Donald Trump en août 20151. Introduction (15 septembre 2015)

2. Son avant-primaires (du 1er août 2015 au 31 janvier 2016)

3. Ses primaires (du 1er février au 31 juillet 2016)

4. Ses prestations lors des débats des primaires

5. La présidentielle (du 1er août au 11 novembre 2016)

 

 

1. Introduction (15 septembre 2015)

 

Né à Queens (New York) en 1946 (69 ans en 2015), Donald Trump est un magnat multimilliardaire de l’immobilier célèbre pour son verbe haut et qui doit sa notoriété auprès du grand public d’une part à son livre à succès The Art of the Deal (1987) où il explique son parcours et sa manière de négocier des contrats, et d’autre part à une émission de téléréalité du début des années 2000 (The Apprentice) dans laquelle il jugeait de jeunes ambitieux voulant faire carrière dans le monde des affaires (l’expression « You’re fired !» – vous êtes virés ! – est emblématique de cette émission).

S’il a à plusieurs reprises été tenté de se présenter à une élection présidentielle (voir Le versatile Mr. Trump), il n’a en revanche jamais participé à aucune autre campagne électorale pour la conquête d’un mandat. Son entrée en scène en 2015 n’en a pas moins été tonitruante : il vampirise la campagne républicaine depuis sa déclaration de candidature en juin et caracole nettement en tête des sondages.

Ses angles d’attaque :

  • « le rêve américain a été tué, il faut le ressusciter et ne plus accepter d’être le perdant de la mondialisation »
  • l’immigration illégale mexicaine (il veut bâtir un mur à la frontière américano-mexicaine pour empêcher les clandestins d’entrer dans le pays !)
  • un discours populiste et décomplexé (p.ex. lorsqu’il qualifie les immigrants de violeurs et de criminels) qui bouscule l’establishment républicain avec lequel il ne veut pas être associé et dont il dénonce l’impuissance
  • une vision économique peu libérale, avec la mise en avant de mesures protectionnistes qui résonnent auprès d’une partie importante de la base du parti, laquelle apparaît de moins en moins en phase avec l’establishment. Trump s’en prend d’ailleurs aussi aux riches propriétaires de hedge funds qui esquivent l’impôt.

A noter que, comme d’autres, il profite à plein de la levée depuis 2010 des plafonds de financement des candidats, pouvant ainsi puiser à sa guise dans sa fortune pour supporter ses dépenses électorales (arrêt Citizens United).

 

2. Son avant-primaires (du 1er août 2015 au 31 janvier 2016)

 

Depuis son entrée en lice à la mi-juin, Donald Trump s’est accaparé les médias et les esprits, bousculant par ses positions iconoclastes, populistes et outrancières le déroulement d’une primaire qui échappe à ses rivaux de l’establishment. Son credo ? Les Etats-Unis ne gagnent plus, le rêve américain a été tué, il faut le ressusciter, ne pas accepter d’être le perdant de la mondialisation, ne pas se laisser marcher sur les pieds ni par la Chine ni par la Russie, et encore moins par les onze millions d’immigrants clandestins qu’il veut expulser après avoir construit un mur à la frontière mexicaine pour en empêcher d’autres de rentrer.

Ses atouts aux yeux de ses partisans ? D’abord se présenter comme un homme neuf, non issu du sérail politique classique qui (d’après lui) échoue et déçoit depuis tant d’années. Ensuite, s’affirmer comme un businessman de haut vol, capable de négocier durement avec qui que ce soit, et dont la fortune personnelle exclut tout soupçon d’influence de la part de riches donateurs, puisque lui, contrairement à ses rivaux, n’a pas besoin de courir après l’argent pour financer sa campagne. Enfin, et surtout, un style « cash » et outrancier, qui ne se gêne pas pour manier invectives et attaques personnelles de bas niveau, ni ne s’encombre d’aucun tabou. Preuve en fut encore donnée après les attentats de Paris et la tuerie de San Bernardino, lorsque le magnat de l’immobilier proposa coup sur coup d’interdire à tout musulman d’immigrer aux Etats-Unis, de placer sous surveillance les mosquées du pays, de réintroduire les techniques de torture par noyade pour faire parler les terroristes, de s’en prendre à leurs familles, et enfin de réclamer la fermeture d’Internet (ou à tout le moins son contrôle strict) afin de bloquer la propagande djihadiste. Bilan de ces sorties ? Des sondages qui le propulsent à un niveau qu’il n’avait jamais atteint jusque-là jamais.

