Emmanuel Macron – Benoît Hamon – Philippe Poutou – Nicolas Dupont-Aignan
Les polémiques et affaires concernant François Fillon sont traitées à part dans l’article intitulé « Le Penelopegate ». Idem pour les affaires concernant Marine Le Pen et son parti le FN (voir Les affaires qui touchent le FN).
Emmanuel Macron
A plusieurs reprises sont apparues des tentatives pour attacher à Emmanuel Macron l’une ou l’autre « casserole » susceptible d’entacher sa réputation. Jusqu’à présent (20 mars), aucune de ces allégations n’a débouché sur rien de probant.
a) La vie privée d’Emmanuel Macron
1er mars – Depuis l’été 2016 circulent des rumeurs sur un mariage entre Macron et son épouse Brigitte (de vingt-quatre son aînée) qui ne serait que de façade et masquerait en fait des relations amoureuses masculines. Ces rumeurs ont couru avec tant d’insistance que même Le Monde a évoquées (sans les accréditer) sur un double page dans un article en novembre 2016.
De telles allégations refont surface début février, lorsque le député filloniste Nicolas Dhuicq, dans une interview à l’agence de presse russe Sputnik, explique que Macron est soutenu par un très riche lobby gay et que des détails sur sa vie privée vont être rendus publics. En parallèle, une rumeur se met à enfler : l’existence d’une liaison entre le leader d’En Marche ! et le PDG de Radio France Mathieu Gallet. Face à l’ampleur prise par ces commérages, Macron décide d’y répondre lors d’un meeting le lundi 6 en déclarant : « Si dans les dîners en ville, si dans les boucles de mails, on vous dit que j’ai une double vie avec Mathieu Gallet ou qui que ce soit d’autres, c’est mon hologramme qui soudain m’a échappé, mais ça ne peut pas être moi ».
b) Le patrimoine d’Emmanuel Macron
1er mars – Le déclaration de patrimoine et de revenus qu’Emmanuel Macron a dû publier en 2014 au moment de son entrée au gouvernement suscite des questions. En cause : un décalage que certains juges suspects entre les revenus déclarés par Macron (€3,3 millions entre 2009 et 2014) et son patrimoine (€1,2m, dont un appartement acquis en 2007 pour 890 000 euros), en plus desquels il convient de prendre en compte des emprunts immobiliers totalisant 1 millions d’euros
La question suscitée par ces montants est la suivante : comment avec de tels revenus Emmanuel Macron peut-il avoir un patrimoine aussi bas, qui plus est grevé de telles dettes. Une partie de la réponse tient dans le fait (important) que les revenus mentionnés le sont avant impôts et charges, ce qui modifie fortement la donne. Ces explications ne suffisent toutefois pas à satisfaire divers sites internet qui continuent de demander une plus grande transparence, voire une enquête, sur ce qu’ils jugent être une anomalie.
Addendum de la semaine du 13 au 19 mars – L’association de lutte contre la corruption Anticor a saisi la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) afin qu’elle vérifie le caractère « exhaustif, exact et sincère » de sa déclaration de patrimoine, l’association y ayant détecté un « manque de cohérence ». Le même jour (lundi), dans une interview publiée dans La Croix, Emmanuel Macron s’est exprimé à ce sujet pour justifier la différence entre patrimoine déclaré et revenus perçus, l’expliquant notamment par les impôts et cotisations qui l’ont frappé, ainsi que par des travaux effectués dans une maison familiale au Touquet.
c) L’utilisation du budget de Bercy
1er mars – Emmanuel Macron est accusé dans un livre paru le 25 janvier (Dans l’enfer de Bercy, par Frédéric Says et Marion L’Hour) de s’être servi dans le budget dont il disposait au ministère de l’Économie pour financer en sous-main des activités préparatoires à sa candidature présidentielle (les auteurs du livre évoquent 80% de l’enveloppe annuelle des frais de représentation accordée au ministère qui auraient été dépensés par Macron en huit mois, jusqu’à sa démission le 30 août 2016, c.-à-d. 120 000 euros). L’intéressé a réagi en affirmant avec véhémence n’avoir jamais utilisé aucun centime du budget du ministère de l’économie (…) pour son mouvement En Marche ! L’accusation a fait du bruit le jour de sa sortie, mais a depuis disparu des radars, d’autant plus que le Penelopegate venait d’éclater.
