouvait espérer l’emporter (la perte de justesse du Missouri fait particulièrement mal). L’éclaircie est venue de la victoire de Kasich qui freine la progression de Trump et l’empêche de creuser un écart encore plus grand avec le sénateur du Texas (250 délégués d’écart déjà, quand même).
En bref, Trump a consolidé sa position mais n’a pas encore course gagnée et se méfie comme la peste du risque d’une convention négociée, il appelle le parti à l’unité et prédit des « émeutes » s’il devait ne pas être désigné candidat en ayant le plus grand nombre de délégués.
Chez les démocrates
Contexte
Les derniers jours ont vu un retour de la question des super-délégués (massivement pro-Clinton) et de leur attitude si Sanders venait à remporter le vote populaire. Un long chemin reste toutefois à parcourir pour qu’un tel débat ait vraiment lieu. Les partisans de Sanders n’espèrent pas grand-chose en Floride si ce n’est limiter la casse, et misent tous leurs espoirs sur l’Illinois et l’Ohio.
Les sondages
- Floride : Clinton est donnée très, très nettement devant. La tendance est identique en Caroline du Nord.
- Illinois : alors que les sondages étaient largement en faveur de Clinton voici une semaine, la situation a considérablement évolué et les deux candidats sont désormais donnés dans un mouchoir de poche. Les enquêteurs ont visiblement ajusté leurs estimations après la victoire surprise de Sanders dans le Michigan il y a une semaine.
- Ohio : Clinton est en tête avec une bonne marge (8 points) mais moindre qu’il y a quelques semaines. L’Ohio est le gros pari de Sanders, qui espère rééditer le coup du Michigan.
- Missouri : à nouveau peu de couverture, les pronostics sont incertains.
Résultats
Soirée parfaite pour Clinton tandis que Sanders boit le bouillon.
Clinton écrase son adversaire là où c’était attendu (64% en Floride, 55% en Caroline du Nord), gagne sans difficulté l’Ohio qui était pourtant présenté comme à risque (56,5%), et empoche d’un fifrelin la victoire dans les États les plus serrés (50,5% dans l’Illinois, et 49,6% vs. 49,4% dans un Missouri décidément très indécis). Bref, un 5/5 qui confirme l’avantage creusé lors des scrutins précédents. La candidate est plus que jamais sur la voie royale pour décrocher l’investiture, et son discours d’après-vote a d’ailleurs été tourné vers l’échéance de novembre, avec Donald Trump pris pour cible.
Pour Sanders, les illusions s’envolent : l’écart dans les États du Deep South est encore et toujours énorme, tandis que tous les États serrés ont, à nouveau, basculé dans le camp adverse (le Michigan aura été la seule exception depuis le début des primaires). Le sénateur du Vermont va continuer à défendre ses idées et celles-ci vont continuer à influencer la campagne, mais le rêve d’une investiture s’est envolé.
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