Chez les caciques du parti, c’est la consternation. Voilà longtemps que le phénomène aurait dû exploser en vol, et il est toujours là. Et gare aux audacieux qui tentent l’attaque frontale, le retour de flammes est souvent brutal. La vérité est que ses rivaux ne savent toujours pas comment l’appréhender. Cela s’est notamment ressenti lors des débats télés de novembre et décembre, lesquels furent relativement tranquilles pour l’épouvantail de la campagne, ses adversaires refusant quasi tous (à un Jeb Bush près) de saisir les perches tendues par les journalistes pour entrer en confrontation avec lui. Mais l’échéance approchant et Trump lui-même se remettant en mode offensif, il faut bien se résoudre à sortir du bois. Ainsi Ted Cruz lors du débat du 14 janvier n’hésita-t-il pas à confirmer des propos tenus quelques jours auparavant sur les « valeurs new-yorkaises » de Trump, sous-entendu des valeurs sociales progressistes, favorables à l’avortement ou au mariage gay, bref incompatibles avec l’idéologie conservatrice de tout républicain bon teint. Sur l’instant, l’attaque était faible et Trump la para sans difficulté. L’argument peut-il porter sur le long terme ? Est-il seulement pertinent pour ses sympathisants ? Et sinon, quoi pour le faire tomber ? Les appels à la raison ? La peur d’une défaite présentée comme inéluctable face à l’adversaire démocrate ? Au Grand Old Party, l’heure est en tout cas à la mobilisation pour stopper l’invraisemblable machine infernale qui menace de le faire imploser.

 

3. Ses primaires (du 1er février au 31 juillet 2016)

 

Double sensation au coup d’envoi dans l’Iowa. D’abord la participation, en forte hausse (180 000 votants contre 120 000 en 2008 et 2012). Ensuite, le verdict : Ted Cruz brûle la politesse à Trump et s’impose dans le caucus ouvrant le bal des primaires. Autre gagnant de la soirée : Marco Rubio, qui finit troisième à un cheveu du milliardaire, mais surtout précède nettement la masse des autres prétendants (Jeb Bush, Chris Christie, Ben Carson …). Il confirme ainsi son statut d’outsider modéré autour duquel le parti peut se rassembler contre les sulfureux Cruz et Trump.

L’état de grâce du sénateur de Floride est cependant de courte durée, il se prend les pieds dans le tapis face à Chris Christie lors du débat suivant et voit les scrutins qui suivent lui être nettement moins favorables. Du côté de Trump en revanche, la machine est lancée, New Hampshire, Nevada et Caroline du Sud tombent dans son escarcelle. Le premier Super Tuesday lui est également fructueux, avec sept États sur onze remportés. Manque toutefois à son tableau de chasse le plus gros morceau (le Texas, pour Cruz), et le scénario d’une convention négociée commence de plus en plus sérieusement à planer.

Pendant les quinze jours qui suivent, ses opposants vont faire de la résistance, Cruz notamment, et il va être singulièrement mis sous pression par Rubio (beaucoup) et Cruz lors des débats se tenant pendant cette période. Mais malgré ses efforts, Rubio ne peut éviter un échec en Floride, que Trump gagne haut la main. Et si, le même jour, à l’occasion du second Super Tuesday, il perd l’Ohio contre John Kasich, il remporte en revanche aussi l’Illinois, la Caroline du Nord et le Missouri. Les anti-Trump en sont pour leurs frais, ils n’ont pas su se coaliser, leur adversaire vole vers le succès.

Ted Cruz n’a toutefois pas dit son dernier mot et, dans le mois qui suit, il effectue un quasi-carton plein : Utah, Dakota du Nord, Wisconsin et Colorado sont pour lui, Trump ne gagnant que l’Arizona. Une fois encore, Cruz a tiré profit de la formule des caucus fermés, maîtrisant à la perfection leurs subtilités ainsi que le processus de sélections des délégués, quitte à recourir à des méthodes peu reluisantes pour arriver à ses fins.

