Introduction (1er février)
Né dans le Finistère en 1967 (50 ans en 2017), Benoît Hamon remporte la primaire de la gauche le 29 janvier 2017 et devient le candidat socialiste à la présidentielle. Avec un programme orienté bien à gauche et se distinguant notamment par sa proposition d’instaurer un revenu universel ainsi que par l’accent mis sur la transition écologique, il s’est nettement imposé face à l’ex-Premier ministre Manuel Valls, dont la ligne gouvernementale davantage centriste a été désavouée. Outre Valls, Benoît Hamon a également devancé Arnaud Montebourg, au profil plus proche du sien (les deux hommes ont quitté au même moment le gouvernement Valls en 2014 suite à une énième manifestation de défiance vis-à-vis de la politique menée pendant le quinquennat de François Hollande).
Fort de sa victoire-surprise à la primaire (personne ou presque ne le donnait gagnant trois mois auparavant), Hamon peut-il viser plus haut ? Le fait est que les augures lui sont peu favorables, le PS payant au prix fort l’impopularité du président sortant et de ses gouvernements, ce qui explique entre autres pourquoi l’aile frondeuse du parti s’est imposée face à l’aile gouvernementale. Actuellement pointé quatrième ou cinquième du premier tour suivant les sondages, Hamon n’a en fait qu’une voie très étroite pour espérer l’emporter : unifier non seulement le PS, mais aussi toute la gauche. Un défi qui s’apparente à une mission impossible au vu des déchirements internes et externes qui ont agité et agitent encore ces familles politiques. Hamon peut-il réussir ce travail d’Hercule consistant à empêcher un exode des socialistes réformistes vers Macron ET rassembler autour de lui l’écologiste Jadot et l’insoumis Mélenchon ? Tel sera un enjeu des prochaines semaines. Quid si une telle union devait ne pas se faire ? Dans ce cas, l’objectif pour Hamon deviendrait vraisemblablement 1°) de devancer le plus possible Mélenchon pour lui imputer la défaite de la gauche, et 2°) réussir à prendre le contrôle du parti et en devenir premier secrétaire à plus ou moins brève échéance.
Sur son passé : Benoît Hamon a été président des Jeunes socialistes de 1993 à 1995 et député européen de 2004 à 2009. Porte-parole du PS de 2008 à 2012, il est élu aux législatives de 2012 en tant que député des Yvelines et devient ministre délégué à l’Économie sociale et solidaire, puis ministre de l’Éducation nationale. De plus en plus ouvertement opposé à la politique suivie par François Hollande et Manuel Valls, il est contraint de quitter le gouvernement en août 2014 en même temps qu’Arnaud Montebourg et Aurélie Filippetti. Au cours des deux années qui suivent, il critique régulièrement l’action du Premier ministre et, avec les « frondeurs », s’oppose au projet de loi Macron et à l’inscription dans la Constitution de la déchéance de nationalité pour les binationaux.
Jeune (mais moins que Macron) et faisant jeune, Benoît Hamon a pu être sous-estimé par ses adversaires, d’autant qu’il n’a pas le style tribun et éloquent que peuvent avoir Mélenchon, Montebourg et Valls. Sa victoire inattendue n’est toutefois pas pour déplaire à l’ex-première secrétaire du parti Martine Aubry, avec qui il a travaillé et qu’il a soutenu à la primaire (perdue) de 2011, celle-ci lui offrant quant à elle son soutien peu avant le second tour 2017 face à Valls.
Semaine du 23 au 29 janvier
Faits saillants de la campagne : le Penelopegate éclate. Le résumé complet de la semaine
Faits saillants concernant le candidat : il remporte la primaire de la gauche (cf. le résumé du scrutin).
Semaine du 30 janvier au 5 février
Faits saillants de la campagne : le Penelopegate s’envenime et Macron, Mélenchon et Le Pen tiennent meetings à Lyon. Le résumé complet de la semaine
Faits saillants concernant le candidat : Benoît Hamon a commencé un travail que même Héraclès aurait refusé : unifier la gauche. Hors PS, cela se traduit par des appels envers Yannick Jadot (EELV) et Jean-Luc Mélenchon pour se rencontrer et construire une majorité gouvernementale. La proposition est plutôt accueillie positivement par Yannick Jadot qui aurait des difficultés pour recueillir des fonds et des parrainages, et serait en outre poussé par des écolos style Cécile Duflot intéressés par un accord en vue des législatives. Condition sine qua non brandie pour Jadot : « s’émanciper d’un PS qui n’a jamais fait sa conversion écologique » et refuser tout compromis avec Valls.
Du côté de Jean-Luc Mélenchon, l’appel à une réunion des forces a d’abord été reçue avec fraîcheur, sans que cela soit une véritable surprise. Sa position s’arrondit toutefois au fil de la semaine, le leader de France insoumise se disant prêt à travailler avec Hamon à condition qu’il « fasse le ménage » et écarte franchement ceux qui ont activement contribué au quinquennat de François Hollande.
