1. Introduction (15 septembre 2015)
2. Son avant-primaires (du 1er août 2015 au 31 janvier 2016)
3. Ses primaires (du 1er février au 31 juillet 2016)
4. Ses prestations lors des débats
1. Introduction (15 septembre 2015)
Né à Calgary (Alberta, Canada) en 1970 (44 ans en 2015), Ted Cruz est sénateur du Texas depuis 2013. Conseiller de George W. Bush pour la politique intérieure lors de la campagne de 2000, il est juriste de formation et a plaidé neuf cas devant la Cour suprême en tant que « solicitor general » du Texas. Profondément religieux, il est bien introduit chez les évangélistes.
Techniquement parlant, Cruz n’est pas un « outsider » politique. Difficile en effet de qualifier de « hors système » quelqu’un qui siège au Sénat depuis trois ans en tant qu’élu du Texas. Pourtant, il est bel et bien un cas particulier dans le paysage républicain. Porté par la vague Tea Party, ce jeune (44 ans) avocat aux dents longues et acérées se fait vite remarquer par son intransigeance et son refus de tout compromis avec les démocrates. Ces caractéristiques sont parfaitement illustrées par le coup d’éclat auquel il doit une bonne partie de sa notoriété, une tentative de « flibuste » au Sénat en 2013, lorsqu’il monopolise la parole pendant 21 heures afin de provoquer le blocage de l’Obamacare vis-à-vis duquel il se montre particulièrement critique. Cette manœuvre (et d’autres) contribue pour beaucoup au shutdown qui s’en suit et le fâche avec beaucoup, y compris au sein du parti républicain, où ses méthodes agressives sont peu appréciées de la part de l’establishment, avec lequel il entretient des relations glaciales
De cela, l’homme n’a que faire, être populaire n’est pas sa préoccupation première, comme il le revendiqua lors d’un débat en déclarant « ne pas forcément être la personne avec qui vous aurez envie d’aller boire une bière, mais celle dont vous voudrez qu’elle soit chargée de vous ramener chez vous ». Bref, un candidat s’affichant comme responsable, pas là pour la gaudriole (bien qu’il ne soit pas dénué d’un certain humour), mais avant tout pour défendre la Constitution et protéger le pays.
2. Son avant-primaires (du 1er août 2015 au 31 janvier 2016)
Si ses postures martiales ne lui rapportent d’abord qu’un cinquième rang dans les sondages, la donne change avec les attentats terroristes d’automne (Paris et San Bernardino), lorsque la dimension « commandant-en-chef » devient brûlante. Cette inflexion dans la campagne est capitale pour Cruz car elle lui permet d’inverser la vapeur par rapport à deux candidats aux bases électorales proches des siennes : le prudent et posé Ben Carson, comme lui très implanté dans les milieux religieux (le père de Cruz est pasteur évangélique), et le sénateur Marco Rubio, comme lui d’origine cubaine et susceptible de capter une partie du vote hispanophone. Pour Carson, qui talonnait alors Donald Trump dans les sondages, la chute est brutale, plus de la moitié de ses intentions de vote l’ayant depuis délaissé qui pour Trump, qui pour Cruz. Pour Rubio, l’histoire est différente. Situés au même niveau de sondages à la mi-novembre, Cruz et lui ne se ménagent guère lors des débats qui suivent, et si Cruz creuse l’écart au fil des semaines, le fait est que Rubio ne s’effondre pas et reste en embuscade. De son côté, Trump se contente d’observer sans intervenir, comme si un pacte de non-agression a été convenu avec Cruz, les deux candidats se ménageant ostensiblement lors des joutes télévisées de fin d’année, avant que Trump ne rompe le cessez-le-feu en janvier en mettant en doute l’éligibilité de celui qui est devenu son principal rival (un candidat à la présidence doit être né Américain, or Cruz est né au Canada d’un père cubain et d’une mère américaine, une situation suffisamment complexe que pour soulever quelques interrogations).
