Incontournable est le débat télévisé de l’entre-deux-tours. Son influence sur le scrutin a beau être souvent et largement remise en cause, son aura demeure.
Cette aura, il la doit pour beaucoup à sa première édition, la seule où il eut (peut-être) un rôle vraiment déterminant. En 1974 en effet, Valéry Giscard d’Estaing et François Mitterrand sont au coude-à-coude pour la succession de Pompidou. L’écart de voix entre les deux hommes s’annoncent ténu et, clairement, le débat peut faire pencher la balance. Dans l’ensemble, Giscard laisse une meilleure impression et surtout assène un véritable uppercut au socialiste en contrant une de ses attaques avec le fameux « Vous n’avez pas le monopole du coeur » qui restera dans les mémoires. Quelques jours plus tard, Giscard l’emporte face à Mitterrand pour 400 000 voix (1,6% des suffrages), l’écart le plus serré jamais enregistré lors d’une présidentielle.
La revanche a lieu en 1981 et tourne à l’avantage du candidat socialiste, d’abord lorsqu’il qualifie son rival « d’homme du passif », puis, alors que celui-ci l’interrogeait sur le cours du Deutsche Mark, en lui répliquant : « Je ne suis pas votre élève et vous n’êtes pas le président de la République ici, vous êtes simplement mon contradicteur ». Cette victoire morale conforte la position d’un Mitterrand qui remportera le second tour avec 51,8% des voix.
En 1988, c’est cette fois au tour de Jacques Chirac d’affronter François Mitterrand, pour un débat qui reste encore aujourd’hui (2016) le plus tendu et le plus dure qui ait eu lieu. D’emblée, Chirac veut marquer le coup : « Ce soir, je ne suis pas le Premier ministre, et vous n’êtes pas le président de la République, nous sommes deux candidats à égalité […], vous me permettrez donc de vous appeler monsieur Mitterrand ». Aussitôt, un sourire plein de morgue aux lèvres, Mitterrand rétorque : « Mais vous avez tout à fait raison monsieur le Premier ministre ». Plus tard, alors que, concernant une affaire de terrorisme, Chirac demande à Mitterrand : « En me regardant dans les yeux, je vous ai dit que nous avions les preuves que Gordji était coupable ? Pouvez-vous vraiment contester ma version des choses en me regardant dans les yeux ? » Impitoyable, Mitterrand répond : « Dans les yeux, je la conteste ». Bien après les événements circulera l’anecdote d’un Chirac dépité confiant à ses proches ignorer avant ce débat à quel point Mitterrand le détestait. Quant au second tour, il confirme les analyses effectuées après le premier : le président sortant est largement réélu.
Si le débat de 1995 entre Jacques Chirac et Lionel Jospin ne laisse pas de souvenirs mémorables, celui de 2002 est carrément annulé, le président sortant Jacques Chirac refusant de débattre avec le candidat du Front national Jean-Marie Le Pen, arrivé à la surprise générale en deuxième position du premier tour. Quant au débat de 2007, il est marqué par la « colère saine » de Ségolène Royal envers une proposition de Nicolas Sarkozy relative à l’accueil des élèves handicapés. Cette sortie peu réussie ne lui permet toutefois pas de renverser la tendance, et Nicolas Sarkozy, en position de force, garde le contrôle du débat, puis remporte haut la main l’élection.
La situation s’inverse en 2012 : à la traîne dans les urnes et les sondages, le président sortant Nicolas Sarkozy demande non pas un débat, mais trois. Refus du favori François Hollande : il n’y en aura qu’un, pas question d’avoir un « oral de rattrapage ». Leur face-à-face n’accouchera d’aucun vainqueur véritable, mais sera marqué par l’anaphore « Moi, président de la République » sortie par le candidat socialiste. Le résumé du débat de 2012
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