C’est cependant au sein du PS que la partie est pour l’instant la plus ardue pour la vainqueur de la primaire. Déjà plusieurs députés ou édiles (Alain Calmette, Marc Goua, Maurice Vincent, Jean-Louis Gagnaire, Mao Péninou) ont franchi le pas et rejoint Emmanuel Macron. D’autres sont près de le faire (Frédéric Cuvillier, Dominique Baert, Francis Chouat, François Loncle) ou ont annoncé qu’ils n’ont pas l’intention de voter Hamon (René Dosière). Une troisième fournée (une quinzaine de députés, emmené par Christophe Caresche et Gilles Savary) invoque un droit de retrait de la campagne. Enfin, il y a les ministres de l’actuel gouvernement, le Premier (Bernard Cazeneuve) en tête, qui a rencontré Hamon lundi 3 et lui a affirmé que la gauche ne réussira pas à gagner sans assumer le bilan du quinquennat. D’autres ministres (Marisol Touraine, Michel Sapin, Jean-Marie Le Guen) lui ont emboîté le pas, certains (Le Guen) laissant ouverte la possibilité de rejoindre Macron. Réaction des hamonistes : ceux qui agiront de la sorte ne recevront pas l’investiture du parti pour les législatives.
Quid de Valls ? Le candidat défait à la primaire s’est mis en retrait mais aurait apparemment demander à ses fidèles de ne pas faire de vagues et de demeurer pour l’instant au PS pour ne pas davantage le déstabiliser. Deux de ses lieutenants ont par ailleurs été dépêchés au meeting du dimanche 5 février à la Mutualité, où Benoît Hamon a été officiellement adoubé candidat de la Belle Alliance populaire. Parmi les absents (outre Valls) : Hollande, Cazeneuve et Aubry (cette dernière est en convalescence après une opération au dos). Parmi les présents : Peillon, Montebourg, Filippetti, Hidalgo et Taubira.
Semaine du 6 au 12 février
Faits saillants de la campagne : Marine Le Pen dope l’audience de France 2 et Fillon essaye de contre-attaquer. Le résumé complet de la semaine
Faits saillants concernant le candidat : du côté de Benoît Hamon, la pression se maintient pour éviter le ralliement de socialistes à Emmanuel Macron. Le premier secrétaire du parti Jean-Christophe Cambadélis a ainsi répété que les élus qui parraineraient le leader du mouvement En Marche ! seraient exclus du PS et donc privés de son investiture pour les législatives.
Plus tard dans la semaine, Benoît Hamon dévoile son équipe. Parmi celle-ci : Jean-Marc Germain, un proche de Martine Aubry, et Mathieu Hanotin (qui occupait déjà ce rôle lors de la primaire), qui codirigeront la campagne. Autre figure aubryste notable : François Lamy, en charge des gérer les relations avec les autres formations de gauche. Concernant ses porte-parole, il en aura sept, dont deux réputés proches de Hollande (Frédérique Espagnac et Sébastien Denaja), et deux de Montebourg (Aurélie Filippetti et Jérôme Guedj). Un vallsiste notable participera également à la fête en la personne de Luc Carvounas, qui sera en charge d’un conseil parlementaire. Hamon s’est également entouré de sept personnalités de la société civile pour le conseiller, dont Thomas Piketty.
Semaine du 13 au 19 février
Faits saillants de la campagne : Macron déclenche un tollé en associant colonisation et crime contre l’humanité. Le résumé complet de la semaine
Faits saillants concernant le candidat : du côté de Benoît Hamon et de Jean-Luc Mélenchon, la perspective d’un improbable rassemblement semble de plus en plus vouée à rester lettre morte. Lassé d’attendre que le socialiste le contacte, le leader de La France insoumise lui a communique jeudi 16 les garanties qu’il exigeait en vue d’établir une alliance. Parmi elles : le refus de tout accord avec Macron, y compris aux législatives, et la rupture assumée avec le quinquennat Hollande, notamment via la promesse de l’abolition de la loi El Khomri. S’en est suivi un bref entretien téléphonique entre les deux intéressés, un entretien dont peu a filtré, mais dont il semble toutefois qu’il ait été peu productif, Hamon (en déplacement au Portugal pour comprendre les ressorts de la gauche plurielle qui gouverne le pays) déclarant qu’il ne courrait pas après Mélenchon, ce dernier affirmant pour sa part qu’il n’avait pas l’intention de « s’accrocher à un corbillard ».
Les négociations semblent en revanche progresser entre socialistes et écolos, d’une part parce que les militants d’EELV ont voté à 89,7% en faveur d’une recherche de convergences avec Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon, et d’autre part parce que diverses indiscrétions confiées à la presse font état d’un accord imminent entre les Verts et le PS.
Sondages au 22 février
Le Penelopegate se répercute violemment sur François Fillon : il perd six points par rapport au sondage de janvier du Cevipof. Grand bénéficiaire : Emmanuel Macron, qui passe devant le candidat LR pour la deuxième place. Cette course à la deuxième place, Benoît Hamon peut-il s’y mêler ? Sa percée post-primaire au détriment de Jean-Luc Mélenchon peut le laisser penser, mais déjà d’autres sondages indiquent une difficulté à maintenir la cadence.