Cruz peut-il barrer la route à Trump ? Au moment où démarrent les scrutins, la question est ouvertement posée. Une autre l’est aussi : est-il si différent de lui ? Moins véhément vis-à-vis des musulmans, il n’en est pas moins sur une ligne dure en matière d’immigration, s’affiche profondément belliciste (il a déclaré vouloir écraser Raqqa – le fief principal de Daech en Syrie – « sous un tapis de bombes », atténuant ensuite ses propos lorsqu’un journaliste lui fit remarquer qu’y habitaient aussi des civils innocents), est un défenseur radical du droit au port d’armes et, à la différence de Trump, il a toujours été farouchement opposé à l’avortement et au mariage gay. Bref, un candidat très conservateur, peu apprécié au sein du GOP, et dont les intentions de vote combinées à celles de Trump soulignent à l’envi la profonde radicalisation de la base du parti.
3. Ses primaires (du 1er février au 31 juillet 2016)
Double sensation au coup d’envoi dans l’Iowa. D’abord la participation, en forte hausse (180 000 votants contre 120 000 en 2008 et 2012). Ensuite, le verdict : Cruz brûle la politesse à Donald Trump et s’impose dans le caucus ouvrant le bal des primaires. Et si sa victoire est certes contestée (cf. l’affaire Carson), il n’en a pas moins confirmé avoir de vraies chances de gagner.
La suite est plus délicate, Trump raflant sans problème les trois autres scrutins de février et remportant sept votes sur onze lors du Super Tuesday. Lui échappe toutefois l’État offrant ce jour-là le plus de candidats, le Texas, le propre fief de Cruz qui s’y est imposé, de sorte que, au terme de la journée, le scénario d’une convention négociée semble plus que jamais d’actualité.
Pour parvenir à cette situation, les anti-Trump doivent gagner la plupart des États en jeu avant le second Super Tuesday qui se tiendra le 15 mars, et surtout, surtout, ce jour-là, empêcher le milliardaire de s’imposer en Ohio et en Floride, les fiefs de John Kasich et Marco Rubio.
La première partie du contrat est remplie, par Cruz en particulier, qui remporte cinq des huit scrutins fermés (un format dans lequel il excelle) se tenant avec le 15 mars. La seconde partie l’est aussi, avec la victoire de Kasich chez lui. La troisième en revanche … Malgré les efforts énergiques (et parfois carrément agressifs) de Rubio (surtout) et Cruz pour le déstabiliser dans les débats, Trump n’a pas vacillé et remporte haut la main la primaire de Floride, ajoutant au passage à son tableau de chasse le Missouri (pour … 0,2% de plus que Cruz), l’Illinois et la Caroline du Nord. Les anti-Trump payent le prix de leurs divisions, aucun d’entre eux n’a voulu s’effacer au profit d’un autre, ni même simplement donner un coup de pouce ponctuel, chacun jouant à fond sa carte personnelle, espérant être celui que les circonstances mèneront à l’investiture. Il faut dire aussi que les intéressés ne se sont guère épargnés depuis le début des primaires, Cruz et Rubio en particulier. Grande est l’animosité entre ces deux sénateurs aux profils proches, visant la même place de principal outsider, et que de nombreuses algarades ont opposé tout au long des débats. Bref, les anti-Trump ont agi en ordre dispersé et offert à leur rival une voie royale.
Pourtant, en dépit de ces succès, la perspective d’une convention négociée n’est pas écartée, d’autant plus que, dans le mois qui suit, Cruz effectue un quasi-carton plein. L’Utah, le Dakota du Nord, le Wisconsin et le Colorado sont pour lui, Donald Trump ne gagnant que l’Arizona. Une fois encore, Cruz a tiré profit de la formule des caucus fermés, maîtrisant à la perfection leurs subtilités ainsi que le processus de sélections des délégués, quitte à recourir à des méthodes peu reluisantes pour arriver à ses fins. Furieux, Trump enrage, parle « d’un système truqué, d’une escroquerie », prédit des émeutes si le candidat premier au nombre de délégués n’est pas investi, et menace de quitter le parti pour concourir en tant qu’indépendant. Il n’en aura pas besoin. Les élections de New York et des États de l’Acela le mettent pour de bon sur le chemin du succès et, après une nouvelle défaite dans l’Indiana, Cruz se rend à l’évidence et suspend sa campagne, John Kasich l’imitant peu après.
