La quinzaine précédente a laissé des traces. Les interrogations sur la santé de Clinton et son « pitoyable » pour qualifier une partie de l’électorat de Trump ont été suivis d’un resserrement dans les sondages, tant au niveau national que dans plusieurs États indécis. L’avantage reste à la démocrate, mais il devient ténu, ce qui rend les débats à venir encore plus cruciaux qu’ils ne l’étaient déjà. La préparation du premier d’entre eux (qui se déroulera le lundi 26 septembre) a d’ailleurs occupé une bonne partie de la quinzaine écoulée, les autres sujets brûlant étant (par ordre chronologique) le retour aux affaires de Clinton après sa pneumonie, une série d’attentats heureusement sans décès de victimes, et la résurgence des tensions raciales après deux nouveaux décès d’Afro-Américains suite à des interventions policières controversées.
La santé de Clinton
Au deux jours de repos initialement prévus, Clinton en a rajouté un troisième avant de reprendre le cours normal de sa campagne. Auparavant elle a rendu public un bulletin de santé rédigé par sa médecin traitante, dans lequel cette dernière déclare notamment que sa patiente « continues to remain healthy and fit to serve as President of the United States » (« elle est en bonne santé et apte à exercer la fonction de Président des États-Unis »).
Elle a également tenu à réagir à la volée de bois vert qu’elle s’est prise de la part des médias qui lui ont vigoureusement reproché son manque de transparence et sa capacité à continuellement donner l’impression de cacher des choses, avançant pour sa défense que, si elle n’avait pas parlé plus tôt de sa pneumonie, c’est parce qu’elle en avait sous-estimé la gravité.
De son côté, Trump (qui depuis des semaines lance des insinuations sur la santé de sa rivale) s’est d’abord gardé de surenchérir et s’est contenté d’un « J’espère qu’elle se remettra vite » que l’on imagine sans mal être ironique. Il s’est ensuite vanté de l’excellence de sa propre santé, ce qu’a confirmé le docteur Mehmet Oz (son médecin traitant) au cours d’une émission télé médicale qu’il anime. La révélation de son surpoids (121kg) a néanmoins fait jaser, Trump le justifiant par un excès de fast-food durant la campagne.
Attaques terroristes (sans décès de victimes) à New York et dans le Minnesota
Samedi 17 septembre, les États-Unis ont à nouveau été frappés par des attentats, heureusement sans que des décès ne soient à déplorer parmi les victimes.
Le premier attentat a eu lieu à New York, dans le quartier de Chelsea, où l’explosion d’un engin explosif a fait 29 blessés. Le responsable de cet acte est un Américain d’origine afghane qui avait également disséminé d’autres bombes ailleurs dans la ville et sur le parcours d’une course dans le New Jersey. Ces bombes ont toutefois pu être repérées et neutralisées, et le responsable de ces actes arrêtés. Quant à la seconde attaque terroriste du week-end (qui, contrairement à la première, a été revendiquée par Daech), elle a eu lieu dans le Minnesota, où un Américain d’origine somalienne a poignardé neuf personnes avant d’être abattu.
Aussitôt, ces faits se sont répercutés dans la campagne, avec Donald Trump dans le rôle du procureur, celui-ci n’hésitant pas à blâmer Clinton pour le développement de Daech et à accuser Obama de laxisme en matière d’immigration. Le candidat républicain retrouve ici un terrain où il est à l’aise et il s’exprime sans mesure, les démocrates contre-attaquant en accusant ses discours provocants de susciter des vocations chez les terroristes islamiques.
Regain de tensions raciales suite à la mort de deux Noirs causée par la police
Le décès de deux Afro-Américains suite à des interventions controversées de la police a ravivé la polémique raciale. Le premier décès est survenu le vendredi 16 à Tulsa (Oklahoma), lorsque le propriétaire d’un véhicule a été abattu alors qu’il était appuyé sur sa voiture les mains en l’air. L’homme n’était pas armé et la policière auteure du tir meurtrier a été inculpée pour homicide.
Quatre jours plus tard, un drame similaire se déroule à Charlotte (Caroline du Nord), avec la mort d’un Afro-Américain de 43 ans. Était-il armé ou pas ? Le doute subsiste. Entre-temps, des manifestations suivies d’émeutes ont éclaté. En réaction, l’état d’urgence est décrété, des militaires de la garde nationale sont déployés et un couvre-feu est instauré.
Du côté des candidats, Clinton déclare d’abord sa volonté de se rendre à Charlotte, avant de faire machine arrière pour ne pas causer un surplus d’efforts aux autorités en charge de la sécurité. Quant à Trump, qui tente depuis quelques semaines de gagner à lui une partie du vote afro-américain (un sondage révèle que seul 4% de cette communauté voterait pour lui), il se montre hésitant dans ses positions, se déclarant d’abord troublé par ce qui est arrivé à Tulsa, puis, alors que les émeutes de Charlotte ont lieu, prônant le recours à la méthode controversée du stop and frisk (« arrêter et fouiller »).
