Nombreuses sont les personnalités à être impliquées dans la campagne 2016, que ce soit pour y jouer un rôle actif ou être simplement évoquée. Petit tour d’horizon forcément non exhaustif de ces gens et de la manière dont ils ont contribué à animer la présidentielle.
1. Chez les républicains
a) Trump et son entourage – b) Les officiels du parti – c) Les candidats pour 2016 – d) Autres figures actuelles – e) Figures historiques
2. Chez les démocrates
a) Clinton et son entourage – b) Les candidats pour 2016 – c) Autres figures actuelles – d) Figures historiques
3. Autres personnalités
a) Les candidats Third Party – b) Figures historiques – c) Les journalistes – d) Divers
1. Chez les républicains
a) Trump et son entourage
Donald Trump
Né à Queens (New York) en 1946 (70 ans en 2016), Donald Trump est un magnat multimilliardaire de l’immobilier connu pour son verbe haut. Il doit une partie de sa notoriété à une émission de téléréalité (The Apprentice) où il juge de jeunes ambitieux voulant faire carrière dans le monde des affaires (l’expression « You’re fired ! » – vous êtes virés ! – est devenue emblématique de cette émission).
Plusieurs fois tenté par l’aventure présidentielle, Trump s’est lancé en juin 2015 dans la course à l’investiture républicaine. Son style outrancier et direct surprend les candidats traditionnels qui ne savent comment réagir à ce personnage si différent, dont le style et les propositions-chocs séduisent la base du parti. Son slogan ? « Make America Great Again », en référence à un pays qui, selon ses dires, périclite, a cessé de gagner et n’est plus respecté. Parmi ses propositions-phares : expulser les onze millions d’immigrés illégaux vivant aux États-Unis et construire un mur à la frontière américano-mexicaine. Son style : direct et ne s’embarrassant pas des convenances, ni du politiquement correct qu’il prétend dénoncer.
Caracolant dans les sondages depuis sa déclaration de candidature, il remporte la primaire républicaine en mai 2016, malgré les appels de plus en plus nombreux au sein du parti pour lui barrer la route.
Au terme d’une campagne dure, chahutée et polémique, où il se retrouve plusieurs fois en difficultés (pour ses impôts, pour son comportement envers les femmes, pour son refus de déclarer qu’il acceptera le verdict des urnes, pour ses insultes, pour ses positions en matière de politique étrangère, etc.), il remporte à la surprise générale le scrutin pour la Maison Blanche et devient le 45e président des États-Unis.
Le portrait du candidat ainsi que le résumé de ses positions et de sa campagne sont ici.
Mike Pence
Né à Columbus (Indiana) en 1959 (57 ans en 2016), Mike Pence a été membre de la Chambre des représentants de 2001 à 2003 et est gouverneur de l’Indiana depuis 2013. Il est choisi peu avant la convention républicaine de juillet 2016 par Donald Trump pour être son colistier. Newt Gingrich et Chris Christie étaient également pressentis pour cette position.
L’homme qui sera vice-président des États-Unis en cas de victoire de Trump est proche du mouvement Tea Party et farouchement opposé à l’avortement et au mariage gay. Il est également sceptique sur l’impact de l’activité humaine dans le réchauffement climatique et, en 2007, s’est opposé au relèvement du salaire minimum fédéral de $5,15/h à $7,25/h. Bref c’est un conservateur radical qui va donner des gages aux orthodoxes du parti, mais est peu susceptible d’améliorer la cote de Trump auprès des femmes, des centristes et des minorités.
Le 4 octobre 2016, il livre un bon débat face au colistier de Clinton, Tim Kaine, lequel se montre trop agressif. Les casseroles que Trump se ramasse sur ses impôts et sur ses propos sur les femmes quelques jours plus tard en annihile toutefois les bénéfices.
Au cours des semaines qui suivent, Pence et Trump apparaissent plusieurs fois en porte-à-faux, par exemple sur la Russie (Pence déclare qu’il faut se montrer plus ferme à son égard, notamment en Syrie, ce que Trump contredit ouvertement), ou sur la reconnaissance des résultats de la présidentielle (Pence déclare que Trump et lui les reconnaîtront sans ambages, tandis que le milliardaire se montre beaucoup moins catégorique et fait la polémique lors du troisième débat).
Ces dissensions n’empêchent pas le moins du monde Donald Trump de remporter son duel avec Hillary Clinton et ainsi d’accéder à la présidence, et donc, pour Mike Pence, de devenir vice-président.