Cruz n’en a pourtant pas fini avec les primaires, il se réserve un ultime coup d’éclat, qui se produit à la convention de Cleveland. Déjà le premier jour, des anti-Trump (parmi lesquels des partisans de Cruz) réclament que les délégués ne soient pas tenus de voter d’après le résultat des primaires, mais puissent le faire « selon leur conscience ». Après un moment de flottement, la demande est rejetée. Mais les opposants du magnat de l’immobilier n’ont pas dit leur dernier mot. Deux jours plus tard, c’est au tour de Ted Cruz de prononcer un discours, et, s’il ouvre celui-ci par un mot de félicitation pour le vainqueur, ce sera la seule fois en vingt minutes qu’il prononcera son nom, concluant son speech sous les huées en appelant les électeurs à « se lever et parler et voter selon [leur] conscience, et à voter pour les candidats en qui [ils ont] confiance pour défendre [leur] liberté et être fidèle à la Constitution ».
Finalement, un mois et demi plus tard (mi-septembre), Cruz apporte officiellement son soutien à Trump, sans que l’information ne fasse grand bruit.
4. Le résumé de ses débats
1er débat (août 2015, Cleveland, Ohio) : comme quasi tous les autres candidats, Ted Cruz a dû se contenter d’un rôle de faire-valoir par rapport à Donald Trump, la seule et unique attraction de la soirée.
Interrogé sur ses propos envers Mitch McConnell (qu’il a qualifié de menteur), Cruz répondit que les électeurs veulent quelqu’un qui dise la vérité et s’en est pris à ceux qui, une fois élus, s’acoquinent avec les lobbyistes et oublient leurs promesses. Sur l’immigration, il se déclara profondément anti-amnistie. Sur Daech : « il faut dire la vérité, il s’agit de terrorisme islamique ». Pour le reste, il a été (comme tous les autres candidats) en retrait par rapport à Trump.
Le résumé complet du 1er débat républicain
2e débat (septembre, Bibliothèque Ronald Reagan, Californie) : la gagnante de la soirée est Carly Fiorina. Invitée au débat prime-time après sa prestation remarquée lors de celui des seconds couteaux à Cleveland il y a un mois, l’ex-dirigeante d’HP est sortie du lot grâce à ses qualités oratoires, ses réponses argumentées et sa façon de gérer les escarmouches qui l’ont opposées à Donald Trump. Soumis à de nombreuses tentatives de déstabilisation de la part de ses rivaux, ce dernier s’en est sorti de manière mitigée, notamment lors d’un échange avec Fiorina relatif à des propos machistes qu’il avait tenus à propos de son visage.
Quant à Ted Cruz, il était là, a parlé, souvent, et pris des poses martiales pour montrer qu’avec lui, on ne rigole pas. Pourtant, dans l’ensemble, on ne peut pas dire qu’il ait véritablement marquer les esprits. Ses sorties ont principalement concerné son engagement anti-avortement (il déclare juger horrible que les contribuables soient ponctionnés de $500m pour financer une « entreprise criminelle »), l’Obamacare qu’il entend supprimer, et l’Iran dont il affirme qu’il n’aura jamais l’arme nucléaire, et au sujet duquel il déclare : « Si vous votez pour Hillary, vous votez pour que Khamenei ait la bombe nucléaire ».
Le résumé complet du 2e débat républicain
3e débat (octobre, Boulder, Colorado) : alors que Ben Carson talonne désormais Donald Trump dans les sondages et que les autres prétendants à l’investiture pointent sous les 10% d’intentions de vote, le débat est marqué par la fronde commune des candidats envers les journalistes de CNBC qui animaient le débat.
A la pointe de ce combat : Ted Cruz. Toujours aussi martial et matamore, il a été meilleur que lors du débat précédent, imposant sa présence tel un tribun aux opinions tranchées et assumées, et revendiquant son statut de battant qui ne lâche rien, quitte à mettre à mal sa popularité (« je ne suis pas le gars avec qui vous irez boire une bière, mais je vous ramènerai sain et sauf à la maison »).
Ses autres interventions concernèrent la Fed dont il critique la politique monétaire, l’IRS qu’il a répété vouloir supprimer, et les problèmes rencontrés par les mères célibataires, se positionnant ainsi aux côtés de Carly Fiorina en champion de la cause des femmes dans le monde du travail. Concernant la sécurité sociale, il insista pour mettre en évidence le danger guettant la jeune génération qui n’a aucune certitude quant au service de sa future retraite. Il assura également que l’accord pour éviter le shutdown était un exemple de ce qui n’allait pas dans ce pays, avec des politiciens qui acceptent de laisser filer la dette, et se positionna comme le seul à véritablement combattre Washington.
