a) Martin O’Malley – b) Jim Webb – c) Lincoln Chafee – d) Autres
Martin O’Malley
Né à Washington DC en 1963 (52 ans en 2015), Martin O’Malley a été maire de Baltimore de 1999 à 2007, puis gouverneur du Maryland de 2007 à 2015. Comme Webb et Chafee très en retrait par rapport aux deux poids lourds que constituèrent Hillary Clinton et Bernie Sanders (les sondages ne le donnèrent que rarement au-dessus de 5%), il s’est toutefois maintenu en lice plus longtemps que les deux autres « petits formats », participant à quatre débats et ne se retirant qu’après le caucus de l’Iowa, où il ne récolta que 0,6%.
Après un premier débat relativement discret, O’Malley profita des retraits de Webb et Chafee pour gagner en visibilité et exister entre Clinton et Sanders. Gagnant en aisance et en assurance au fil des joutes télévisées, il s’illustra par une façon de parler un peu maniérée, arborant un sourire doucereux le rendant sympathique mais aussi peu charismatique. Aspect cocasse : son habitude d’évoquer ses amis ou des gens qu’il a rencontrés afin d’aborder divers sujets sur le ton de l’anecdote.
Soulignant à l’envi (comme Kasich et Christie côté républicain) ses compétences et son bilan en tant que gouverneur du Maryland mais aussi de maire de Baltimore, O’Malley pêcha en revanche en termes de stature et d’expérience au niveau fédéral et politique étrangère. Proche de Clinton sur plusieurs points (il l’avait d’ailleurs soutenu en 2008, ce qu’elle ne manqua pas de rappeler), il constitua aussi par moment un bon appoint pour Sanders afin de mettre la favorite sous pression, notamment à propos de son vote en faveur de l’Irak et de ses rapports avec Wall Street et le secteur bancaire, O’Malley réclamant pour ce dernier (comme le sénateur du Vermont) le retour d’un Glass-Steagall Act.
Un sujet sur lequel il tenta de se démarquer le plus fut celui des armes à feu, n’hésitant pas à affirmer que tant Clinton que Sanders avaient tous deux été incohérents sur cette problématique et qu’il était essentiel de l’aborder sur base des principes et non des sondages d’opinion. Il mit également l’accent sur l’impérieuse nécessité d’améliorer la qualité des services de renseignement et insista à de multiples reprises sur la question climatique, parlant d’une « révolution verte » et vantant son programme visant à avoir une économie reposant sur une énergie propre à 100% d’ici 2050. Il prôna également une attitude volontariste en matière d’accueil des réfugiés syriens et, comme ses homologues démocrates, plaida en faveur d’une réforme ambitieuse du système migratoire, non sans toutefois dénier l’importance d’avoir un bon système de screening et de correctement sécuriser les frontières.
Jim Webb
Né à St Joseph (Missouri) en 1946 (69 ans en 2015), Jim Webb a été secrétaire de la Navy de 1987 à 1988 (sous Reagan donc) et sénateur de Virginie de 2007 à 2013. Comme Chafee (et, dans une moindre mesure, O’Malley) très en retrait par rapport aux deux poids lourds que constituèrent Hillary Clinton et Bernie Sanders, Webb ne vit jamais les sondages l’emmener plus haut que 3% ou 4%, et il se retira après le premier débat démocrate, accusant le parti de s’être éloigné de millions de « dedicated, hard-working » Américains, et déclarant ne pas se voir soutenir aucun autre candidat, ni exclure la possibilité de concourir en tant qu’indépendant.
Au cours du seul débat auquel il participa, il ne fut pas toujours intelligible, se chamailla avec le présentateur au sujet du temps de parole, fit aussi preuve de classe en refusant de réagir aux perches tendues par ce même présentateur pour l’inciter à dénigrer ses rivaux, notamment lorsque, interrogé pour savoir si Sanders ferait un bon commandant-en-chef sachant qu’il s’était déclaré objecteur de conscience dans les années 1960 pour ne pas aller au Vietnam, il répondit (lui qui y avait combattu et été décoré) que, si Sanders avait respecté les procédures pour ne pas aller combattre, alors il respectait son choix et que, pour le reste, c’était au peuple de décider si cela était important au pas.