La famille Trump
La famille de Donald Trump (lequel a cinq enfants issus de trois mariages) est impliquée à des niveaux divers dans sa campagne. La plus en vue est son épouse Melania (46 ans en 2016), mais pas toujours pour des motifs très glorieux. Ainsi le discours qu’elle a prononcé à la convention d’investiture de son mari a-t-il fait scandale en raison de nombreux « emprunts » effectués dans celui que … Michelle Obama avait donné lors de la convention démocrate de 2008. Autre controverse à lui être associée : la ressortie de photos dénudées du temps où elle était mannequin (années 1990). De premiers clichés sexy (mais softs) remontent à la surface au printemps, tandis que d’autres, plus suggestifs et où elle prend la pose avec une autre fille, apparaissent après l’investiture de son mari.
Autre tentative pour la salir : une accusation d’avoir été escort girl, des propos lancés par un blogueur du journal Daily Mail, envers lesquels Melania Trump intente une action en justice. De son côté, Donald Trump s’est notamment servi d’elle en twittant un photomontage comparant son visage avec celui de l’épouse de son rival Ted Cruz, pour laquelle Trump avait évidemment choisi une photo peu flatteuse.
Dans un autre registre, Melania Trump est envoyée en mission de déminage fin octobre 2016 sur CNN et Fox News afin d’expliquer que le timing des révélations concernant le comportement de Trump avec les femmes sont l’œuvre d’un complot des médias et des démocrates. Et après avoir catégoriquement rejeté les accusations d’agressions sexuelles lancées ces dernières semaines par plusieurs femmes, elle conclut en déclarant que son mari est quelqu’un de gentil, voire un gentleman.
Particulièrement impliquée dans la campagne est la fille de Trump Ivanka, née en 1981 d’un premier mariage, et dont le discours à la convention de Cleveland (juste avant celui de son père) a généralement fait bonne impression. Un peu moins en vue mais très actif et influent dans l’ombre, son mari (et donc gendre de Trump) Jared Kushner (lui aussi né en 1981) est un des conseillers principaux du milliardaire. D’origine juive, il est lui-même un riche homme d’affaires actif dans l’immobilier. Diverses rumeurs soulignent son rôle dans le départ de Corey Lewandowski comme directeur de campagne au profit de Paul Manafort.
Le fils aîné de Trump, Donald Junior, participe également à la campagne. A la convention de Cleveland, c’est à lui qu’est revenu d’annoncer le résultat de la primaire tenue dans l’État de New York (dont il est un des délégués), une annonce prévue pour coïncider avec le moment exact où le décompte des votes donnait à son père la majorité absolue requise pour être officiellement investi candidat.
Au cours de la campagne contre Clinton, Donald Jr. se fait notamment remarquer par un tweet-polémique censé résumer le dilemme de l’accueil des réfugiés syriens (voir le dernier paragraphe de l’article ici).
Une cocasserie : pour s’être inscrits trop tard sur les listes électorales, ni Ivanka ni Donald Junior n’ont pu voter à la primaire de New York.
Corey Lewandowski
Né à Lowell (Massachusetts) en 1973 (43 ans en 2016), Corey Lewandowski est le directeur de campagne de Donald Trump de janvier 2015 à juin 2016. Son mot d’ordre : « Let Trump be Trump » (« Laisser Trump être Trump »), c.-à-d. ne pas brider son naturel, le laisser s’exprimer comme il l’entend, outrances comprises. Les sondages qui s’envolent et les victoires qui s’enchaînent dans les primaires valident cette stratégie.
L’étoile de Lewandowski pâlit toutefois en mars 2016 lorsqu’il est poursuivi pour voies de fait sur la journaliste Michelle Fields, laquelle l’a accusé de l’avoir violemment tirée par l’avant-bras lors d’un meeting en Floride début mars. L’affaire a fait du bruit mais se solde finalement par un non-lieu faute de preuves suffisantes.
C’est cependant une autre raison qui va pousser Trump à se séparer de ses services. Dès lors que la victoire de celui-ci sur ses rivaux républicains est acquises (début mai 2016), une lutte d’influence se déroule dans son entourage entre ceux (dont Paul Manafort) qui voudraient que Trump se « présidentialise » et mettent la pédale douce sur les dérapages, et ceux (dont Lewandowski) qui restent partisans d’une ligne décomplexée et veulent que le milliardaire conserve le style qui a fait son succès depuis son entrée en lice. La mauvaise passe sondagière qu’il subit en juin conjuguée à de mauvaises levées de fonds convainquent le magnat de l’immobilier de suivre l’avis des premiers et Lewandowski est évincé. Il se recase aussitôt chez CNN, dont il devient un commentateur politique.