Furieux, Trump enrage, parle « d’un système truqué, d’une escroquerie », prédit des émeutes si le candidat premier au nombre de délégués n’est pas investi, et menace de quitter le parti pour concourir en tant qu’indépendant. Parallèlement, il remanie son équipe et fait appel à Paul Manafort, un vétéran des primaires républicaines, qui joua un rôle actif dans le succès de Ford en 1976, puis dans ceux de Reagan en 1980 et de Bush Senior en 1988, et dont l’expérience et l’influence pourraient s’avérer cruciales en cas de convention négociée.

Le retour des primaires dans les États du Nord-Est va toutefois lui être propice : il gagne New York sans coup férir et empoche tous les scrutins en jeu lors de la primaire dite de l’Acela. Une semaine plus tard, il s’impose en Indiana, où Cruz jouait son va-tout. Dépité, le sénateur du Texas doit se rendre à l’évidence, la partie est perdue, et il annonce la suspension de sa campagne. Le lendemain, John Kasich l’imite et Trump reste seul en piste.

Pour le milliardaire commence alors une période consacrée à restaurer un semblant d’unité au sein d’un parti fracturé. Le défi est colossal. Nombreux parmi l’establishment pensent que Trump a réussi un braquage sur le Grand Old Party, que ses valeurs ne sont pas assez conservatrices, qu’au plus profond de lui ses convictions sont celles d’un démocrate, et que sa victoire a surtout été obtenue avec les voix de votants non-affiliés au parti (comme en témoigne la différence de résultats suivant le type de scrutin, caucus ou primaires, ouverts ou fermés), séduits par son discours décomplexé en matière d’immigration, de protectionnisme économique et de critique du système, autant de sujets porteurs pour les électeurs, dont la participation élevée aux primaires républicaines illustre en creux le décalage profond existant entre la base électorale et les élites du GOP.

Ensuite et peut-être surtout, il y a le style de Trump. Un style outrancier, irrespectueux et grossier que le milliardaire assume, mieux, qu’il revendique, et qui lui permet de balancer des énormités sous le couvert d’un discours de vérité. C’est peu dire que les invectives et commentaires désobligeants dont il a agoni ses adversaires ont déplu, dans un monde pourtant habitué à des campagnes dures et émaillées de coups bas. D’ordinaire, les adversaires font bonne figure et, bon gré mal gré, acceptent de se rassembler derrière le vainqueur. Ici, rien de pareil, la défiance (quand il ne s’agit pas de fronde pure et simple) ne s’éteint pas. C’est vrai du côté des politiques (Mitt Romney, les Bush, mais aussi les membres du Congrès dont le mandat doit être renouvelé cette année et qui se gardent de soutenir Trump de crainte de pénaliser leur propre élection), cela l’est aussi de celui des grands donateurs du parti. Or, si sa fortune personnelle a permis au milliardaire d’autofinancer sa campagne des primaires, il en ira autrement de la présidentielle, où les sommes à mettre en œuvre seront nettement plus élevées.

Alors, au lendemain de la primaire de l’Indiana qui a acté son succès, Trump prend son bâton de pèlerin et va à la rencontre des principaux dignitaires du parti. Début juin, il obtient officiellement le soutien de Paul Ryan, le chef de la majorité républicaine à la Chambre des représentants et patron officieux du GOP. Ryan n’est en aucun cas groupie du milliardaire, avec lequel il admet publiquement avoir des divergences. Mais, tempère-t-il, celles-ci sont moins nombreuses que leurs points communs. Alors, sans enthousiasme mais avec sérieux, il va jouer le jeu et mettre le parti en ordre de marche derrière celui qui, que ses opposants le veuillent ou non, sera inéluctablement investi à la convention de Cleveland à la mi-juillet et qu’il faudra appuyer sous peine, horreur absolue, de voir Hillary Clinton l’emporter.