Le résumé complet du 3e débat républicain
4e débat (novembre, Milwaukee, Wisconsin) : peu d’originalité dans ce débat pour ce qui est des sujets abordés et des tirades prononcées, beaucoup de propos et positionnements ayant déjà été entendus lors des soirées précédentes, parfois (quasi) au mot près. Bref, un débat un peu pour rien, sans vainqueur ni perdant, ni moment vraiment fort, le seul à ressortir un peu du lot étant Rand Paul grâce à une vision très différente de celles de ses rivaux en matière de politique étrangère.
Après les mencheviks et les bolcheviks lors du dernier débat, Cruz a lâché une autre référence historique peu commune en évoquant le président Coolidge (il ajouta dans la foulée les noms de Reagan et JFK pour être certain que tout le monde comprenne à quel type de président il faisait allusion).
Plutôt bon dans ses interventions, il continue d’évoluer toujours dans le registre d’irritation/colère contenue et tient des propos remarqués sur le soutien nécessaire aux PME et sur la question de l’immigration. Sa tirade sur le rejet de tout sauvetage des banques en cas de nouvelle crise commença de manière enflammée, mais le présentateur le calma en lui demandant ce qu’il ferait alors en faveur des épargnants ruinés, ce à quoi, sans se départir de son assurance, Cruz répondit en invoquant la Fed d’une manière peu claire et peu convaincante.
Sur l’immigration, il jugea que résumer le débat à « les démocrates sont pour l’amnistie et nous pour l’expulsion » revenait à donner la victoire aux démocrates. Il ajouta que les points de vue (y compris médiatiques) seraient différents si les illégaux traversant la frontière étaient des banquiers ou des journalistes tirant les salaires de la profession vers le bas, ajoutant que faire appliquer la loi ne signifiait pas être anti-immigrant, puis rappelant son passé et ce qui se passe dans d’autres pays.
Le résumé complet du 4e débat républicain
5e débat (décembre, Las Vegas, Nevada) : le contexte est favorable à Cruz qui a bondi dans les sondages depuis que la question du commandant-en-chef est devenue brûlante après les attentats de Paris et de San Bernardino. Son discours martial (qui rappelle parfois Poutine parlant de traquer les terroristes tchétchènes jusque « dans les chiottes »), musclé (il veut lâcher un « tapis de bombe » sur l’État islamique) et populiste est porteur, d’autant plus qu’il est totalement naturel. Il est aussi clair en apparence, mais ses propositions pratiques semblent parfois confuses. En attendant, Cruz surfe sur la vague des événements et donne l’impression de bien gérer son rival actuel le plus important, non pas Donald Trump mais Marco Rubio, avec qui il eut plusieurs prises à partie. Il évita en revanche soigneusement d’entrer en opposition avec Trump, lequel lui rendit la pareil, notamment lorsqu’il fut questionné sur la contradiction entre deux de ses déclarations (« Cruz n’est pas qualifié pour être président parce qu’il n’a pas le bon tempérament et a agi comme un possédé quand il est arrivé au Sénat », puis, plus récemment, « Je suis ouvert à avoir Cruz comme colistier »), le milliardaire répondant qu’il avait appris à mieux connaître Cruz ces derniers temps et que celui-ci avait un formidable tempérament.
Le récapitulatif des prises à partie entre Cruz et Rubio ainsi que les autres déclarations importantes du sénateur du Texas sont disponibles dans le résumé complet du 5e débat républicain
6e débat (janvier, North Charleston, Caroline du Sud) : alors que le début des primaires approche à grands pas, Donald Trump et Cruz ont mis un terme à leur pacte de non-agression tacite et commencent à se critiquer de plus en plus directement. Trump a ainsi insinué que Cruz pourrait ne pas être éligible vu qu’il est né hors des Etats-Unis (au Canada) avant de l’attaquer sur son refus de renouveler les subsides fédéraux pour l’éthanol. En réaction, le sénateur du Texas a contre-attaqué en visant les « valeurs new-yorkaises » qui lieraient Trump à Hillary Clinton et aux démocrates, ainsi qu’en mettant en doute son aptitude à être « commandant-en-chef » suite à des imprécisions du milliardaire en matière nucléaire.