Paul Manafort
Né à New Britain (Connecticut) en 1949 (67 ans en 2016), Paul Manafort est un vétéran des primaires républicaines, lui qui joua un rôle actif dans les investitures de Ford en 1976 (face à Reagan), de Reagan en 1980 (face à George Bush père) et de George Bush père en 1988 (face à Bob Dole).
Son embauche en mars 2016 par Donald Trump pour renforcer se place dans la perspective alors de moins en moins improbable d’une convention négociée, Dans un tel scénario, les délégués (contraints lors du premier tour de vote à la convention de voter selon le verdict des scrutins des primaires dans leur État) deviennent libres de choisir le candidat de leur choix si un deuxième tour s’avère nécessaire. La question de leur fidélité est donc cruciale, et Trump risque d’en voir beaucoup se détourner de lui. Le travail de Manafort est donc d’une part de s’assurer que les États enverront à la convention des délégués favorables à Trump, et d’autre part de trouver les arguments qui portent pour convaincre ceux tentés de changer de vote.
L’abandon fin mai de Cruz et Kasich rend caduc ce scénario et Manafort consacre alors ses efforts à rabibocher un tant soit peu Trump et les pontes du parti, que le milliardaire n’a guère ménagé. L’influence prise par Manafort devient de plus en plus forte et il obtient le départ du directeur de campagne Corey Lewandowski, lequel était partisan que Trump conserve le style outrancier qui a fait son succès depuis le début des primaires, alors que Manafort désirait le voir davantage se présidentialiser.
Les relations douteuses de Manafort avec plusieurs dictateurs à qui il a par le passé monnayé des services de conseil et lobbying (Mobutu, Marcos, Savimbi …) ne tardent toutefois pas à refaire surface. La plupart (si pas toutes) étaient connues, mais la révélation de son implication dans une affaire de corruption concernant l’ex-président ukrainien Ianoukovitch lui porte un coup fatal, Trump décidant alors de s’en séparer.
Stephen Bannon
Né à Norfolk (Virginie) en 1953 (63 ans en 2016), Stephen Bannon est un polémiste politique haut en couleurs et sulfureux qui, de 2012 à août 2016, est le président exécutif du site d’information conservateur (voire carrément de droite extrême) Breitbart News, lequel est proche du mouvement Tea Party, se montre virulent vis-à-vis de l’establishment républicain, et soutient Trump depuis le début de sa campagne.
Suite aux scandales rattrapant Paul Manafort et à son enlisement dans les sondages, Donald Trump nomme Bannon président de sa campagne en août 2016. Cette nomination semble indiquer la volonté du milliardaire de faire marche arrière en ce qui concerne ses tentatives pour lisser son style et se présidentialiser, au profit d’un retour au discours direct et sans fioritures qui a fait son succès lors de la primaire républicaine.
Parmi l’électorat-cible visé par Bannon : les travailleurs déclassés des États de la Rust Belt. Trump s’activait déjà à les séduire avant son arrivée, mais l’ex-homme fort de Breitbart News a contribué à davantage encore renforcer cette stratégie et est perçu comme un acteur-clef de la victoire surprise du milliardaire à la présidentielle.
Kellyanne Conway
Née en 1967 (49 ans en 2016), Kellyanne Conway est une spécialiste des sondages politiques qui a travaillé avec plusieurs figures politiques républicaines en vue, tels Newt Gingrich (primaires 2012) et Mike Pence. Elle est également apparue régulièrement sur les chaînes CNN et Fox News comme commentatrice politique.
Au cours de la campagne pour la présidentielle 2016, elle dirige d’abord un Super PAC favorable à Ted Cruz, avant de devenir conseillère de Donald Trump en juillet 2016. Un mois plus tard, au moment de la réorganisation de son équipe qui voit Paul Manafort partir et Stephen Bannon être nommé président de sa campagne, Trump confie à Kellyanne Conway le rôle de directrice de campagne en charge des aspects stratégiques et opérationnels de celle-ci. Elle devient dès lors une figure en vue de l’entourage de Trump et se montre très présente en interviews et sur les plateaux télés, où elle doit parfois ramer pour expliquer telle ou telle prise de position polémique de son poulain.
David Bossie
Né à Boston (Massachusetts) en 1965 (51 ans en 2016), David Bossie est un activiste politique qui est depuis 2000 le président de l’organisation Citizens United, celle à l’origine du fameux arrêté pris en 2010 par la Cour suprême et qui porte son nom. Il est également réputé être un opposant actif et de longue date de Bill et Hillary Clinton. Ainsi s’est-il fait connaître à la fin des années 1990 en étant engagé par un représentant républicain au Congrès pour enquêter sur les scandales liés aux Clinton avant l’arrivée de Bill à la Maison Blanche, notamment l’affaire Whitewater. Il a également rédigé plusieurs ouvrages sur ses ennemis démocrates, dont The Many Faces of John Kerry (2004), mais aussi Prince Albert : the Life and Lies of Al Gore (2000, co-écrit avec Floyd Brown, le fondateur de Citizens United) et Hillary: the Politics of Personal Destruction (2008).