De son côté, Trump tente d’affiner son image, de donner des gages de conservatisme (p.ex. en choisissant Mike Pence – un républicain bon teint – comme colistier) et de pondérer ses propos. Le vernis est néanmoins fragile et craque souvent, notamment après la tuerie d’Orlando, lorsque le milliardaire réitère sa volonté d’interdire l’immigration des musulmans, puis, plus tard, loue Saddam Hussein pour la manière dont il traitait les terroristes. Plusieurs élus manifestent leur malaise, d’autres refusent d’être associés de quelque manière que ce soit à la campagne du milliardaire, d’autres cherchent un autre candidat, et d’autres encore déclarent qu’ils voteront Hillary Clinton. Bref, à la veille de la convention de Cleveland, les dissensions sont patentes et, lorsque s’ouvre celle-ci, les anti-Trump réclament que les délégués ne soient pas tenus de voter d’après le résultat des primaires, mais puissent le faire « selon leur conscience ». Après un moment de flottement, la demande est rejetée. Mais les opposants du magnat de l’immobilier n’ont pas dit leur dernier mot. Deux jours plus tard, si Ted Cruz ouvre son discours par un mot de félicitation pour le vainqueur, ce sera la seule fois en vingt minutes qu’il prononcera son nom, concluant son speech sous les huées en appelant les électeurs à « se lever et parler et voter selon [leur] conscience, et à voter pour les candidats en qui [ils ont] confiance pour défendre [leur] liberté et être fidèle à la Constitution ». De tout cela, Trump dit n’avoir cure. L’important pour lui se passe le lendemain, lorsqu’il accepte, « humblement et avec gratitude », l’investiture à la présidentielle du parti.

 

4. Le résumé de ses débats lors des primaires

 

1er débat (août 2015, Cleveland, Ohio) : Trump, Trump, Trump. Il n’y en a eu que pour lui. L’homme a polarisé ce débat qui ouvrait la primaire républicaine et est celui qui, parmi les dix candidats présents sur scène, a reçu le plus de temps de parole.

La tendance a été donnée d’entrée : alors qu’un journaliste demandait que lèvent la main les candidats ayant l’intention de ne pas soutenir le vainqueur de la primaire et de se présenter en tant que candidat indépendant, seule celle du milliardaire se leva, déclenchant des huées dans la salle. Rand Paul l’accusa alors de se placer en faveur de Hillary Clinton et d’avoir l’habitude d’acheter des politiciens, ce à quoi Trump rétorqua qu’il lui [à Paul] avait déjà donné plein d’argent.

Outre l’immigration (et sa volonté de construire un mur à la frontière américano-mexicaine), son revirement quant à la question de l’avortement, les sommes qu’il a versées par le passé pour financer des politiciens et les quatre faillites qu’il a subies avec ses casinos, il y eut aussi comme sujets abordés avec Trump son attitude envers les femmes, une question qu’il n’apprécia visiblement pas puisqu’il se plaignit ouvertement après le débat de la manière dont la journaliste Megyn Kelly la lui avait posée, laissant entendre que, si elle avait agi ainsi, c’était parce qu’elle avait … ses règles. La remarque a évidemment déclenché un tollé.

Dans ce contexte, les neuf autres candidats ont eu du mal à exister et n’ont pas vraiment marquer les esprits, au contraire de Carly Fiorina qui a fait son petit effet lors du débat des seconds couteaux et pourrait se voir promue prochainement.

Le résumé complet du débat

 

2e débat (septembre, Bibliothèque Ronald Reagan, Californie) : Carly Fiorina est la gagnante du jour, sortant du lot par ses qualités oratoires, ses réponses claires et argumentées, ainsi que la manière avec laquelle elle a géré les escarmouches avec Trump, lequel a reçu des taquets de tous les côtés, principalement pour remettre en cause son aptitude à présider.

L’attaque la plus tranchante a été la moins frontale et fut l’œuvre de Marco Rubio qui déclara que le nouveau président devrait être informé à fond dès son entrée en fonction des aspects les plus pointus de la politique étrangère, soulignant ainsi implicitement la méconnaissance avérée de Trump sur nombre de ces aspects. Ce à quoi Trump répondit mollement par un « Je suis un businessman » et « J’en saurai plus le moment venu ». Jeb Bush fit un commentaire semblable (« le nouveau président devra gérer une situation compliquée, il faut qu’il comprenne bien la situation »), de même que John Kasich (« Il y a ici beaucoup de buzz, mais il faut parler des solutions concrètes »).