Semaine du 20 au 26 février
Faits saillants de la campagne : François Bayrou rejoint Emmanuel Macron, Yannick Jadot fait de même avec Benoît Hamon, François Fillon pare de quasi-guerre civile et une assistante de Marine Le Pen est mise en examen dans le cadre de l’affaire des assistants parlementaires européens. Le résumé complet de la semaine
Faits saillants concernant le candidat : Benoît Hamon et Yannick Jadot ont conclu cette semaine une alliance, le candidat écologiste se retirant officiellement de la présidentielle au profit du socialiste. Le ralliement a été annoncé par Jadot le jeudi 23 au journal de France 2 et approuvé dimanche à 79,5% par les militants d’EELV (9 433 votants, sur un total possible de 17 000). Parmi les points figurant à l’accord servant de base à cette union, citons : une VIe République ; la sortie du nucléaire d’ici 25 ans, avec objectif intermédiaire d’un mix énergétique à 50% d’ici 2025; l’opposition de la France aux accords TAFTA et CETA ; la reconnaissance de la Palestine ; un Small Business Act à hauteur de 50% des marchés publics pour les PME/TPE ; l’abandon du projet de Notre-Dame-des-Landes ; la sortie du diesel pour les véhicules légers en 2025 ; l’abrogation de la loi Travail ; etc.
Un accord électoral réservant aux écologistes une quarantaine de circonscriptions pour les législatives de juin 2017 a également été passé. D’après les rumeurs, celui-ci fait toutefois grincer des dents côté PS, d’une part à cause du cas « Cécile Duflot », dont la maire de Paris Anne Hidalgo ne voulait pas entendre parler mais qui aura finalement sa circonscription dans la capitale, et d’autre part à cause de la non-réciprocité de l’accord, celui-ci prévoyant qu’aucun candidat PS ne soit présenté dans les circonscriptions réservées à EELV, sans pour autant que l’inverse (des candidats EELV se présentant ailleurs contre des candidats PS) ne soit prévu.
Accord Hamon-Jadot donc, mais, en revanche, pas de fumée blanche avec Jean-Luc Mélenchon, Hamon déclarant dimanche soir sur TF1 que le leader de France insoumise lui avait confirmé vendredi au cours d’un dîner qu’il entendait être candidat. Les divergences entre les deux hommes (par exemple sur l’Europe, ou sur le travail) étaient trop grandes pour être surmontées, sans même parler des questions de personnes et des rapports conflictuels entre Mélenchon et nombre des dirigeants socialistes. Les deux candidats ont donc acté que leur rassemblement ne pouvait se faire et que chacun mènerait la course de son côté.
Semaine du 27 février au 5 mars
Faits saillants de la campagne : convoqué par la justice, Fillon joue son va-tout au Trocadéro. Elle aussi convoquée par un juge, Marine Le Pen refuse de donner suite. Macron dévoile enfin son programme. Le résumé complet de la semaine
Faits saillants concernant le candidat : au PS, la déchirure s’amplifie entre hamonistes et réformistes. En point de mire de ces derniers : l’accord conclu la semaine passée avec EELV, obtenu au prix de concessions qu’ils jugent exorbitantes en comparaison de l’apport électoral des écolos (les sondages créditaient Jadot de 1% à 2% au premier tour). Plus généralement, c’est la ligne globale de Benoît Hamon qui est encore visée. Ainsi, en début de semaine, le secrétaire d’Etat au développement Jean-Marie Le Guen a reproché au vainqueur de la primaire de tenir un « discours extrêmement radical » qui l’isole de sa famille politique, et qualifié sa position « d’impasse » ne pouvant mener à la victoire, ajoutant que, « dans l’état actuel des choses, moi et des dizaines d’autres parlementaires, nous ne pouvons pas [lui] donner notre parrainage ».
Plus tard, c’est Manuel Valls (lequel s’était tenu éloigné de la scène depuis sa défaite à la primaire) qui, lors d’une réunion avec des parlementaires, est sorti du bois en se déclarant inquiet suite à l’accord conclu avec EELV. Il a ensuite évoqué le spectre d’une « Marine Le Pen aux portes du pouvoir », ainsi que celui d’un second tour qui « désespéreraient » les électeurs de gauche s’il l’opposait à François Fillon, une remarque qui ne manqua pas d’être interprétée comme l’esquisse d’un appel au vote utile en faveur de … Macron.
Une troisième salve enfin a été tirée par le ministre de la ville Patrick Kanner : dans un entretien au JDD publié le 5 mars, celui-ci appelle Hamon à rassembler au plus vite les socialiste et n’exclut pas de voter pour le leader d’En Marche !
De son côté, Yannick Jadot intègre officiellement l’équipe de campagne du candidat socialiste en tant que « conseiller spécial ». Les écolos Michèle Rivasi (énergie), Eva Joly (évasion fiscale) et d’autres font de même.
Sondages au 9 mars
Les tendances du mois passé se confirment, avec Emmanuel Macron qui continue de progresser et tourne désormais autour des 25%, tandis que François Fillon baisse encore à 17,5% (à noter : le sondage a été réalisé juste avant le meeting du Trocadéro). De son côté, Marine Le Pen n’est pas touchée par les affaires qui la frappent et reste stable, tandis que Hamon et Mélenchon ne créent pas de dynamique en leur faveur
Semaine du 6 au 12 mars
Faits saillants de la campagne : Fillon gagne son quitte ou double et Hamon réduit le cadre de son revenu universel. Le résumé complet de la semaine
Faits saillants concernant le candidat : la campagne de Benoît Hamon continue de ne pas décoller et d’être fragilisée par le schisme de plus en plus marqué au sein du PS. Cette semaine, c’est d’abord l’ex-maire de Paris Bertrand Delanoë qui a officialisé son soutien à Emmanuel Macron. Ensuite, c’est un projet de tribune dans laquelle ses auteurs veulent appeler à voter pour le candidat d’En Marche qui a fuité dans Le Figaro et contraint ses initiateurs Christophe Caresche et Gilles Savary à un rétropédalage qui n’a convaincu personne. Auparavant, le président du groupe PS à l’Assemblée nationale Claude Bartolone a déclaré au Monde avoir du mal à se reconnaître dans le projet de Hamon et ne pas avoir encore décidé pour qui il voterait au premier tour. Bref l’implosion lente du parti socialiste se poursuit, et ce n’est pas la rencontre entre le vainqueur de la primaire et le Premier ministre Bernard Cazeneuve (lequel a une nouvelle fois souligné le besoin pour Hamon de rassembler sa famille politique et de défendre le bilan du gouvernement) qui va atténuer ce sentiment.