Le 1er septembre 2016, Donald Trump annonce sa nomination au poste de directeur adjoint de son équipe de campagne. Réaction de John Podesta (le président de la campagne d’Hillary Clinton) : « Depuis maintenant des mois, Citizens United fait office de bras armé de la campagne de Trump, et le recrutement de Bossie ne fait qu’officialiser la situation. C’est simplement le dernier signe en date que Trump a placé aux commandes de sa campagne les éléments de la frange la plus extrême de la droite ».
Roger Ailes
Né en Ohio en 1940 (70 ans en 2016), Roger Ailes est le fondateur de la chaîne de télévision conservatrice Fox News. Président de cette chaîne depuis le premier jour (7 octobre 1996), il est toutefois acculé à la démission en juillet 2016 suite à des accusations médiatisées de harcèlement sexuel auprès de plusieurs employées de la chaîne.
Quelques semaines plus tard, le New York Times dévoile que Roger Ailes conseille désormais personnellement Donald Trump. Son implication concernera plus particulièrement la préparation des débats télévisés. Avant sa carrière télévisuel, Roger Ailes a notamment été consultant pour Richard Nixon, Ronald Reagan (campagne de 1984) et George Bush père (campagne de 1988, où il est à la base de la fameuse publicité négative Revolving Doors contre le démocrate Michael Dukakis).
Newt Gingrich
Né à Harrisburg (Pennsylvanie) en 1943 (73 ans en 2016), Newt Gingrich est membre de la Chambre des représentants de 1979 à 1999 en tant qu’élu de la Géorgie. Il a été désigné « Homme de l’année » par le magazine Time en 1995 pour avoir contribué à rendre aux républicains la majorité dans ladite Chambre (dont il devient alors le speaker pendant quatre ans), une majorité dont ils étaient privés depuis quarante ans.
En 2011, il se déclare candidat à la primaire républicaine pour la présidentielle 2012. Les sondages à la fin de l’automne 2011 le placent en position de favori, mais cet avantage s’érode rapidement et il subit de lourdes défaites lors des premiers scrutins. Malgré un sursaut et quelques victoires, il ne parvient pas à rivaliser avec Mitt Romney et suspend sa campagne début avril.
En 2016, il se positionne en faveur de Donald Trump et fait partie des trois derniers candidats en lice pour être le colistier de Trump, un poste qui revient finalement à Mike Pence. Il mène ensuite activement campagne en faveur du magnat de l’immobilier, et n’hésite pas à monter au créneau pour le défendre lorsque celui-ci est mis sur la sellette.
Ben Carson
Né à Detroit (Michigan) en 1951 (63 ans en 2015), Ben Carson a derrière lui une carrière de neurochirurgien fameuse, marquée entre autres par la première séparation réussie de jumeaux siamois par la tête.
Également connu pour sa biographie (qui inspira un téléfilm), il doit sa soudaine notoriété politique à un discours largement relayé qu’il tint en 2013 au National Prayer Breakfast en présence du président Obama, dans lequel il critiqua le politiquement correct et exposa ses points de vue en matière de santé et fiscalité.
Se déclarant en mai 2015 candidat à la primaire républicaine, il voit ses sondages brusquement grimper à la fin de l’été et le mettre au coude-à-coude avec Donald Trump, dont il diffère totalement au niveau du style, Carson n’étant que calme, douceur et exquise urbanité. La donne change toutefois avec les attentats de Paris et de San Bernardino, lorsque la question du « commandant-en-chef » devient primordiale. En retrait dans les débats (où il est souvent terne) et sans expérience en politique étrangère, Carson voit sa cote tomber au profit du martial et belliqueux Ted Cruz, qui lui siphonne la majeure partie de son électorat. Les scrutins d’ouverture confirment cette tendance, Carson n’y fait que de la figuration, et, après le Super Tuesday, il jette l’éponge et rallie la campagne de Donald Trump, où il joue un rôle modérément actif.
Le portrait du candidat ainsi que le résumé de ses positions et de sa campagne sont ici.
Chris Christie
Né à Newark (New Jersey) en 1962 (53 ans en 2015), Chris Christie est attorney general du district de New Jersey de 2002 à 2008, puis gouverneur du New Jersey en 2010, où il est largement réélu en 2013.