L’incident le plus mémorable eut toutefois lieu avec Fiorina, lorsque celle-ci fut invitée à réagir à une remarque faite par Trump dans le magazine Rolling Stone concernant le physique de sa rivale (« Regardez ce visage ! Qui voterait pour ça ? »), ce à quoi l’intéressée répondit : « Pas besoin de réagir, les femmes de ce pays ont clairement entendu ce qu’il a dit », tandis que Trump tentait de se rattraper aux branches en expliquant qu’il parlait de sa personnalité, pas de son aspect extérieur.

L’ensemble des taquets reçus par Trump et ses contre-attaques sont disponibles dans le résumé complet du 2e débat républicain.

 

3e débat (octobre, Boulder, Colorado) : Alors que Ben Carson talonne désormais Trump dans les sondages et que les autres prétendants à l’investiture pointent sous les 10% d’intentions de vote, le débat est marqué par la fronde commune des candidats envers les journalistes de CNBC qui animaient le débat. Il faut dire que ceux-ci ont tendu le bâton pour se faire battre en paillonnant d’un sujet à l’autre sans laisser la possibilité à tous d’intervenir au moment même de la discussion, créant ainsi de la frustration et en poussant beaucoup à revenir sur des thèmes déjà abordés lorsqu’ils recevaient la parole pour une autre question. Autre reproche à leur être adressé : la manière dont ils posèrent leurs questions, souvent agressive et tendancieuse, et donnant l’impression de davantage chercher le bon mot et déstabiliser les candidats que de vraiment vouloir aborder le fond du sujet. Les républicains eurent alors beau jeu de critiquer leur manière d’agir et de se poser en victime des médias mainstream à la solde des démocrates Marco Rubio allant jusqu’à les qualifier de « Super PAC » au service de leurs adversaires.

Cette union sacrée contre les médias a permis à Trump de passer une soirée tranquille. Ne cherchant ni à faire de vagues ni à attaquer ses rivaux (sauf John Kasich qui avait tiré en premier), il fut moins en vue que Ted Cruz, Chris Christie et Rubio qui menèrent la charge contre les journalistes, même s’il y fut mêlé à l’une ou l’autre reprise, n’hésitant pas à répondre au modérateur John Harwood qui lui demandait si son programme était « a comic book version of a presidential debate ? » qu’il n’aimait pas la manière dont était formulée la question.

Un autre couac journalistique concerna Trump (et, cette fois, le favorisa) : le manque de réaction de Becky Quick qui fut incapable de lui répondre que les propos critiques qu’il niait avoir tenu sur les positions de Mark Zuckerberg en matière d’immigration économique étaient inscrits en toutes lettres sur son propre site web.

D’autres interventions de sa part au cours du débat son disponibles dans le résumé complet du 3e débat républicain.

 

4e débat (novembre, Milwaukee, Wisconsin) : Trump est de plus en plus modéré dans son attitude. Non pas qu’il renie ses positions controversées précédentes (il les défend bec et ongles, telles celles concernant l’immigration) mais il n’en lance pas de nouvelles et s’est calmé en matière d’attaques personnelles, ne passant à l’offensive que si directement pris à partie, répondant ainsi à John Kasich qui qualifia « d’idiot » son projet sur la déportation des illégaux ou à Carly Fiorina qui a moqué sa rencontre avec Poutine sur un plateau télé. Une exception : Rand Paul, qui lui a pourtant décoché une belle flèche (quoique passée inaperçue) en signalant, au terme de l’exposé critique du magnat sur le TPP et les cadeaux offerts à la Chine, que ce pays n’était pas concerné par le TPP.

Bref, c’est le deuxième débat où Trump adopte un profil moins flamboyant, moins provocant. Le signe qu’il cherche à lisser son image afin de crédibiliser ? Ou celui d’un certain largage lorsque les discussions deviennent pointues ?

Ses interventions (sur la réforme fiscale, sur le TPP, sur le « corporate inversion » et d’autres sujets encore) sont disponibles dans le résumé complet du 4e débat républicain.

 

5e débat (décembre, Las Vegas, Nevada) : le mois qui s’est écoulé entre ce débat et le précédent a été marqué par les répercussions des attentats à Paris et San Bernardino, en particulier dans le chef du discours de Donald Trump, lequel est parti en roue libre totale, tablant sur une parole plus que jamais décomplexée qui ravit ses fans et accapare l’attention des médias de tous bords.

