Carly Fiorina en 20151. Introduction (15 septembre 2015)

2. Son avant-primaires (du 1er août 2015 au au 31 janvier 2016)

3. Ses primaires (du 1er février au au 31 juillet 2016)

4. Ses prestations lors des débats

5. Style et positions

 

 

1. Introduction (15 septembre 2015)

 

Née à Austin (Texas) en 1954 (61 ans en 2015), Carly Fiorina est surtout connue pour avoir été la CEO de la société HP de 1999 à 2004. Entrée récemment en politique, elle a été conseillère du candidat républicain à la présidentielle de 2008 John McCain, puis candidate en 2010 à un poste de sénateur en Californie, où elle fut défaite par son adversaire démocrate.

 

2. Son avant-primaires

 

Confinée avec les seconds couteaux lors du débat de Cleveland du mois d’août 2015, Fiorina y livre une prestation remarquée qui lui permet d’intégrer le débat prime-time de septembre, où elle fait forte impression, notamment lors d’échanges musclés avec Donald Trump, qu’elle est la seule ce soir-là à être vraiment capable de bousculer. Propulsée à 10% dans les sondages, elle voit toutefois cette percée n’être qu’un feu de paille et elle rentre vite dans le rang, au point même de ne pas être conviée aux deux débats prime-time de janvier.

 

3. Ses primaires

 

N’obtenant que 1,9% et 4,2% dans les scrutins de l’Iowa et du New Hampshire, Fiorina suspend sa campagne à la mi-février.

Début mars, officialise son ralliement à Ted Cruz. Celui-ci, dans une ultime tentative pour se relancer, annonce juste avant la primaire de l’Indiana que Fiorina sera sa colistière s’il est investi par le parti. Ce qui ne se produit pas : Donald Trump le bat sèchement dans cet État qui s’apparentait comme celui de la dernière chance pour le sénateur du Texas.

En septembre 2016, des rumeurs lui prêtent l’intention de viser la présidence du RNC. De son côté, elle effectue une déclaration sur la nécessité d’avoir une présidence Trump, pas Clinton. Lorsqu’éclate le scandale des propos de Trump sur les femmes, elle appelle le candidat à se retirer et à laisser Mike Pence concourir à sa place.

 

4. Le résumé de ses débats

 

1er débat (août 2015, Cleveland, Ohio) : alors que le débat prime-time est phagocyté par Donald Trump, Carly Fiorina participe au débat des seconds couteaux et, de l’avis quasi général, y livre une prestation positivement remarquée. Les chances de la voir décoller dans les sondages deviennent élevées.

Le résumé complet du 1er débat républicain prime-time

 

2e débat (septembre, Bibliothèque Ronald Reagan, Californie) : Carly Fiorina est la gagnante du jour, sortant du lot par ses qualités oratoires, ses réponses claires et argumentées, ainsi que la manière avec laquelle elle a géré les escarmouches avec Donald Trump. La plus commentée concerna une remarque émise par Trump lors d’une interview au magazine Rolling Stone, auquel, en parlant du physique de sa rivale, il avait déclaré : « Regardez ce visage ! Qui voterait pour ça ? ». Invitée lors du débat à réagir à ces propos (et alors que Trump tentait de se rattraper aux branches en expliquant qu’il parlait de sa personnalité, pas de son physique), l’intéressée répondit : « Pas besoin de réagir, les femmes de ce pays ont clairement entendu ce qu’il a dit ».

Fiorina batailla aussi avec lui sur la gestion de ses casinos (« uniquement bâtie sur la dette ») et les quatre faillites qu’il a subies, puis expliqua qu’était un non-sens son idée de réviser la Constitution pour empêcher les enfants nés de parents immigrants illégaux d’obtenir automatiquement la citoyenneté américaine.