Concernant la campagne de Hamon proprement dite, si celle-ci a été marquée par la proposition d’une Assemblée parlementaire européenne qui doit remplacer l’Eurogroupe et démocratiser la gouvernance de la zone euro. son moment le plus important fut le passage du candidat dans « L’Émission politique » sur France 2 jeudi soir. Au cours de ce passage télé (voir le compte-rendu complet), Hamon est notamment revenu sur son projet de revenu universel, dont il revoit à la baisse la première phase. Ainsi, alors que tous les jeunes de 18 à 25 ans étaient supposés bénéficier dès 2018 d’un revenu d’existence de 600 euros versé quel que soit leur niveau de ressources, la nouvelle mouture présentée par le socialiste ne s’appliquera plus dans son intégralité qu’aux jeunes sans ressources, ceux ayant des petits revenus devant se contenter d’une allocation moindre, voire … nulle s’il gagne plus d’un 1,9 smic. Raison de ces ajustements : réduire le coût estimé de cette mesure, lequel passerait de 45 à 35 milliards d’euros par an et la rendrait un peu plus présentable budgétairement. Pas sûr toutefois que cela ne satisfasse ni ses détracteurs qui continueront à crier à la folie dépensière, ni ses partisans qui pourraient y voir une forme de renoncement …
Semaine du 13 au 19 mars
Faits saillants de la campagne : Mélenchon prend République, Dupont-Aignan fait un esclandre sur TF1 et François Fillon est officiellement mis en examen. Le résumé complet de la semaine
Faits saillants concernant le candidat : au lendemain de la marche de Mélenchon pour la VIe République (samedi 18), c’est au tour de Benoît Hamon de tenir son grand meeting de campagne. Les conditions de sa tenue diffèrent de celles de Mélenchon : pas de grand rassemblement en plein air, mais un événement fermé, dans une salle aux dimensions appréciables (Bercy, 20 000 places) où se masse un public chauffé à bloc. Hamon y tient pendant une heure et demie un discours plutôt bon, qui galvanise ses troupes (en voir le compte-rendu ici). Ici aussi, le sentiment de réussite prévaut. Pour le dire autrement, le PS a montré qu’il était encore capable organiser une démonstration de force. Comme Mélenchon toutefois, la vraie question sera de celle l’après-meeting : oui ou non celui aura-t-il permis à Hamon de passer la vitesse supérieure, ou ne sera-t-il qu’un coup dans l’eau ?
Avant Bercy, la semaine de Benoît Hamon a été marquée par une nouvelle défection. Ou, plutôt, par l’officialisation de ce qui était un secret de polichinelle : le refus de Manuel Valls de le soutenir. L’ex-Premier ministre a ainsi déclaré mardi 14 à Paris Match qu’il ne pouvait « pas apporter [s]on parrainage à Benoît Hamon ». En cause a-t-il plus tard expliqué : d’une part sa cohérence personnelle (il ne croit pas à la sortie du nucléaire, au revenu universel, à la légalisation du cannabis), et d’autre part une « forme de sectarisme » chez le vainqueur de la primaire, à qui il reproche une orientation politique trop radicale qui marginalise le PS et l’entraîne dan la voie d’un « long crépuscule, comme le PCF avant lui ».
Si ces déclarations sont peu surprenantes au vu du gouffre idéologique qui a séparé les deux hommes pendant la primaire, elles n’en soulignent pas moins une nouvelle fois la déchirure profonde qui mine le PS et que rien ne semble en mesure d’arrêter. Les hamonistes n’ont en tout cas pas manqué de critiquer l’attitude de Valls, certains parlant de « trahison » et lui reprochant de ne pas respecter l’engagement pris par les candidats à la primaire, comme François de Rugy l’avait déjà fait voici quelques semaines, ce dernier allant jusqu’à rallier Macron, ce que Valls a démenti vouloir faire. A contrario, la présidente du PRG Sylvia Pinel, qui avait elle aussi participé à la primaire et appelé à voter Valls au second tour, soutiendra bien Hamon suite à l’accord validé avec le PS pour les législatives.
Autre temps fort de la semaine de Hamon : la présentation jeudi 16 de la version ajustée de son programme, dont la dernière mouture datait de la primaire et devait être actualisée suite à l’accord conclu avec l’écologiste Yannick Jadot et le besoin de (tenter de) rassembler au sein du PS. Bilan des opérations ? Les grandes lignes sont conservées mais certains ajouts sont remarqués, dont un notamment en faveur du Made in France cher à Arnaud Montebourg.