Il se lance dans la campagne présidentielle avec de bonnes intentions de vote, mais sa réputation est ternie par le scandale du Bridgegate et il rentre dans le rang. Il n’en reste pas moins volontaire et combatif, et est un des principaux animateurs des débats, où son numéro favori consiste à endosser le costume du maître d’école intervenant au beau milieu d’une altercation entre candidats pour siffler la fin de la récré et montrer combien, lui, il est adulte et concentré sur les sujets importants. Cette approche ne change toutefois pas fondamentalement la donne et il doit renoncer après le scrutin du New Hampshire.
Quelques semaines plus tard, à la surprise générale, il annonce se rallier à Donald Trump. Celui-ci le nomme en mai à la tête de l’équipe chargée de préparer la transition avec l’administration Obama si le milliardaire gagne l’élection. Christie apparaît alors comme un colistier possible de Trump et fait partie des trois derniers noms retenus par l’homme d’affaires, lequel choisit finalement Mike Pence. Christie n’en garde pas moins un rôle important dans la campagne de Trump (il demeure responsable de l’équipe chargée de préparer la transition), mais est rattrapé par le Bridgegate peu avant l’élection et est alors discrètement (et provisoirement) mis sur le côté.
Le portrait du candidat ainsi que le résumé de ses positions et de sa campagne sont ici.
b) Les officiels du parti
Paul Ryan
Né Janesville en 1970 (46 an en 2016), Paul Ryan est membre de la Chambre des représentants pour le Wisconsin depuis 1999. Président du House Budget Committee de 2011 à 2015, il est en première ligne lors de la crise du shutdown de 2013. Il devient ensuite président d’un autre comité du Congrès (le House Ways and Means Committee) mais est appelé en catastrophe à l’automne 2015 pour prendre le rôle de chef de la majorité républicaine à la Chambre et en devenir le speaker après la démission de John Boehner (jugé trop modéré par les élus Tea Party genre Ted Cruz) et le refus de Kevin McCarthy de le remplacer.
Figure montante du parti depuis quelques années, Paul Ryan a été choisi en 2012 par Mitt Romney pour être son colistier face au duo Barack Obama-Joe Biden. Au cours des primaires 2016 (auxquelles il ne concourt pas), il se montre d’abord distant vis-à-vis de Donald Trump et son nom circule comme solution possible en cas de convention négociée, bien que lui-même ait exclu vouloir être un candidat de compromis.
Lorsque la victoire de Trump devient inévitable, Ryan se déclare dans un premier temps « pas encore prêt » à le soutenir, avant de l’adouber officiellement le 2 juin, admettant certes des divergences de vue, mais déclarant aussi que celles-ci sont moins nombreuses que leurs points communs. Depuis, sans enthousiasme mais avec professionnalisme, il s’évertue à tenter d’arrondir les angles entre Trump et ses opposants au sein du GOP, non sans toutefois se démarquer régulièrement des propos tenus par le magnat de l’immobilier (sur l’immigration, ou lors de sa prise à partie avec la famille Khan). Trump lui rend la pareille début août en refusant de le soutenir publiquement lors de la primaire que Ryan doit mener au Wisconsin pour renouveler sa fonction de représentant, Trump déclarant : « I like Paul, but these are horrible times for our country. We need very strong leadership. We need very, very strong leadership. And I’m just not quite there yet. I’m not quite there yet ». Il change toutefois d’avis quelques jours plus tard et officialise alors son soutien. Quant à Ryan, il remporte sans difficulté sa primaire.
Les relations entre les deux hommes vont toutefois se rompre début octobre lorsque surgit la polémique sur les propos de Trump concernant les femmes. Excédé, Ryan se déclare écœuré et annule la venue du milliardaire à un meeting qu’il devait mener conjointement avec lui, puis, trois jours plus tard, au lendemain du second débat Trump-Clinton, il se désolidarise clairement du milliardaire et annonce que, s’il ne lui retire pas son adoubement (endorsment) en tant que candidat du GOP, il cesse en revanche immédiatement toute opération de soutien en sa faveur pour se concentrer uniquement sur les élus républicains les plus menacés de perdre leur circonscription (voir Le GOP à feu et à sang).
Finalement, le 8 novembre, Donald Trump remporte (à la surprise générale) la présidentielle et Paul Ryan est facilement réélu dans sa circonscription du Wisconsin,
Reince Priebus
Né à Dover (New Jersey) en 1972 (44 ans en 2016), Rince Priebus est élu président du RNC (Republican National Party) en 2011, un poste auquel il est réélu en 2013 et 2015.
