17 novembre 2016 – Qui pour affronter pour Marine Le Pen au second tour de la présidentielle ? C’est ainsi que peut être résumée la situation à cinq mois du scrutin.
Depuis de nombreux mois en effet, la qualification de la présidente du FN pour second tour est donnée pour acquise, les sondages la plaçant aux alentours de 25-30% quels que soient les candidats à lui être opposés. Sa victoire finale en revanche demeure perçue comme peu probable, l’avis général étant que la personne qui s’extraira avec elle du scrutin du 23 avril l’emportera quinze jours plus tard (bien que les exemples récents du Brexit et des élections américaines tendent à fragiliser ce genre de certitudes).
Qui sera cette personne ? Au vu du déroulé du quinquennat de François Hollande, c’est le scénario de l’alternance qui tient la corde, en particulier si la primaire de la droite accouche du vainqueur attendu, à savoir Alain Juppé, en tête des intentions de vote depuis près d’un an. Face à lui, son principal adversaire s’est longtemps résumé à l’ex-président Nicolas Sarkozy. Les dernières semaines de campagne ont cependant vu bondir la cote de l’ancien Premier Ministre François Fillon, lequel pourrait bien perturber le duel annoncé, voire créer la surprise. A contrario, Bruno Le Maire, un temps présenté comme le troisième homme de la primaire, est nettement rentré dans le rang et pourrait même ne pas finir quatrième. Quant aux trois autres participants (Nathalie Kosciusko-Morizet, Jean-François Copé et Jean-Frédéric Poisson), il est acquis qu’ils ne jouent pas pour la gagne et finiront avec des scores assez bas.
Juppé, Fillon ou Sarkozy ? Si le premier s’impose, il sera de facto le grand favori de la présidentielle, la déliquescence profonde du parti socialiste ouvrant un boulevard à la droite, pour autant bien entendu que le cordon sanitaire républicain vis-à-vis du FN demeure ce qu’il a été jusqu’à présent. Dans l’hypothèse où Fillon ou Sarkozy devaient émerger, eux aussi devraient disposer d’un avantage probable pour la victoire finale, mais avec une marge moindre que Juppé, en particulier dans le chef de l’ex-président de la République, celui-ci demeurant particulièrement clivant au sein de la population et offrant davantage de possibilités de succès à un outsider du centre ou de gauche.
La gauche justement … C’est peu dire que la présidence de François Hollande l’a balkanisée. Les relations entre socialistes, écologistes et mélenchonistes sont glaciales, et le PS lui-même est fracturé entre au moins quatre tendances :
- les fidèles de moins en moins nombreux du président
- les frondeurs révoltés par ses choix en matière de politique économique
- le départ d’Emmanuel Macron qui, après avoir lancé le mouvement En Marche ! en avril 2016, a annoncé mercredi 16 novembre sa candidature pour le premier tour sans passer par la case primaire
- les autres socialistes qui ne savent plus à quel saint se vouer.
Conséquence de cet éclatement : nul ne sait à l’heure actuelle qui représentera le parti à la présidentielle. Le chef de l’État aurait dû en toute logique être celui-là, mais son impopularité historique remet en question la légitimité de sa candidature, d’autant plus que nombre sondages le renseignent même … quatrième, voire cinquième du premier tour.
Alors, ira, ira pas ? Pour l’heure, le Président réserve sa réponse. S’il y va, il devra d’abord passer par la primaire de la Belle Alliance populaire qui aura lieu en janvier et à laquelle se sont déjà déclarés Arnaud Montebourg et Benoît Hamon, tous deux bien à gauche sur l’échiquier. S’il n’y va pas, son Premier Ministre Emmanuel Valls (davantage centriste) devrait se lancer.
Quid côté centriste ? Pour l’heure rallié à Alain Juppé, François Bayrou pourrait repartir pour un tour si le maire de Bordeaux ne remportait pas la primaire de la droite. Ses chances de succès s’annoncent cependant ténues. Plus porteuse en revanche pourrait être la candidature évoquée ci-avant d’Emmanuel Macron, dont le positionnement ni gauche ni droite suscite l’intérêt, mais dont il est difficile de déterminer à cet instant s’il peut aller au-delà du phénomène médiatique et se concrétiser en véritable mouvement de fond.
Bref, les incertitudes demeurent nombreuses et il faudra attendre le verdict des primaires pour avoir une meilleure appréciation des forces en présence, notamment sur le rôle que, selon les configurations, pourrait jouer Jean-Luc Mélenchon, celui-ci entendant bien accélérer la dynamique qui l’avait porté en quatrième position en 2012. Quant aux Verts (qui devraient faire de la figuration), leur primaire a déjà eu lieu et vu l’élimination-surprise de Cécile Duflot et la victoire de Yannick Jadot. Enfin, à l’extrême-gauche, Philippe Poutou (NPA) et Nathalie Arthaud (LO) repartent pour un tour, de même que, du côté de la droite souverainiste, Nicolas Dupont-Aignan (DLF).
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