Lundi 20 mars – Le grand débat sur TF1
Le compte-rendu détaillé du débat : voir ici
Faits saillants concernant le candidat : s’il n’a pas été mauvais, Benoît Hamon n’en est pas moins resté au second plan de cette soirée. Menant peu d’attaques directs envers les autres candidats et en subissant lui-même fort peu , il est celui qui a été de loin le moins impliqué dans les échanges entre candidats. Un exemple flagrant de cette situation apparut lors d’une longue séquence sur le chômage et l’emploi qui impliqua Fillon, Macron et Mélenchon, mais dont Le Pen et lui furent complètement absents (Le Pen s’en vanta toutefois après coup – cf. infra – alors que Hamon, lui, tenta laborieusement de s’immiscer dans la conversation … quand celle-ci fut terminée).
Bref, une moindre présence offensive que ses camarades, doublée d’un désintérêt de leur part à son égard. Une exception : Emmanuel Macron, qui ne laissa pas passer une insinuation du socialiste sur ses donateurs (cf. infra) et répliqua immédiatement, ce qui permit à Hamon d’engager un échange durable qui le plaça au centre de l’attention (et offrit à Mélenchon l’occasion d’ironiser sur le fait qu’il faut bien « qu’un débat se fasse au PS » ). Ce fut une des rares fois où cela arriva, ses trois interpellations vives à l’encontre de Marine Le Pen (la première surtout, lorsqu’il l’a qualifia de « droguées aux faits divers », ainsi que la seconde, quand il la questionna – en choeur avec Mélenchon – sur le concordat et, après sa réponse, l’accusa de faire preuve de laïcité à géométrie variable), ou sa répartie à Fillon (« vous êtes plus fort en soustraction de fonctionnaires qu’en addition avec votre propre argent ») étant certes tranchantes, mais aussi brèves et pas assez hors-normes que pour créer véritablement la sensation.
Pour s’illustrer, ne restait donc à Hamon que ses réponses aux questions des journalistes (soit, quand même, la majeure partie de l’émission). A ce jeu-là toutefois, le socialiste non plus n’a pas vraiment fait d’étincelles. Il a vanté son discours, ses idées mais, dans un environnement moins favorable que le meeting de Bercy de la veille, celles-ci ont moins résonné. Le style était volontaire et décidé, mais le manque de charisme du candidat a pris le pas. En résumé, Hamon a livré une prestation honorable mais qui paraît insuffisante pour le démarquer de ses rivaux, en particulier de Mélenchon (qu’il n’a pas attaqué), lequel a laissé meilleur impression.
Semaine du 20 au 26 mars
Faits saillants de la campagne : le grand débat a lieu ; Fillon dénonce un « cabinet noir » ourdi par Hollande ; Le Drian rallie Macron et des négociations PS-En Marche pour les législatives sont supposés. Le résumé complet de la semaine
Faits saillants concernant le candidat : le Canard enchaîné de cette semaine rapporte que « des dirigeants d’En Marche et du PS réfléchissent déjà à une entente électorale entre leurs deux formations pour les législatives. C’est la raison principale pour laquelle Macron a reporté le choix de ses candidats après le premier tour de la présidentielle. Au menu de ces premières agapes, la remise en question de l’accord passé par Hamon avec Europe-Écologie-Les-Verts et la présentation de candidats macronistes face aux 70 ou 80 députés socialistes sortants qui sont considérés comme frondeurs ou sympathisants de ceux-ci ». Pour appuyer son propos, le palmipède évoque des propos de François Hollande, selon lequel « il n’y aura pas d’explosion à la présidentielle, ni de LR ni du PS. La droite ne va disparaître, et elle espérera une cohabitation. Le PS ne va pas disparaître non plus, mais il devra négocier ». Parmi les caciques socialistes misant sur un tel scénario, le Canard mentionne, outre le Président, Cazeneuve, Valls, Cambadélis et Le Foll.
Crédible ou pas ? En tout cas, les ralliements socialistes à Macron se poursuivent, avec, cette semaine, une gros morceau : Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense et patron tout-puissant de la région Bretagne. Si ce renfort n’est pas une surprises (il était dans l’air depuis plusieurs semaines, et des membres de son cabinet ont collaboré avec Macron et son équipe pour concocter son programme en matière d’armée), son officialisation est un soutien de poids pour Macron.
Réaction de Benoît Hamon aux défections de gauche : « Je ne m’attendais pas à autant de trahisons. Parce que ce sont des trahisons. Pas de moi, parce que je ne demande rien, mais d’une histoire, de valeurs que nous représentons, de la place que doit être celle de la gauche ».
Pour le candidat (officiel) du PS, c’est toute la semaine qui a été mauvaise, avec : lundi un débat moyen de sa part, qui ne lui donne aucune dynamique et fait déjà oublier le meeting de Bercy de la veille ; mardi, le décès d’Henri Emmanuelli, dont il était proche ; jeudi, l’annonce du ralliement de Le Drian à Macron ; et à partir de ce même jour, des sondages montrant Jean-Luc Mélenchon le dépassant et le distançant.
Bref, la campagne d’Hamon continue de s’enliser, voire régresse, et il n’a pas assez de force ni d’influence pour renverser la vapeur au sein d’un parti socialiste dont le délitement se poursuit. Autour d’Hamon, les Cassandre se font de plus en plus nombreuses, et certaines n’hésitent pas à lui prédire un score à un chiffre.