Au cours du débat, les candidats ont rivalisé de propositions musclées pour contrer la menace terroriste, Ted Cruz réitérant sa volonté déjà exprimée de lâcher un « tapis de bombe » sur Daech et Trump celle d’interdire l’entrée des Etats-Unis aux musulmans et de s’en prendre aux familles des terroristes. En ce qui concerne ce dernier, sa soirée a été relativement bonne, puisqu’il a pu répéter ses propositions populistes en matière d’immigration sans être mis en difficulté, et n’a pas le moins du monde été déstabilisé par les assauts de Jeb Bush, le seul (avec Rand Paul, un peu) à avoir tenté de l’attaquer (malgré les tentatives des journalistes pour que les autres candidats fassent pareil) et qu’il contra facilement avec sa morgue habituelle.

A noter que, comme Ben Carson, il a confirmé qu’il s’engageait à concourir à la présidentielle en tant que républicain et qu’il ferait tout ce qui est en son pouvoir pour battre Hillary Clinton.

Les attaques de Jeb Bush envers Trump et les autres interventions de la soirée sont disponibles dans le résumé complet du 5e débat républicain.

 

6e débat (janvier, North Charleston, Caroline du Sud) : sur le terrain, et alors qu’approche à grands pas le début des scrutins, Trump et Ted Cruz ont mis un terme à leur pacte de non-agression tacite et commencent à se critiquer de plus en plus directement. Trump a ainsi insinué que Cruz pourrait ne pas être éligible vu qu’il est né hors des Etats-Unis (au Canada) avant de l’attaquer sur son refus de renouveler les subsides fédéraux pour l’éthanol. En réaction, le sénateur du Texas a contre-attaqué en visant les « valeurs de new-yorkaises » qui lieraient Trump à Hillary Clinton et aux démocrates, ainsi qu’en mettant en doute son aptitude à être « commandant-en-chef » suite à des imprécisions du milliardaire en matière nucléaire.

Le récapitulatif des passes d’armes entre Trump et Cruz, de même que celles qui l’opposèrent une fois encore à Jeb Bush, sont disponibles dans le résumé du 6e débat républicain.

 

7e débat (janvier, Des Moines, Iowa) : pas de Trump au débat ! En cause : la présence de la journaliste Megyn Kelly pour co-animer l’événement diffusé par Fox News. Trump s’est en effet fâché avec elle début août à l’issue du premier débat et a tenu des propos douteux à son égard (cf. supra) … Au lieu d’être présent sur scène avec les autres candidats, le milliardaire organise son propre événement, consacré à une collecte de dons en faveur des vétérans de l’armée.

De leur côté, les autres candidats mettent rapidement son absence de côté, Ted Cruz évacuant d’entrée le sujet avec une petite blague. Le milliardaire ne fut ensuite plus évoqué, excepté à deux reprises par Jeb Bush, d’abord pour dire qu’il était un peu son Teddy Bear et qu’il lui manquait, puis, beaucoup plus tard, pour souligner la contre-productivité que ses propos intolérants sur les musulmans risquaient de causer dans la lutte contre Daech.

Le résumé du 7e débat républicain

 

8e débat (février, Goffstown, New Hampshire) : dans un débat marqué par la défaillance de Marco Rubio, Trump a passé une soirée tranquille. Seule anicroche au cessez-le-feu tacite qu’il semble avoir conclu avec Ted Cruz pour ce débat : un coup en douce lors des déclarations de clôture (Trump était le dernier à parler), lorsqu’il déclara que le sénateur du Texas avait gagné en Iowa en prenant les votes de Carson. Sur ce sujet, Cruz a expliqué les raisons du dérapage (blâmant CNN) et présenté ses excuses à Carson, lequel a dit que de telles méthodes étaient symptomatiques de l’éthique à Washington.

Un moment vaguement délicat à signaler toutefois pour Trump : lorsqu’il lança un « Quiet ! » insultant à l’adresse de Jeb Bush lors d’un échange tendu au sujet du « Eminent Domain », Bush stigmatisant l’emploi que le milliardaire en avait fait à Atlantic City au sujet de la propriété d’une vieille femme.