Concernant le droit au port d’arme, il défendit l’idée de « background checks » mais souligna qu’il fallait respecter les traditions de ce pays ainsi que les gens qui veulent se protéger des agressions. Concernant ses critiques sur la discrimination positive, il déclara que celles-ci ne le mettaient pas en porte-à-faux avec le parti car il parlait pour les gens qui n’ont pas la parole et que cela n’était pas déterminé par la race.
Lors de sa tirade de fin, il déclara ne pas être révolutionnaire comme Sanders et qu’il convenait de tenir compte du Congrès. Il souligna également sa capacité à prendre des décisions impopulaires et trouver des solutions. « Je sais diriger, je l’ai fait au Vietnam ».
Lincoln Chafee
Né à Providence en 1953 (62 ans en 2015), Lincoln Chafee a été sénateur de Rhode Island de 1999 à 2007, puis gouverneur de ce même État de 2011 à 2015. Républicain de 1999 à 2007, il a ensuite été indépendant de 2007 à 2013 avant de passer démocrate en 2013. Comme Webb (et, dans une moindre mesure, O’Malley) très en retrait par rapport aux deux poids lourds que constituèrent Hillary Clinton et Bernie Sanders, Chafee ne vit jamais les sondages l’emmener plus haut que 1% ou 2%, et il se retira après le premier débat démocrate.
Au cours du seul débat auquel il participa, il tenta de mordre Clinton en déclarant que son vote en faveur de l’Irak devait la disqualifier de la course à la Maison Blanche et qu’il mettait en cause sa capacité de jugement. Il la blâma également pour ses emails en déclarant que cette abîmait la crédibilité du pays.
Interrogé sur son parcours politique (républicain, indépendant et enfin démocrate), il déclara : « C’est le parti [républicain] qui m’a quitté, pas moi ». Il coula en revanche à-pic lorsque, interrogé sur sa versatilité à propos de Wall Street (il critiquait la position de Clinton vis-à-vis de Wall Street mais a lui-même voté en 1999 l’abrogation de Glass-Steagall), il bafouilla qu’il venait alors d’arriver au Sénat, que son père venait de mourir et qu’il ne savait pas trop ce qu’il votait, n’ayant été jusque-là que simple maire de sa ville.
Pour sa tirade de fin, il rappela que son long parcours politique (maire, sénateur, gouverneur) n’avait jamais été émaillé d’aucun scandale, preuve selon lui de son sens de l’éthique, et déclara ne pas avoir voté en faveur de la guerre en Iraq parce qu’il n’était pas convaincu par les arguments avancés et qu’il avait fait son travail.
Les candidats qui n’apparurent jamais dans les sondages ni ne participèrent aux débats
Parmi ceux-ci, citons : Jeff Boss (né à New York en 1963, 52 ans en 2015), un théoricien du complot soutenant que la NSA est responsable du 11 septembre et qui fut déjà candidat à la présidence en 2008 et 2012 ; Harry Braun (né à Compton en Californie en 1948, 67 ans en 2015), un consultant en énergie candidat indépendant à la présidence en 2004 et 2012 ; Robby Wells (né à Bartow en Géorgie en 1968, 47 ans en 2015), ancien joueur et entraîneur de football américain qui tenta d’être candidat à la présidentielle en 2012 sous l’égide du Constitution Party ; Willie Wilson (né à Midkiff en Virginie occidentale en 1948, 67 ans en 2015), un businessman de Chicago actif dans l’équipement médical et qui géra plusieurs McDonald’s ; et enfin Lawrence Lessig (né à Rapid City dans le Dakota du Sud en 1961, 54 ans en 2015), professeur de droit à Harvard et le seul parmi eux dont la campagne reçut un peu d’attention du fait de sa volonté de réformer le système électoral (financement et découpage des circonscriptions), annonçant d’emblée que, s’il était élu, il n’accomplirait pas un mandat plein mais céderait la place à son vice-président sitôt mise en place la réforme du système électoral qu’il préconise. Ses intentions ne furent pas suffisantes pour voir ses intentions de vote décoller et lui permettre d’être convié aux débats télévisés, et, le deux novembre, il annonça renoncer à sa candidature.
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