d) La suspicion de conflit d’intérêt avec Servier d’un membre d’En Marche
13 mars – Un soupçon de conflit d’intérêts de la part d’un membre de l’équipe Santé du candidat Macron s’est fait jour la semaine passée. En cause : le médecin Jean-Jacques Mourad, lié au groupe Servier et soupçonné d’influencer le programme de Macron dans une direction favorable au groupe pharmaceutique en ce qui concerne le remboursement de certains soins de santé. Conséquence : Jean-Jacques Mourad a été prié de faire un pas de côté et a annoncé mettre un terme à ses activités avec En Marche.
e) La French Tech Night
13 mars – délit de favoritisme de la part de Macron lorsqu’il était ministre de l’Économie ? C’est ce qu’évoque le Canard enchaîné au sujet d’une soirée à Las Vegas lors d’une rencontre avec des entrepreneurs français pendant un salon de l’électronique en janvier 2016. L’organisation de cette soirée aurait été faite à la va-vite et sans respecter les règles d’appels d’offres. La nouvelle fait un peu de vagues au moment de sa sortie mais ne dure pas, l’actuel ministre de l’Économie Michel Sapin volant au secours de l’intéressé en déclarant celui-ci hors-cause et en pointant la responsabilité du dysfonctionnement vers Business France, l’organisme de promotion des entreprises françaises à l’étranger. Pour l’heure, l’affaire ne va pas plus loin que cela, même si le Parquet national financier (PNF) entend obtenir davantage d’informations sur les faits mentionnés par le Canard.
20 mars – dévoilée la semaine dernière, la polémique liée à la tenue d’une soirée à Las Vegas en février 2016 (la French Tech Night) rebondit avec l’ouverture d’une enquête préliminaire par le parquet de Paris. Les implications pour Emmanuel Macron sont pour l’instant nulles, le soupçon de favoritisme dans l’attribution de l’organisation de ladite soirée ne le visant pas, mais portant plutôt sur l’organisme Business France. L’affaire en reste donc au stade de tempête dans un verre d’eau en ce qui le concerne.
f) Mohamed Saou
16 avril – Samedi 15 avril à Perpignan, Marine Le Pen s’en est prise à Emmanuel Macron en déclarant que, avec lui, « ça sera l’islamisme en marche, le communautarisme en marche », puis en l’accusant de vouloir accélérer la dérive multiculturelle de la France. Pour preuve de ses dires, elle brandit l’affaire Mohamed Saou, du nom d’un sympathisant d’En Marche dont des tweets anciens ont été exhumés, notamment un message dans lequel il écrit : « Je n’ai jamais été et je ne serai jamais Charlie ». De son côté, Emmanuel Macron a indiqué que le comité d’éthique de son parti étudiait les reproches formulés à l’encontre de Mohamed Saou et que celui-ci avait accepté de se mettre en retrait de ses fonctions.
Benoît Hamon
a) Hamon et les femmes dans les cafés
Un reportage diffusé début décembre 2016 par France 2 suscite le malaise. En cause : des images montrant des quartiers dits « populaires » (en fait habité pour une bonne partie par une population nord-africaine et musulmane) dans lesquels les hommes ont pris possession de l’espace public (rues, bars) et n’y autorisent pas la présence de femmes. Le reportage fait du bruit et est l’objet de vives discussions concernant l’intégration, la laïcité, le respect des droits des femmes.
Interrogé sur le sujet, Benoît Hamon évoque les anciens cafés ouvriers, dans lesquels, historiquement, affirme-t-il, il n’y avait pas de femmes. Ces propos déclenchent un tollé à droite et à l’extrême-droite, lui reprochant de relativiser (voire de nier) la réalité pour ne pas se mettre à dos une partie de son électorat (le fief d’Hamon se situe à Trappes, une ville où habite une importante communauté immigrée). Il déclarera alors vouloir évidemment lutter contre le fondamentalisme religieux qui confisque l’espace public aux femmes, mais aussi vouloir éviter le piège consistant à attribuer le sexisme à un seul type de population.