Le résumé du 8e débat républicain

 

9e débat (février, Greenville, Caroline du Sud) : ça a castagné sec, avec pas moins de sept prises à partie entre candidats, dont quatre entre Trump et Jeb Bush.

Résultats de cette agressivité marquée : Trump semble plus que jamais en position de pouvoir tout se permettre et traite Bush avec un dédain incroyable. Celui-ci bataille mais n’a pas la carrure ni les arguments pour déstabiliser le magnat. L’autre sortie marquante concernant le milliardaire a été son attaque brutale sur Ted Cruz, comme s’il avait reçu un blanc-seing pour exprimer ce que le parti pense du sénateur du Texas, lequel fait office de repoussoir interne numéro un, comme l’a montré la passe d’arme sur l’immigration avec Marco Rubio.

Le récapitulatif des prises en partie entre Bush et Trump est disponible dans le résumé du 9e débat républicain.

 

10e débat (février, Houston, Texas) : dernière possibilité pour Ted Cruz et Marco Rubio de déstabiliser Trump et le conduire à la faute avant le Super Tuesday. La bagarre est montée d’un cran, voire de plusieurs, et d’emblée, quitte à tourner à la cacophonie. Mis sous pression comme jamais au cours d’un débat, le milliardaire a parfois eu l’air agacé et irrité mais est resté maitre de ses nerfs et a répliqué sans déraper ni connaître de mauvaises passes. Bref, pas de défaillance de sa part, ni de brèche véritable dans laquelle ses adversaires auraient pu s’engouffrer.

Le récapitulatif des nombreuses passes d’armes qui émaillèrent la soirée est disponible dans le résumé complet du 10e débat.

 

11e débat (mars, Detroit, Michigan) : même configuration que pour le débat précédent, avec un Trump harcelé par Ted Cruz, Marco Rubio et les journalistes, tandis que John Kasich fait bande à part en refusant toute attaque ad hominem et se pose en « adulte » qui refuse les insultes et est doté de l’expérience nécessaire pour mener le pays.

Le début des échanges est surréaliste et vole bas. Alors que Rubio venait d’expliquer pourquoi il se livrait depuis quelques semaines à des attaques personnelles à son encontre (« So if there is anyone who has ever deserved to be attacked that way, it has been Donald Trump, for the way he has treated people in the campaign »), le milliardaire revient sur une remarque proférée par le sénateur de Floride lors d’un meeting à propos de ses mains, des mains que Rubio avait qualifiées de « petites », sous-entendant que, dans ce cas, une autre partie de l’anatomie de Trump devait l’être aussi. Visiblement offusqué, le magnat tient à mettre les choses au clair : « And he referred to my hands, if they are small, something else must be small. I guarantee you there is no problem. I guarantee. » Les débats suivants pourront-ils tomber plus bas ?

Le récapitulatif des autres tentatives de déstabilisation à l’encontre de Trump, de même que les questions dérangeantes posées par les journalistes concernant ses rapports avec le KKK et les poursuites qu’il encourt dans l’affaire de la Trump University sont disponibles dans le résumé complet du 11e débat.

 

12e débat (mars, Miami, Floride) : retour au calme, avec un débat beaucoup plus policé que les précédents. Marco Rubio en particulier cesse de s’en prendre frontalement à Trump, ses tentatives passées n’ayant il est vrai guère été teintées de succès vu les faibles scores que le sénateur de Floride a enregistré ces derniers jours. Le sentiment d’accalmie est palpable chez tous les participants : Trump n’a manié ni l’insulte ni le dénigrement humiliant, et Ted Cruz (comme Rubio) a lancé des attaques franches mais pas agressives verbalement.

A noter que dès l’ouverture du débat, Trump a appelé l’establishment à « embrace what’s happening » et évoqué l’enthousiasme de « millions de nouvelles personnes » se rendant aux urnes.

Le récapitulatif des sujets abordés au cours de la soirée débat est disponible dans le résumé complet du 12e débat.

 

5. La présidentielle (du 1er août au 11 novembre)

 

Le résumé du duel Trump-Clinton et de la victoire du candidat républicain est disponible ici.

 

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