Ces sujets sont évidemment revenus sur la table lors d’un débat au cours duquel Cruz dut ferrailler tant contre Trump que contre Marco Rubio, notamment pour ce dernier au sujet de l’immigration.
Le récapitulatif des prises à partie entre Cruz, Trump et Rubio est disponible dans le résumé complet du 6e débat républicain.
7e débat (janvier, Des Moines, Iowa) : dans un débat marqué par l’absence de Donald Trump, la dynamique des échanges a changé, avec une attention portée surtout sur Ted Cruz, lequel, mi-sérieux, mi-blagueur, a fini par s’en offusquer en reprochant aux modérateurs des questions invitant ses concurrents à l’attaquer, puis en menaçant de quitter la scène (référence à une sortie similaire de Trump il y a quelques semaines).
Parmi ceux qui ont ciblé le sénateur du Texas, il y eut :
- Rand Paul, qui, suite à une question sur son père (dont Cruz se réclame l’héritier intellectuel), l’attaqua sur un vote « audit-the-Fed » défendu par Ron Paul (père de) mais que Cruz fut apparemment le seul républicain à ne pas voter car il était absent. Il l’attaqua ensuite sur ses positions en faveur d’une NSA plus intrusive
- Marco Rubio, lequel lui reprocha une nouvelle fois des votes en faveur de réductions des dépenses militaires et batailla avec lui sur la question de l’immigration
- en partie Chris Christie, qui éluda d’abord une question sur le manque d’expérience présumé de Cruz et Rubio, mais qui, après la longue discussion sur l’immigration entre ces mêmes Cruz et Rubio, intervint pour expliquer : « voilà pourquoi il faut envoyer à la Maison Blanche quelqu’un d’extérieur à Washington (…) quelqu’un qui ne se cachera pas derrière des ruses de parlementaires. »
- un journaliste qui l’interrogea sur l’absence d’appuis de tout sénateur républicain à son égard.
Le résumé complet du 7e débat républicain
8e débat (février, Goffstown, New Hampshire) : après la primaire de l’Iowa où Cruz a créé la sensation en battant Donald Trump, le sénateur du Texas a passé une soirée tranquille, principalement marquée par la défaillance de Marco Rubio face à Chris Christie.
De son côté, Cruz a d’emblée affiché sa volonté de ne pas polémiquer avec Trump en refusant de revenir sur des propos où il mettait en question son tempérament à être commandant-en-chef (« je laisse les électeurs en juger »). Seule anicroche à leur cessez-le-feu : un coup en douce de Trump lors des déclarations de clôture (il était le dernier à parler) disant que Cruz avait gagné en Iowa en prenant les votes de Carson. Sur ce sujet, Cruz a expliqué les raisons du dérapage (blâmant CNN) et présenté ses excuses à Ben Carson, lequel a dit que de telles méthodes étaient symptomatiques de l’éthique à Washington.
Le résumé complet du 8e débat républicain
9e débat (février, Greenville, Caroline du Sud) : ça a castagné sec, avec pas moins de sept prises à partie entre candidats. Parmi celles-ci, une opposa Marco Rubio à Cruz, à nouveau sur l’immigration. Cruz commença par rappeler qu’il s’était opposé au plan d’amnistie Rubio-Schumer et qu’il avait empêché son vote. Rubio contre-attaqua en accusant Cruz d’avoir dit tout et son contraire concernant l’amnistie et d’être un menteur. Cruz rétorqua alors que « Marco » voulait la citoyenneté pour 12 millions d’illégaux et qu’il avait déclaré en espagnol sur Univision qu’il n’annulerait pas l’amnistie imposée par Barack Obama s’il était élu, ce à quoi Rubio réagit en déclarant que … Cruz ne parlait pas espagnol, s’attirant aussitôt les foudres de son rival qui lui lâcha quelques mots dans ce langage ! Rubio en remit une couche en parlant des mensonges racontés par Cruz depuis plusieurs semaines (sur Ben Carson en Iowa, sur le Planned Parenthood …)
L’autre combat livré par Cruz le fut avec Donald Trump, celui-ci reprochant au sénateur de Texas de mentir lorsqu’il attaquait son degré de conservatisme. Le milliardaire fut particulièrement violent, parlant de « single biggest liar » et de « nasty guy ». Cruz rétorqua que Trump ne répondait pas sur la question posée.