Sondages au 31 mars
Les tendances du sondage quotidien publié par Ifop-Fiducial confirment le duel qui s’annonce au second tour entre Le Pen et Macron. De son côté, Fillon est donné comme continuant à se tasser, au point de sentir le souffle de Jean-Luc Mélenchon, lequel profite du débat et de sa marche sur République pour distancer un Benoît Hamon qui perd du terrain, au point de risquer de passer sous les 10%.
Semaine du 27 mars au 2 avril
Faits saillants de la campagne : Valls annonce qu’il votera Macron, et Penelope Fillon est officiellement mise en examen. Le résumé complet de la semaine
Faits saillants concernant le candidat : la nouvelle était dans l’air et Hamon avait laissé entendre dimanche passé qu’elle était imminente, cette fois elle est officielle : Emmanuel Valls vote Macron et ne respecte pas l’engagement qu’il avait pris lors de la primaire de soutenir le vainqueur de celle-ci.
Pour justifier sa décision, l’ex-Premier ministre déclare ne vouloir prendre aucun risque pour la République et pour la France, et invoque l’intérêt supérieur du pays qui va au-delà des règles d’un parti et d’une commission. « Emmanuel Macron doit permettre d’éviter une victoire du Front national », il est un choix non de « cœur » mais de « de raison », il est le vote utile.
Du côté des partisans de Benoît Hamon, c’est la colère qui prévaut, et les réactions sont parfois virulentes : si Mathieu Hanotin, le directeur de campagne du candidat, parle d’une « minable tentative de sabotage », le député Patrick Mennucci, interpellant directement Valls sur Twitter, lui lance : « Tu nous fait honte ». Quant à Arnaud Montebourg, il déclare via le même canal : « Chacun sait désormais ce que vaut un engagement signé sur l’honneur d’un homme comme Manuel Valls : rien. Ce que vaut un homme sans honneur ». Plus mesuré est le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis, qui se dit « triste de ne pas avoir réussi à convaincre » l’ex-Premier ministre de ne pas soutenir Emmanuel Macron.
Si l’envie d’Emmanuel Valls de soutenir Emmanuel Macron n’est pas une vraie surprise, le timing de sa sortie laisse toutefois les observateurs perplexes. Certainement Valls parie-t-il sur une victoire du candidat d’En Marche et se positionne-t-il en vue des législatives, estimant que le nouveau président n’aura pas de majorité et devra coaliser. D’un autre côté, rien ne le poussait à sortir si tôt du bois et s’attirer des rancœurs et inimitiés encore plus fortes que celles qu’il subit déjà au PS. A moins qu’il ne craigne réellement et sincèrement une possible victoire de Marine Le Pen et estime de son devoir de prendre position comme il l’a fait ?
Pour Benoît Hamon, cette défection est un énième coup dur dans une campagne qui part en vrille et voit désormais Mélenchon le devancer nettement dans les sondages. La situation est telle que le spectre d’un score à un chiffre devient tangible et fait dire à certains, en guise de boutade, que Hamon est bien parti pour réaliser le meilleur résultat jamais obtenu par un candidat écologiste.
Malgré ces déboires, le chantre du revenu universel continue le combat et se montre offensif, comme lors de son meeting mercredi à Lille, où il reçoit un soutien appuyé de Martine Aubry et s’en prend de manière agressive et déterminée à Marine Le Pen. Un peu plus tôt dans la journée (celle-là même où Valls a annoncé son choix), il joue l’audace et le toupet en appelant Mélenchon et toute la gauche à se rallier à lui. L’appel résonne évidemment dans le vide, mais Hamon n’en démord pas : à la primaire socialiste aussi les sondages lui ont d’abord été défavorables. Le contexte semble toutefois bien différent, et la dynamique actuelle de campagne ne plaide guère en sa faveur.
A noter dans le reste de la semaine de Benoît Hamon : une visite à Berlin à Angela Merkel et Martin Schulz, et un déplacement samedi à La Réunion.
Mardi 4 avril – Le second débat
Au cours d’une soirée où Philippe Poutou s’est fait le plus remarquer, Benoît Hamon, certes sérieux et déterminé, n’en a pas moins à nouveau été peu audible et, qui plus est, pratiquement ignoré par ses adversaires.
Concernant ses deux rivaux principaux, Macron et Mélenchon, le socialiste ne les a quasiment pas ciblés. Ce constat a été particulièrement vrai pour le candidat d’En Marche !, qu’il avait pris à partie lors du premier débat. Une conséquence des critiques qu’il a reçue de la part de caciques du PS qui l’avaient trouvé trop dur la fois passée ? En tout cas, presque rien sur Macron, ni sur Mélenchon, exception faite d’un questionnement (important) sur son plan B pour l’Europe.
La cible favorite d’Hamon aura en fait surtout été François Fillon, et encore, de manière limitée. Lui-même en revanche n’a quasiment pas été directement sollicité. Pour le reste, il a déroulé son programme et conclu en appelant à voter « pour » (comme la fois précédente), puis en se livrant à une interminable liste des régions françaises pour appeler chacun de ses habitants à le soutenir.
