La semaine apparaît moins intense que les précédentes, d’abord du fait de la retombée de l’émotion suscitée par les événements de Toulouse, et ensuite de par l’absence de grands débats télévisés (règle du temps de parole oblige + campagne télé officielle ne démarrant que deux semaines avant le premier tour). Bref, l’impression ressentie est celle d’une petite accalmie médiatique. La campagne s’intensifie en revanche sur le terrain avec les meetings et des opérations de porte-à-porte menées par l’UMP et le PS.

 

La semaine

 

  • Suites des tragédies de Toulouse et Montauban : si les thèmes de l’insécurité et de l’immigration sont, comme attendu, revenus sur le devant de la scène, divers sondages indiquent qu’ils restent loin dans la liste des préoccupations majeures des Français. Le drame ne semble pas avoir fait basculer la campagne.
  • Sur l’affaire elle-même : le père de Mohamed Merah accuse l’État d’avoir exécuté son fils et porte plainte. Dans un autre genre, Al Jazeera annonce avoir reçu les images filmées par Merah de ses exécutions. Nicolas Sarkozy appelle la chaîne à faire preuve de décence et Marine Le Pen menace d’aller manifester devant son siège français (ce qui permettra plus tard à la candidate FN d’affirmer que c’est grâce à son intervention qu’Al Jazeera a finalement renoncé à diffuser les images.
  • A noter l’arrestation très médiatisée de dix-sept islamistes radicaux. Un coup électoral ? A priori, il n’y aurait pas de rapport avec Toulouse.
  • Si plusieurs sondages confirment cette semaine la perspective d’un Nicolas Sarkozy en tête au premier tour (au grand plaisir du candidat UMP qui y voit la preuve du succès de sa stratégie), tout n’est toutefois pas parfait pour le président sortant qui, lorsqu’il évoque les militaires abattus par Merah, commet une « maladresse » en parlant de « musulmans d’apparence ». Il voit également resurgir l’affaire Bettencourt avec la mise en détention de Patrice De Maistre (le gestionnaire de la fortune de Liliane Bettencourt) et le retour des soupçons de financement illégal de sa campagne 2007. Eva Joly déclare alors : « Nous ne savons pas si Nicolas Sarkozy est candidat à un deuxième mandat pour diriger la France ou pour se protéger contre la justice. » Ségolène Royal avait tenu des propos assez semblables une dizaine de jours auparavant.

    Liliane Bettencourt en 2011

    Liliane Bettencourt

  • En meeting à Nantes, le président sortant continue d’attaquer les corps intermédiaires. Dans sa ligne de mire : les syndicats, dont la CGT, qu’il accuse d’avoir organisé une grève à Ouest-France dans le seul but d’empêcher la parution d’une interview qu’il a donnée au journal.
  • Borloo (qui a officiellement rallié Sarkozy la semaine passée) croit pouvoir le convaincre de mettre davantage l’accent sur le social. Au vu des discours à droite toute de Nantes et Besançon (« la menace de l’immigration incontrôlée ! »), ce n’est pas gagné.
  • Dominique Strauss-Kahn est mis en examen pour complicité de proxénétisme (affaire Carlton). L’UMP en profite pour attaquer François Hollande et les leaders socialistes sur leurs relations avec l’intéressé.

    Dominique Strauss-Kahn en 2008

    Dominique Strauss-Kahn

  • Face à la montée de Sarkozy et la percée de Mélenchon, le candidat PS veut ne pas sur-réagir et garde la même ligne depuis le début de la campagne : insister sur le bilan du président sortant et ne pas se lancer dans une surenchère d’annonces spectaculaires. En déplacement à La Réunion, il déclare toutefois que le ton va changer et que les socialistes vont davantage « taper sur Sarkozy », désormais qualifié de « grand prometteur mais petit donneur. » Mais plus que ses adversaires, Hollande semble surtout craindre l’abstention, susceptible selon lui de rebattre les cartes.
  • Le meeting du Zénith n’a pas réussi à mettre François Bayrou sur orbite. Les sondages le donnent en régression et dépassé par Mélenchon. Son électorat en revanche devient l’objet de toutes les attentions, celle de Sarkozy en particulier, qui doit espérer un report très fort des voix centristes pour pouvoir l’emporter au second tour. Est-ce pour cette raison que commence à circuler la rumeur qui verrait le président sortant nommer Bayrou Premier ministre s’il était réélu ?

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