Email IconElle semblait neutralisée depuis juillet, mais, à onze jours du scrutin, l’enquête sur les emails d’Hillary Clinton repart de l’avant.

La nouvelle est venue de celui-là même qui, quatre mois auparavant, avait annoncé que l’affaire ne requérait pas de poursuites : le directeur du FBI James Comey. A l’origine de ce rebondissement : Anthony Weiner, l’ex-mari de la proche conseillère de Clinton, Huma Abedin. Par ses histoires d’adultères et ses sextos, Weiner (ex-représentant démocrate de New York à la Chambre) a plusieurs fois défrayé la chronique depuis 2011 et conduit Huma Abedin à demander le divorce en août 2016. En parallèle à ses déboires conjugaux, le FBI a ouvert une enquête sur l’intéressé pour avoir envoyé des messages à caractère sexuel à une mineure de 15 ans. De fil en aiguille, l’agence est remontée à l’ordinateur dont Weiner s’est servi pour envoyer les messages incriminés, un ordinateur dont il partageait l’usage avec sa femme et sur lequel se trouvent … des milliers d’emails en liaison avec la correspondance non-sécurisée de Clinton.

Ces emails sont-ils différents de ceux qui ont déjà été publiés ? Certains de ceux que l’ex-Secrétaire d’État a détruits s’y retrouvent-ils ? Pour l’instant, nul le sait. Dans le doute, le directeur du FBI James Comey a envoyé une lettre au Congrès le vendredi 28 octobre pour annoncer que l’enquête demandait des travaux complémentaires afin de déterminer si le matériel nouvellement mis à jour contient des informations classifiées, voire s’il est de quelque pertinence pour l’affaire en question.

Aussitôt, scènes de liesse chez les républicains et hurlements chez les démocrates qui sous-entendent, si pas un complot, au moins une manœuvre partisane de la part de Comey. De son côté, Clinton demande au FBI de publier toutes les informations dont il dispose afin de rapidement clarifier la situation, ajoutant pour sa part être confiante que ce rebondissement ne changera rien aux conclusions de juillet, puis s’étonnant du timing de ces révélations, qu’elle juge en outre peu étayées. Le son de cloche est évidemment radicalement opposé chez Trump, lequel déclare que « la corruption d’Hillary Clinton est d’une ampleur jamais vue auparavant », avant d’en rajouter une couche en parlant d’une affaire sans précédent depuis le Watergate.

Bref, les interprétations sont diverses et variées. Pour les uns James Comey s’est montré prudent en informant le Congrès (et les Américains) que des éléments nouveaux étaient apparus, et, s’il ne l’avait pas fait, les républicains auraient eu de bonnes raisons de s’en plaindre. Pour d’autres, il vient avec du vent et commet une ingérence inacceptable dans la campagne, d’autant plus que l’envoi de la lettre s’est faite contre l’avis de l’attorney general des États-Unis, Loretta Lynch (laquelle, pour mémoire, s’est retrouvée fin juin au coeur d’une polémique concernant cette même affaire des emails).

En attendant, le FBI a obtenu le 30 octobre un mandat de perquisition lui permettant de pousser plus en avant l’analyse des emails retrouvés sur l’ordinateur de Weiner. Ses enquêteurs auront-ils le temps de les lire (la presse américaine parle de centaines de milliers de messages) et de présenter des conclusions d’ici au 8 novembre ? Et même si cela ne devait pas être possible, ce rebondissement aura-t-il une influence marquante sur le verdict électoral, sachant que plus de vingt millions de votes anticipés ont déjà eu lieu (soit à 15 à 20% du vote total) et que, au moment où James Comey a envoyé sa lettre, les sondages donnaient Clinton largement gagnante ?

 

Le reste de la semaine

 

  • WikiLeaks continue son travail de sape. Parmi les nouvelles fournées de cette semaine figure une implication d’Obama dans la controverse des emails d’Hillary Clinton. Le président avait en effet déclaré n’avoir appris le problème qu’en même temps que celui-ci était révélé, ce qu’un message à John Podesta dévoilé par WikiLeaks semble contredire. Un porte-parole d’Obama est intervenu peut après cette révélation pour clarifier la réponse du président : celui-ci savait que Clinton n’utilisait pas la messagerie officielle de l’administration fédérale, mais il ignorait tout des conditions dans lesquelles elle le faisait. En réaction, Trump veut que le rôle d’Obama dans cette affaire soit clarifié par une enquête du FBI.
  • WikiLeaks encore : d’autres emails de Podesta concernent cette fois le fonctionnement de la Fondation Clinton. Toujours pas de gros scoops, mais la mise au grand jour d’agissements souvent à l’extrême-limite du conflit d’intérêt afin d’obtenir des fonds de pays étrangers.
  • WikiLeaks enfin : l’organisation de Julian Assange annonce qu’elle entrera la semaine prochaine dans la phase 3 de son opération. Des documents compromettants vont-ils sortir ? Ceux-ci, conjugués, au rebondissement de l’affaire des emails, peuvent-ils faire basculer l’élection ?
  • De son côté, l’Obamacare a subi une nouvelle salve de critiques le 24 octobre lorsque les autorités fédérales ont annoncé que les polices d’assurance qui lui sont liées augmenteront de 25% en 2017. Le système est frappé par le manque d’assurés jeunes, ce qui pousse les compagnies d’assurances à relever leurs tarifs, voire à se retirer du marché, limitant ainsi drastiquement les possibilités de concurrence dans certains États.
  • Pour la première fois depuis longtemps, Trump vit une semaine sans scandales. A noter parmi ses activités : l’inauguration le mercredi 26 octobre d’un nouvel hôtel de luxe à son nom, un hôtel installé dans un ancien bureau de poste à Washington et situé à deux pas de … la Maison Blanche.

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