Issu du Wisconsin où il a soutenu et accompagné l’ascension de Paul Ryan et Scott Walker (qui sont de la même tranche d’âge que lui), Priebus articule ses mandats à la tête de la RNC autour de 1°) son désendettement, 2°) la restauration des relations avec les grands donateurs et 3°) le rapprochement du parti auprès des jeunes, des femmes et des minorités noire et hispaniques, qui ont toutes largement voté pour Obama en 2008 et 2012.
Au cours de la primaire pour 2016, il reçoit des critiques pour la manière dont sont organisés les débats et pour la controverse entourant la prestation des journalistes de CNBC, jugés trop favorables aux démocrates. En réaction, Priebus retire à NBC News (filiale des NBCUniversal, qui chapeaute aussi CNBC) l’organisation du débat de Houston qui lui avait été originellement attribué.
Concernant Donald Trump, Priebus tente avant tout de maintenir l’unité du parti et prend parti pour le milliardaire lorsque des délégués opposés à lui tente de perturber la convention de Cleveland. Il maintient ensuite son soutien au candidat républicain lorsque celui-ci se retrouve en pleine tourmente suite à la polémique sur ses propos concernant les femmes. Cette fidélité et l’investissement dont il fait preuve dans la campagne du milliardaire lui valent la reconnaissance publique de ce dernier lors de son discours de victoire, Trump insistant particulièrement pour que soit salué le travail de Priebus.
Mitch McConnell et Steve Womack
Né en Alabama en 1942 (74 ans en 2016), Mitch McConnell est sénateur du Kentucky depuis 1985 et chef de la majorité au Sénat depuis janvier 2015 après avoir été celui de l’opposition depuis 2007, lorsque les républicains en ont repris le contrôle. En octobre 2015, il est impliqué dans l’accord obtenu entre le Congrès et la Maison Blanche pour relever de $80 milliards le plafond de la dette fédérale et ainsi éviter un nouveau shutdown gouvernemental.
A noter que ses relations avec Ted Cruz, déjà peu cordiales à la base, sont devenues glaciales depuis que, en juillet 2015, le sénateur du Texas l’a traité de menteur à propos d’un projet concernant l’Export-Import Bank of the United States (une agence de crédit aux exportations, notamment connue pour l’aide qu’elle apporte à la société Boeing). Une conséquence de ce différend sera notamment la réticence de McConnell à apporter son soutien à Cruz lorsque celui-ci tentera en mars 2016 de coaliser l’establishment républicain derrière sa personne pour contrer Donald Trump, ce qu’il ne parviendra pas à faire.
Début octobre 2016, lorsqu’éclate la controverse sur les propos de Trump à l’égard des femmes, Mitch McConnell qualifie les commentaires du milliardaire de « répugnants et inacceptables en toutes circonstances », sans toutefois (contrairement à Paul Ryan) aller jusqu’à lui retirer son soutien, de crainte sans doute qu’une rupture nette ne débouche sur la perte de la majorité au Sénat pour les républicains (cf. les autres élections du 8 novembre).
De son côté, Steve Womack (né en Arkansas en 1957, 59 ans en 2016) est le représentant de l’Arkansas à la Chambre depuis 2011. C’est lui qui préside la convention de Cleveland de juillet 2016, où il met un terme à la tentative de contestation des délégués anti-Trump déclarant que n’est pas atteint le nombre d’États signataires requis pour procéder à un vote modifiant le règlement.
c) Les candidats à la présidentielles 2016
Outre Donald Trump, Ben Carson et Chris Christie (déjà évoqués dans la section « Trump et son entourage »), quatorze autres candidats se sont présentés à la primaire républicaine pour la présidentielle 2016.
Parmi les plus en vue, il y eut Ted Cruz, sénateur du Texas et figure éminente du Tea Party et qui, avec John Kasich (gouverneur de l’Ohio, et dont les positions sont généralement modérées), contesta le plus longtemps la chevauchée du milliardaire.
Après avoir pris le dessus sur son ex-mentor Jeb Bush (fils et frère de présidents et ex-gouverneur de Floride), le jeune Marco Rubio (sénateur de Floride) espéra rassembler le courant establishment autour de sa personne et le coaliser avec les autres anti-Trump, en vain, et, après avoir été sèchement battu dans son propre fief, il se retira en mars, comme Carly Fiorina, Chris Christie, Ben Carson et Rand Paul avant lui.