Le résumé du 9e débat républicain
10e débat (février, Houston, Texas) : dernière possibilité pour Cruz et Rubio de déstabiliser Donald Trump et le conduire à la faute avant le Super Tuesday. La bagarre est montée d’un cran, voire de plusieurs, et d’emblée, quitte à tourner à la cacophonie. Mis sous pression comme jamais au cours d’un débat, le milliardaire a parfois eu l’air agacé et irrité mais est resté maitre de ses nerfs et a répliqué sans déraper ni connaître de mauvaises passes. Bref, pas de défaillance de sa part, ni de brèche véritable dans laquelle ses adversaires auraient pu s’engouffrer.
Les prises à partie les plus nombreuses ont opposé Marco Rubio et Donald Trump, mais Cruz n’a pas été en reste non plus vis-à-vis du milliardaire, notamment sur l’immigration (accusant Trump d’être en faveur de l’amnistie), la nomination d’un remplaçant au juge Scalia (il craint que Trump ne favorise un juge libéral), sur sa capacité à vaincre Hillary Clinton ou encore les donations passées du milliardaire aux démocrates. Trump réagira par moments de manière virulent, se moquant notamment de ses résultats électoraux et sondages, et le traitant de « basket case » (un cinglé, un dingue), non sans avoir plus tôt dans le débat rappelé les coups tordus du sénateur du Texas depuis le début des primaires.
Le récapitulatif de ces échanges est disponible dans le résumé complet du 10e débat.
11e débat (mars, Detroit, Michigan) : après un Super Tuesday où Donald Trump a creusé l’écart sans toutefois marqué un coup décisif (notamment du fait de la victoire de Cruz au Texas et dans deux autres États), le débat reprend la même configuration que le précédent, avec un Trump harcelé par Cruz, Marco Rubio et les journalistes, tandis que John Kasich fait bande à part en refusant toute attaque ad hominem et se pose en « adulte » qui refuse les insultes et est doté de l’expérience nécessaire pour mener le pays.
Le début des échanges vole bas, avec une algarade Trump-Rubio surréaliste. La suite du débat reste tendue et épouse en fait la même veine que le précédent, avec Trump harcelé quasi en permanence par Cruz et Rubio, les deux sénateurs insistant notamment à plusieurs reprises pour que le milliardaire autorise le New York Times à publier un entretien off dans lesquels il aurait déclaré ne pas penser tout ce qu’il disait en matière d’immigration. Trump refuse, prétextant le respect du off.
Dans un autre registre, Cruz a déclaré que, vu les votes, deux tiers du parti ne voulait pas de Trump comme candidat. Celui-ci rétorqua que, avec un tel raisonnement, 80% du parti ne voulait pas de Cruz, puis mit ensuite en avant un sondage CNN le donnant à 49% chez les républicains. Cruz répliqua que ce même sondage CNN le donnait battu contre Hillary Clinton, au contraire des autres candidats du GOP. Cruz relança aussi ses critiques sur le manque de conservatisme de Trump, ainsi que sur le soutien qu’il a par le passé apporté à nombre démocrates.
Le récapitulatif des échanges est disponible dans le résumé complet du 11e débat.
12e débat (mars, Miami, Floride) : se déroulant à la veille du deuxième Super Tuesday des primaires, au cours duquel seront en jeu des États aussi importants que la Floride et l’Ohio, le douzième débat a été beaucoup plus calme et policé que les deux précédents. Marco Rubio en particulier a cessé de s’en prendre frontalement à Donald Trump, ses tentatives passées n’ayant il est vrai guère été teintées de succès vu les faibles scores que le sénateur de Floride a enregistré ces derniers jours. Le sentiment d’accalmie était palpable chez tous les participants : Trump n’a manié ni l’insulte ni le dénigrement humiliant, et Cruz (comme Rubio) a lancé des attaques franches mais pas agressives verbalement.
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