Niveau communication et prestance, Fiorina a montré n’avoir de leçon à recevoir d’aucun de ses rivaux. L’expérience emmagasinée à la tête d’HP lui sert à plein, elle en impose, sait se défendre sans être agressive (cf. la réponse à la remarque de Trump sur son visage) et distille sans trop en faire des éléments de sa vie qui la rapprochent du public (la mort d’une des filles de second mari, en partie liée à la drogue ; son parcours professionnel, qui l’a menée du bas de l’échelle au plus haut niveau). « Distiller » est le mot juste : Fiorina n’a pas été dans l’émotion, comme elle n’a pas joué de sa qualité de femme, même lors de l’échange (provoqué par le modérateur, pas par elle) avec Trump sur son visage, un échange au cours duquel elle ne la joua pas scandalisée ni ne prit la Terre entière à témoin, se contentant de répondre sobrement et efficacement. Voilà pour la partie émotion et féminité. Car sur quasi tous les autres sujets, Fiorina a surtout voulu prouver qu’elle pouvait se montrer aussi résolue et inflexible que les candidats masculins les plus testostéronés. Ses prises de position sur la reprise des dépenses militaires, les interventions à l’étranger, le soutien à Israël et l’avortement (contre lequel elle sortit une tirade enflammée, mais aussi polémique) ont été fermes et musclées. Elle a en outre été l’auteur d’une attaque au vitriol à l’égard d’Hillary Clinton (« elle a un bilan effroyable en matière de mensonges » et, évoquant les nombreuses réalisations que la démocrate affirme avoir accomplie : « elle devrait savoir que voler en avion est une activité, par un accomplissement ») et porté des jugements d’une grande sévérité sur la classe politique dans son ensemble

Bref, Fiorina a montré être une personnalité déterminée, à caractère fort et tendance conservatrice hardcore, qui, en outre, connait ses dossiers, comme en témoigne, lors d’une adresse virulente à l’égard de Poutine, la litanie des mesures militaires qu’elle préconise afin de mettre sous pression le dirigeant russe. Une prestation convaincante donc, qui ne devrait pas tarder à se traduire dans les sondages.

Le résumé complet du 2e débat républicain

 

3e débat (octobre, Boulder, Colorado) : alors que Ben Carson talonne désormais Donald Trump dans les sondages et que les autres prétendants à l’investiture pointent sous les 10% d’intentions de vote, le débat est marqué par la fronde des candidats envers les journalistes de CNBC qui animaient le débat, une fronde à laquelle Fiorina assiste mais ne se mêle pas.

Si elle est le candidat à avoir le plus parlé, Fiorina a toutefois moins marqué les esprits que lors du débat précédent. Interrogée sur la faible performance de l’action HP lorsqu’elle était à la tête de la société, elle expliqua avoir été engagée pour sauver une entreprise qui venait de manquer ses objectifs lors de neuf trimestres consécutifs et qu’elle y était parvenue en faisant des « tough calls » (des décisions difficiles), ajoutant que c’est ce qui devra être fait à Washington et que l’un des problèmes majeurs du pays était les grandes intentions proclamées à chaque élection mais jamais réalisées par manque de leaders produisant des résultats. Elle livra une longue tirade pour expliquer pourquoi le gouvernement était néfaste pour tout le monde (les grandes entreprises, les PME …), réitéra qu’il fallait le réduire et fuir comme la peste toute forme d’interventionnisme fédérale supplémentaire, et conclut en déclarant « ne pas forcément être la candidate de vos rêves », mais qu’elle serait assurément le pire cauchemar d’Hillary Clinton. Une remarque amusante en début de débat : interrogée sur sa plus grande faiblesse, elle répondit en arborant face caméra son regard le plus enjoué : « On m’a dit que je ne souriais pas assez ».

A noter qu’elle a cette fois davantage joué la carte féminine en sortant une tirade enflammée pour critiquer la différence de traitements envers les femmes sur le marché de l’emploi, puis en affirmant que 92% des emplois perdus lors du premier mandat de Barack Obama étaient des emplois tenus par des femmes et que Clinton atteignait des sommets d’hypocrisie sur ce sujet tant ses propositions sont néfastes pour cette cause qu’elle prétend défendre.