Le résumé complet du second débat
Sondages au 7 avril
La dernière fournée de l’enquête CEVIPOF maintient Emmanuel Macron et Marine Le Pen nettement devant les autres participants, avec cependant une érosion nette pour la candidate FN, laquelle perd deux points par rapport à l’enquête de début mars et passe de 27% à 25%, au même niveau que Macron qui reste quant à lui stable. Derrière, François Fillon ne baisse plus mais ne repart pas non plus et voit Jean-Luc Mélenchon, qui profite d’une bonne dynamique, se rapprocher de lui. Benoît Hamon en revanche chute lourdement et n’est plus qu’à 10%.
De son côté, le sondage quotidien publié par Ifop-Fiducial montre des tendances plus marquées, avec tant Macron que Fillon s’érodant, et Fillon et surtout Mélenchon partant à la hausse. Signe pour le candidat LR que l’écart avec le duo de tête est appelé à se resserrer de manière substantielle d’ici le 23 avril, ou correction limitée d’un électorat de droite resserrant un peu les rangs malgré les affaires ? Quant au candidat France insoumise, il est en train de clairement gagner sa « primaire » avec Benoît Hamon. Jusqu’à quel point peut-il continuer de capter les électeurs du socialiste, voire attirer des électeurs de gauche tentés par Macron ? La simple agrégation de ses sondages et de ceux de Hamon le placerait en tout cas en position d’atteindre le second tour, sachant toutefois qu’un tel report n’a rien d’automatique ni ne sera total.
Semaine du 3 au 9 avril
Faits saillants de la campagne : le second débat a lieu ; les sondages montrent un tassement de Le Pen et Macron et une hausse (nette) de Mélenchon ; une attaque chimique contre un village rebelle syrien entraîne une réaction des Etats-Unis qui bombardent une base de Bachar el-Assad. Le résumé complet de la semaine
Faits saillants concernant le candidat : pour Benoît Hamon, la déroute se précise. Dans son cas, ce n’est pas de « patinage » qu’il faut parler, mais d’effondrement, plusieurs sondages l’annonçant désormais sous la barre des 10%. Face à cette tendance lourde, le vainqueur de la primaire de la gauche continue de faire bonne figure, mais son combat ressemble plus à un baroud d’honneur qu’à autre chose. Pire : le candidat socialiste semble complètement marginalisé, les médias ne lui accordant plus qu’une attention limitée, tandis que ses rivaux l’ont pratiquement ignoré de toute la soirée pendant le second débat.
Quant aux soutiens au sein de son parti, ils continuent d’être à géométrie variable : si le ministre du Budget Michel Sapin a confirmé du bout des lèvres être derrière Hamon, il n’en est pas de même pour le député et ex-ministre de l’Intérieur Daniel Vaillant, qui a rallié Macron. Face à cette situation, le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, a saisi la commission nationale des conflits pour qu’elle statue sur de possibles sanctions (pouvant aller jusqu’à l’exclusion du parti) contre ceux qui ne soutiennent pas Benoît Hamon. La question demeure toutefois : Cambadélis osera-t-il mettre sa menace à exécution ?
En attendant, l’hémorragie se poursuite, et la campagne de Benoît Hamon, elle, tourne au chemin de croix. Un retrait de sa part est-il envisageable ? Au vu des enjeux (notamment financiers pour le PS, qui ne verrait pas les frais de campagne remboursés si son candidat se retire), un tel scénario semble maintenant improbable. En revanche, Hamon pourrait cesser de mener une campagne vraiment active et donner des signes plus ou moins explicites en faveur de Jean-Luc Mélenchon, comme il l’a fait notamment lors de son passage à On n’est pas couché, où il a déclaré qu’il voterait sans ambiguïté pou le tribun de la France insoumise si celui-ci était au second tour.
Sondages au 14 avril
Le sondage quotidien publié par Ifop-Fiducial maintient les tendances observées ces dernières semaines, à savoir un rapprochement continu de Fillon et Mélenchon par rapport à Le Pen et Macron. Si l’écart entre le premier (Le Pen) et le quatrième (Mélenchon) était encore de 7,5 points il y a une semaine, il n’est maintenant plus que de 4 points et laisse plus que jamais ouverte la possibilité d’un renversement de situation.
Publié ce vendredi 14, un sondage Ipsos pour Le Monde confirme ce resserrement et le réduit même à trois points (Le Pen et Macron à égalité à 22%, Mélenchon troisième à 20% et Fillon quatrième à 19%). Moins catégorique est en revanche l’enquête PrésiTrack d’OpinionWay / ORPI, pour qui Fillon (20%) seul est en mesure de contester une finale Le Pen-Macron (23% et 22%), Mélenchon étant placé plus en retrait (17%).
De son côté, Benoît Hamon est annoncé entre 7% et 9%, tandis que Dupont-Aignan tourne toujours autour de 4%.
Semaine du 10 au 16 avril
Faits saillants de la campagne : les sondages continuent de se resserrer, le match à quatre entre Macron, Le Pen, Fillon et Mélenchon pour atteindre le second tour est confirmé. Le résumé complet de la semaine
Faits saillants concernant le candidat : chez Benoît Hamon, la campagne se poursuit cahin-caha. Le socialiste affirme qu’il se battra jusqu’au bout et qu’il mise sur l’intelligence des électeurs de gauche au moment de poser leur choix, mais qui l’écoute encore vraiment ? La cinquième place paraît inévitable, la question étant désormais de savoir avec combien de pourcents : un score humiliant à un chiffre, ou un autre moins déshonorant ? Dur, dur pour ce candidat qui a eu le mérite de venir avec des propositions innovantes quoique controversées, mais qui a perdu son duel avec Mélenchon et est lâché de quasi toute part au sein du PS.