b) Hamon professeur assisté
Fin janvier, juste après sa victoire à la primaire, une tentative de déstabilisation est venue du côté de l’extrême-droite contre Hamon, contre qui est porté l’accusation d’avoir été pistonné pour obtenir un poste de professeur d’université sans avoir les titres requis. Après vérifications, il apparaît que Hamon a bénéficié de la part de l’université Paris d’un poste de « professeur associé », une procédure classique permettant de recruter des personnes dont le parcours professionnel justifie la nomination. Bref, la polémique fait pschitt et disparaît rapidement des radars.
c) La « mise en examen » de Benoît Hamon
L’info a brièvement provoqué une montée de température sur les réseaux sociaux d’extrême-droite début mars suite à un tweet de Louis Aliot, le vice-président du FN : Benoît Hamon est mis en examen. Si la nouvelle (avérée) est spectaculaire en soi, le contexte l’est moins. Peu avant les régionales de décembre 2015, le socialiste a qualifié « d’escroc » l’homme politique controversé Nicolas Miguet. Celui-ci n’a pas apprécié et a porté plainte pour injure publique, une accusation qui débouche sur une mise en examen automatique, laquelle, dans le cas de Hamon, a été prononcée en décembre 2016. Depuis, l’affaire a été renvoyée devant le tribunal correctionnel et est en attente de jugement. Étant donné l’aspect anecdotique des faits reprochés, elle n’a toutefois que très peu retenu l’attention, sauf donc du côté de l’extrême-droite, qui s’est empressée de la relayer pour tenter d’ouvrir un contre-feu aux poursuites judiciaires que subit Marine Le Pen.
Philippe Poutou
Pas de polémique judiciaire pour Philippe Poutou, mais une polémique politico-médiatique. Invité de l’émission On n’est pas couché du samedi 25 février sur France 2, Philippe Poutou y attire l’attention pour la première fois de la campagne. Pas en raison de ses propos ses propos, non, mais pour un fou rire qui fait le buzz. En cause ? La chroniqueuse Vanessa Burggraf qui s’emmêle les pinceaux en tentant de poser une question sur l’interdiction des licenciements que prône le candidat NPA. Après un premier raté, Burggraf essaye une deuxième fois, se plante encore, reformule sa phrase, n’y arrive toujours pas, Ruquier s’en mêle, Burggraf se replante et, pendant deux minutes, l’hilarité est générale face à un Poutou mi-consterné mi-amusé.
La séquence (qui n’a pas été coupée au montage) fait polémique après sa diffusion, plusieurs observateurs y voyant la preuve d’un manque de respect pour les « petits candidats », arguant que le présentateurs et ses journalistes ne se seraient jamais permis un tel relâchement face à un candidat aux intentions de vote plus élevées.
L’émission permet néanmoins à Poutou d’exposer le pourquoi de sa candidature malgré le faible score qui lui est promis et le fait que son parti ne croit pas aux élections (en gros : « même si nous sommes petits, nous sommes légitimes et la présidentielle est une occasion de faire entendre nos idées »). Il revient également sur les difficultés à recueillir les cinq cents parrainages (« une mesure anti-démocratique ») et regrette le faible temps de parole accordé aux « petits ».
Nicolas Dupont-Aignan
Pas de polémique judiciaire pour Nicolas Dupont-Aignan, mais, ici aussi, une polémique politico-médiatique. Non-invité au grand débat organisé par TF1 le lundi 20 mars, Nicolas Dupont-Aignan parle d’un « viol de démocratie », puis décide de saisir le Conseil d’Etat pour qu’il oblige TF1 à l’inviter. Ledit Conseil accepte d’étudier la question en référé mais, jeudi 16 mars, rejette le recours introduit par le candidat de Debout la France, jugeant que son absence du débat ne constituerait pas « une atteinte grave et manifestement illégale au pluralisme de l’expression des courants de pensée et d’opinion ».
S’il n’a pas obtenu gain de cause, Dupont-Aignan entend toutefois bien clamer haut et fort son courroux. L’occasion lui en offerte samedi soir, alors qu’il est invité au 20h de … TF1. Face à une journaliste médusée, il commence par déclarer que « la démocratie est en danger », parle d’une présidentielle « volée » et annonce qu’il a « le devoir de quitter le plateau », ce qu’il fait dans la foulée. Aussitôt l’esclandre fait le buzz et offre à Dupont-Aignan une exposition médiatique non-négligeable, tout en soulignant les problèmes posés par l’adoption de l’équité du temps de parole en lieu et place de son l’égalité.
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