La préparation du premier débat
L’un des moments-phares de la campagne aura lieu le lundi 26 septembre, et chacun s’y prépare à sa manière. Côté républicain, pas de surprise, Donald Trump fait du Donald Trump. Ainsi, voici quelques semaines, a-t-il fait mine de s’interroger quant à sa participation à l’évènement, affirmant que les dés étaient truqués et que les médias allaient jouer la carte de Clinton. Depuis, sa présence a été actée et il cible ses attaques sur le modérateur du débat, le journaliste de NBC Lester Holt (photo), qu’il accuse notamment d’être démocrate (alors que, vérification faite, il est depuis 2003 inscrit sur les listes électorales en tant que républicain). Trump réclame également que, durant le débat, Lester Holt ne procède à aucun fact-checking susceptible de remettre en cause ses affirmations, ajoutant qu’une telle contradiction devrait être du ressort exclusif des candidats et que, si cela ne tenait qu’à lui, les échanges se dérouleraient sans modérateur.
Concernant la préparation même de l’événement, le magnat de l’immobilier ne semble pas y consacrer un temps démesuré, au contraire de sa rivale qui a réduit le nombre de meetings auxquels elle participe et s’est isolée plusieurs jours avec son équipe pour lui consacrer une attention maximale.
Autre tactique mise en place par l’équipe Clinton : décréter que les attentes sur sa performance lors du débat sont beaucoup plus élevées que celles concernant Donald Trump. Elle en veut pour preuve la différence de traitement qu’elle déclare avoir ressentie (en même temps que nombre d’observateurs) lors d’une émission de NBC début septembre au cours de laquelle le journaliste en charge des interviews s’était montré particulièrement pointilleux avec elle, mais beaucoup moins son adversaire, qu’il n’avait pas repris sur plusieurs de ses affirmations visiblement erronées ou exagérées, peut-être par crainte de paraître trop parti-pris en défaveur de ce dernier.
Le reste de la quinzaine de Donald Trump
Après l’avoir contesté le plus longtemps possible lors des primaires, après avoir même tenté de l’humilier lors de la convention de Cleveland, Ted Cruz apporte officiellement son soutien à Donald Trump. En parallèle, celui-ci voit son équipe de campagne être renforcée par la venue de l’ancien patron de la CIA James Woolsey.
A l’opposé, des voix de plus en plus nombreuses côté républicain continue de manifester leur défiance vis-à-vis du milliardaire. L’ancien Secrétaire à la Défense Robert Gates a ainsi publié une tribune au vitriol à son sujet dans le Wall Street Journal, tandis que diverses indiscrétions ont rapporté des propos peu amènes tenus par Colin Powell et George Bush père à son égard.
Dans un autre registre, Trump a finalement fait marche arrière sur une polémique qu’il a entretenu pendant cinq ans : le lieu de naissance de Barack Obama. Ainsi le vendredi 16 septembre a-t-il déclaré : « President Barack Obama was born in the United States, period » (« le président Barack est né aux Etats-Unis, point final »). La veille encore il avait refusé de l’admettre, avant d’enfin changer d’avis. Le sujet n’est pourtant pas encore clos, Trump affirmant maintenant que c’est le camp Clinton qui le premier, en 2008, a soulevé la controverse sur le lieu de naissance de l’actuel président.
Autres faits concernant la quinzaine de Trump
- « I think that her bodyguards should drop all weapons. They should disarm. I think they should disarm – immediately. What do you think? Yes? Take their guns away. She doesn’t want guns. Let’s see what happens to her. Take their guns away, OK. It’ll be very dangerous ». Une polémique chasse l’autre : Trump en remet une couche sur Hillary Clinton qui voudrait déposséder les Américains du droit de porter des armes : il parle maintenant de désarmer ses gardes du corps pour voir ce qu’il se passerait. A nouveau les accusations d’appels au meurtre ne se font pas attendre, notamment de la part du sénateur démocrate Chris Murphy, lequel déclare que, si un supporter du milliardaire venait à tuer Clinton, celui-ci aurait le sang de sa mort sur les mains.
- Après la Fondation Clinton les semaines précédentes, c’est au tour de la Fondation Trump d’être sur le devant de la scène. Le Washington Post a publié plusieurs informations dérangeantes au sujet de cette dernière, évoquant notamment l’absence de tout don par Donald Trump à cette organisation depuis 2008 (laquelle ne vivrait dès lors que par les sommes versées par des donateurs extérieurs), ainsi que plusieurs dépenses illégales ou douteuses, dont l’achat pour $20 000 d’un portrait à l’effigie du milliardaire, un versement à l’attorney general de Floride Pam Bondi en charge d’une enquête sur la Trump University, et le paiement d’indemnités liées à des règlements de litige à l’amiable entre Trump et divers plaignants. De son côté, l’attorney general de New York Eric Schneiderman a déclaré avoir ouvert une enquête à l’encontre de la fondation.
- Donald Trump n’a pas été le seul membre de sa famille à faire parler de lui. Son fils Donald Jr. s’est ainsi fait remarquer en publiant un tweet censé résumer le dilemme de l’accueil des réfugiés syriens. Le tweet en question montre en effet un bol de bonbons au chocolat (des « skittles ») accompagné de la question « si trois d’entre eux étaient empoisonnés, en prendriez-vous une poignée ? Voilà notre problème avec les réfugiés syriens ». Inutile de préciser que ce message a déclenché un tollé.
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