Quant à Lindsey Graham, Jim Gilmore, Mick Huckabee, Bobby Jindal, George Pataki, Rick Perry, Rick Santorum et Scott Walker, soit ils s’étaient retirés avant les premiers scrutins, soit ils ne firent que de la configuration dans la campagne.
d) Autres figures actuelles liées au parti
John Boehner
Né à Reading (Ohio) en 1949 (67 ans en 2016), John Boehner est élu de l’Ohio à la Chambre des représentants en 1990 et y demeure jusqu’en 2015.
Chef de la majorité républicaine à la Chambre, il est choisi en 2011 par ses pairs pour en devenir le speaker. Vaincu par les tensions internes provoquées par l’aile dure du parti (celle qui l’avait pourtant porté à ce poste voici cinq ans), il est contraint de démissionner en octobre 2015. Principal point de discorde : son attitude jugée trop modérée vis-à-vis des démocrates, avec lesquels il tentait de trouver un moyen pour empêcher que la fronde des élus en guerre contre les lois « avortement » ne débouche sur un nouveau blocage budgétaire de l’État fédéral. Paul Ryan le remplace. Il parvient néanmoins juste avant son départ à obtenir un accord entre le Congrès et la Maison Blanche pour relever de $80 milliards le plafond de la dette fédérale et ainsi éviter un nouveau shutdown gouvernemental.
Ken Cuccinelli
Né dans le New Jersey en 1968 (48 ans en 2016), Ken Cuccinelli a été attorney general de Virginie de 2010 à 2014. Candidat investi par le parti républicain pour le poste de gouverneur de ce même État en 2013, il est battu de peu par son adversaire démocrate Terry McAuliffe.
Conseiller de Ted Cruz pendant la campagne des primaires, il se fait remarquer lors de la convention de Cleveland en déclarant que la fronde d’une partie des délégués ayant eu lieu ce jour-là visait à inciter les États à « fermer » leurs primaires pour les prochaines élections, cela pour empêcher un candidat au conservatisme discutable (sous-entendu : comme Donald Trump) de bénéficier du vote d’électeurs indépendants.
Bob Dole
Né au Kansas en 1923 (93 ans en 2016), Bob Dole a un long parcours politique derrière lui. Vétéran de la Seconde Guerre Mondiale, Bob Dole est élu à la Chambre des représentants de 1961 à 1968, puis, de 1969 à 1996, au Sénat, où il est en outre chef du groupe des républicains de 1985 à 1996.
Bob Dole a également concouru à trois reprises pour devenir président des États-Unis, mais s’est vu refuser l’investiture du parti en 1980 (Reagan) et 1988 (George Bush père), et a perdu son duel avec Bill Clinton en 1996, en partie (mais pas que) pour avoir un peu trop joué sur la fibre passéiste quand son adversaire mettait en avant sa jeunesse (50 ans pour Clinton, 73 pour Dole).
Soutenant officiellement Jeb Bush lors de la campagne 2016, il se fait remarquer à la veille du caucus en Iowa en déclarant qu’il prendrait fait et cause pour Donald Trump en cas de duel avec Cruz, ce dernier étant « un extrémiste qui ne s’entend avec personne au Sénat ». Après le retrait de Jeb Bush, il se rabat sur Marco Rubio, lequel finit par se retirer lui aussi. Finalement, lorsque Trump a la victoire en main, Bob Dole déclare se ranger derrière lui pour la présidentielle.
Rudolph Giuliani
Né à New York en 1944 (72 ans en 2016), Rudolph Giuliani se fait connaître dans les années 1980 pour la lutte qu’il mène contre les pontes de la mafia en tant qu’attorney general du district sud de New York. Maire de Big Apple en 1994 à 2001 (il était en place lors des attentats du 11 septembre), il fait de la restauration de la sécurité de la ville l’un de ses priorités et est notamment associé à l’application ferme de la théorie de « la vitre brisée ».
Candidat à la primaire 2008, il fait la course en tête dans les sondages à l’automne 2007 et part légèrement favori lorsque débutent les scrutins. Les résultats qui s’enchaînent sont toutefois mauvais pour lui et il se retire de la course dès le 30 janvier.
En 2016, il apporte son soutien à Donald Trump, prononce un discours lors de la première journée de la convention de Cleveland, et milite activement en sa faveur lors de la présidentielle.
Les frères Koch
Les frères Charles (né en 1935, 81 ans en 2016) et David (né en 1940, 76 ans en 2016) Koch sont des milliardaires dirigeants le conglomérat industriel Koch Industries, lequel est présent dans des secteurs d’activité tels la chimie, le pétrole, la finance …
Se revendiquant libertarien (David a même été candidat à la vice-présidence en 1980 sous la bannière de ce parti), les frères Koch sont depuis longtemps des soutiens reconnus du parti républicain, dont ils figurent parmi les donateurs majeurs. Opposés aux entraves régulatoires ainsi qu’à un gouvernement fédéral fort, ils soutiennent et ont favorisé l’émergence du mouvement Tea Party.