Sondages au 21 avril
La dernière livraison du sondage CEVIPOF-IPSOS-Storia-Steria (publiée le mercredi 19 avril) confirme les tendances observées dans d’autres sondages, à savoir la montée de Mélenchon et Fillon, et le tassement de Le Pen et Macron.
De son côté, dans son rolling quotidien, Ifop-Fiducial confirme cet avantage à Le Pen et Macron en montrant que la dynamique en faveur de Fillon et surtout Mélenchon s’est arrêtée cette semaine, de sorte que ces candidats ne franchissent pas la barre des 20% d’intention de vote chez cet institut non plus.
Bref, si la partie demeure serrée (les écarts sont dans les marges d’erreur, au moins en ce qui concerne Le Pen, Fillon et Mélenchon) et si un renversement de situation de dernière minute n’est pas à exclure (sachant que CEVIPOF estime que 25 à 30% des sondés sont encore susceptibles de changer d’avis), Macron et Le Pen gardent la faveur des pronostics. Quant à l’abstention, CEVIPOF estime qu’elle sera autour de 28%.
Pour ce qui est du second tour, Macron est donné (nettement) vainqueur face à n’importe quel opposant et Marine Le Pen perdante contre tous. En cas d’affrontement Mélenchon-Fillon, c’est le premier cité qui l’emporterait 58 à 42 (source : CEVIPOF).
Semaine du 17 au 22 avril
Faits saillants de la campagne : la dernière semaine avant le premier tour a été marquée par des débats sur le vote utile, ainsi que par un attentat terroriste perpétré sur les Champs-Élysées (un policier tué, deux blessés) alors que les candidats étaient tous en plateau sur France 2. Le résumé complet de la semaine
Faits saillants concernant le candidat : la dernière semaine de campagne de Benoît Hamon s’est terminée quasi dans l’indifférence générale. Parmi ses derniers événements notables : un meeting mercredi sur la place de la République, où il a rassemblé environ 20 000 personnes, là où environ 130 000 s’étaient massées pour entendre Mélenchon le 18 mars.
Concernant sa prestation lors de l’émission de France 2 du jeudi 20 avril : Benoît Hamon est arrivé avec une carte Vitale, afin d’évoquer les acquis sociaux que plusieurs parmi ses adversaires veulent réduire ou supprimer. Pour éviter que cela n’arrive, il brandit alors une carte d’électeur et appelle les Français à s’en servir. Pour sa carte blanche, il choisira de parler d’Europe, une Europe qu’il veut défendre (« Je ne veux pas jouer à la roulette russe avec l’Europe »), et pour laquelle il a des propositions afin de l’améliorer, des propositions que, dit-il, l’Allemagne est prête à écouter. Enfin, il regrettera que le débat initialement prévu ait été annulé et s’en prendra (sans les nommer) à ceux qui, comme en Russie, veulent choisir les journalistes chargés de les interroger.
23 avril – Résultats du 1er tour
Abstention : avec 22,2%, elle a été beaucoup moins forte qu’annoncé puisqu’elle n’est que 1,5% supérieure à celle de 2012, et reste loin du « record » de 2002 (28,4%).
Pas de surprises cette fois, les résultats annoncés correspondent à ce que les sondages pronostiquaient, tant au niveau des scores atteints que de l’ordre d’arrivée des candidats. Ainsi, Emmanuel Macron vire en tête du premier tour avec 24,0% et est en passe de devenir le plus jeune président de l’histoire de France. Les augures pour le second tour lui sont en effet largement favorables face à une Marine Le Pen qui certes, comme son père quinze auparavant, passe le premier tour de la présidentielle (qui plus est avec un record de voix pour l’extrême-droite), mais à la deuxième place seulement, et avec un pourcentage de suffrages nettement inférieure aux 25-30% que son camp escomptait afin d’avoir une dynamique intéressante pour le second tour. Ici, avec à peine 21,3% des votes, c’est une probable lourde défaite qui s’annonce pour la candidate FN. Troisième avec 20,0% des suffrages (à 1,3% de Marine Le Pen), François Fillon échoue à accomplir la remontée-surprise qu’il annonçait depuis des semaines. Concernant le second tour, François Fillon annonce qu’il votera à titre personnel pour Macron. Quant à Jean-Luc Mélenchon, lui qui avait tellement cru à une qualification au second tour doit déchanter : avec 19,6% des voix, il termine quatrième du scrutin, comme en 2012 donc, mais avec 8,4 points de mieux, un bond gigantesque pour un candidat de gauche non-PS, mais qui, à nouveau, comme en 2012, lui laisse un goût amer.
De son côté, Benoît Hamon sauve la seule chose qu’il pouvait encore sauver : le remboursement des frais de campagne du PS grâce à un score de 6,4% supérieur à la barre fatidique des 5%. C’est bien là la seule et unique consolation pour le candidat d’un parti qui touche le fond (son score est le plus mauvais depuis Gaston Defferre en 1969) et est profondément miné par les divisions. Concernant le second tour, Benoît Hamon a appelé sans ambages à voter en faveur d’Emmanuel Macron.
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