Le résumé complet du 3e débat républicain

 

4e débat (novembre, Milwaukee, Wisconsin) : peu d’originalité dans ce débat pour ce qui est des sujets abordés et des tirades prononcées, beaucoup de propos et positionnements ayant déjà été entendus lors des soirées précédentes, parfois (quasi) au mot près. Bref, un débat un peu pour rien, sans vainqueur ni perdant, ni moment vraiment fort.

Concernant Fiorina, ses interventions ont principalement consisté à vilipender le gouvernement actuel et à appeler à une réforme drastique du code fiscal, ainsi qu’à plus de rigueur budgétaire et à défendre les PME. N’hésitant pas à s’imposer dans les conversations, elle s’est cependant prise en retour une remarque acerbe de Donald Trump (« pourquoi interrompt-elle toujours tout le monde ? ») alors qu’elle coupait la parole à Rand Paul.

Sa prestation s’acheva par la description d’un futur apocalyptique en cas d’élection d’Hillary Clinton et l’affirmation qu’elle était capable de la battre et qu’elle restaurerait le caractère de cette nation.

Le résumé complet du 4e débat républicain

 

5e débat (décembre, Las Vegas, Nevada) : le débat se déroule dans un contexte bien différent du précédent suite aux attentats qui ont frappé Paris et San Bernardino.

Pas de changements de stratégie toutefois en ce qui concerne Carly Fiorina, ses cibles favorites restent le gouvernement fédéral, Hillary Clinton, etc., et elle continue de marteler des positions fermes et musclées en manière de politique étrangère (Russie, Chine, Corée …), se déclarant prête à aller au combat. Son discours porte toutefois de moins en moins, son envolée sondagière a été brève, elle ne marque plus les débats et donne l’impression d’être mise sur le côté dans les discussions et de ne plus parvenir à s’y immiscer.

Le résumé complet du 5e débat républicain

 

6e débat (janvier, North Charleston, Caroline du Sud) : vu ses sondages de plus en plus bas, Carly Fiorina est reléguée dans le débat des seconds couteaux.

Le résumé complet du 6e débat républicain prime-time

 

7e débat (janvier, Des Moines, Iowa) : pas de changement pour Fiorina, ses sondages restent médiocres et elle doit une fois de plus se contenter du débat des seconds couteaux.

Le résumé complet du 7e débat républicain prime-time

 

5. Style et positions

 

Se profilant comme une nouvelle venue apportant un souffle nouveau à une classe politique corrompue et incapable de résoudre les problèmes des gens, Carly Fiorina a clairement joué la carte outsider, à laquelle elle a ajouté celle de « Meilleure ennemie d’Hillary », dont elle clama vouloir devenir le « pire cauchemar » et fustigea le bilan chaque fois qu’elle le put.

Seule femme en lice côté républicain, elle joua en revanche assez peu de la carte « féminité », multipliant au contraire les prises de positions fermes et martiales sur nombre sujets, comme si elle cherchait à prouver que ses paroles et ses actes pouvaient être aussi musclés que ceux des mâles les plus virulents. Cette attitude se remarqua surtout sur les questions militaires et de politiques étrangères, où elle la joua « faucon » prête à partir au combat pour faire respecter son pays, notamment vis-à-vis de la Russie et de la Chine (ce qui permit à Rand Paul, suite à des déclarations de Fiorina et Chris Christie à ce sujet, d’ironiser sur le fait que les électeurs savaient désormais pour qui voter s’ils voulaient une Troisième Guerre Mondiale).

En matières sociales aussi ses postures furent tranchées et alignées avec celles de nombreux républicains hardcore, notamment en matière d’avortement, au sujet duquel elle est farouchement opposée. Elle s’affirma également contre la régulation excessive que Washington fait peser sur le monde des entreprises et se déclara en faveur d’un code fiscal réduit à trois pages.

 

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