Au cours de la compagne 2016, ils s’opposent fermement à l’investiture de Donald Trump et, lorsque celui-ci est investi, ils déclarent que les fonds qu’ils verseront au cours des prochains mois serviront avant tout à financer les candidats républicains au Congrès, mais pas la présidentielle.
A noter que, au cours de la campagne, les Koch ont financé des publicités soutenant … Bernie Sanders. Pas sûr que cela ait été le genre de soutien dont le candidat démocrate raffole.
John McCain
Né sur une base naval américaine du canal de Panama en 1936 (80 ans en 2016) d’un père amiral de la Navy, John McCain est sénateur de l’Arizona depuis 1987 et a été représentant de cet État de 1983 à 1987. Il est un héros de la guerre du Vietnam, au cours de laquelle il fut grièvement blessé et resta prisonnier pendant six ans.
Candidat à la primaire républicaine en 2000, il s’incline face George W. Bush. Se représentant en 2008, il remporte cette fois l’investiture du parti mais est nettement défait par Barack Obama à la présidentielle.
Au cours de la campagne 2016, John McCain se fait remarquer en étant l’une des premières personnalités républicaines à être la cible des outrances de Donald Trump, ce dernier déclenchant un tollé en remettant en cause son statut de héros de guerre (« He’s not a war hero. He was a war hero because he was captured ? I like people who weren’t captured », c.-à-d. « il n’est pas un héros de guerre. Il est un héros de guerre parce qu’il a été fait prisonnier ? J’aime les gens qui n’ont pas été fait prisonnier »).
Depuis, McCain a exprimé du bout des lèvres son soutien à Trump lorsque l’investiture de ce dernier est devenue inévitable, mais il n’hésite pas à s’en distancier quand il estime que ses propos vont trop loin (notamment lors de l’affaire Khan) et n’est pas présent à la convention de Cleveland qui officialise le milliardaire en tant que candidat du parti. McCain a également partagé quelques mois auparavant sa crainte que la réputation de Trump ne nuise à ses chances de réélection au Sénat, ce qui lui a valu en retour des réticences de la part du milliardaire pour officialiser son soutien lors de la primaire que l’ex-militaire a dû mener afin d’être investi par le parti pour les prochaines élections au Congrès. Finalement, la rupture entre les deux hommes a lieu quelques semaines plus tard, lors de la révélation des propos de Trump concernant les femmes, McCain appelant dès lors le milliardaire à se retirer purement et simplement de la course. Ce retrait de soutien n’empêche pas Trump de l’emporter sur Hillary Clinton. Dans le même temps, McCain est facilement réélu au Sénat.
Kevin McCarthy
Né à Bakersfield (Californie) en 1951 (65 ans en 2016), Kevin McCarthy est membre de la Chambre des représentants depuis 2007 et chef de la majorité républicaine de cette même Chambre depuis 2011.
Au cours de la campagne 2016, son nom est venu sur le devant de la scène en octobre 2015, au moment où un nouveau speaker devait être choisi pour remplacer John Boehner, démissionnaire de ce poste suite aux pressions à l’encontre de celui-ci exercées par l’aile dure du parti républicain. Kevin McCarthy apparut alors comme le successeur naturel de Boehner et il annonça même sa candidature à ce poste, avant de soudainement se rétracter, Paul Ryan prenant finalement le poste de speaker.
Ron Paul
Né à Pittsburgh (Pennsylvanie) en 1935 (81 ans en 2016), Ron Paul a été membre de la Chambre des représentants de 1979 à 1985 et de 1997 à 2013. Sous la bannière du parti libertarien, il s’est présenté à la présidentielle de 1988, avant de tenter sa chance aux primaire républicaine de 2008 et 2012, en vain.
Très critique vis-à-vis du gouvernement fédéral, de la Fed, des programmes de surveillance de la NSA et de la guerre contre la drogue (entre autres), il est perçu comme le parrain intellectuel du mouvement Tea Party qui a émergé en 2010.
Son fils Rand Paul est sénateur du Kentucky depuis 2011 et a concouru à la primaire républicaine de 2016, où il est toutefois resté en retrait par rapport à des candidats comme Donald Trump ou Ted Cruz, voire Marco Rubio.
Sarah Palin
Né en Idaho en 1964 (52 ans en 2016), Sara Palin a été gouverneur de l’Alaska de 2006 à 2009. Elle se fait connaître du grand public en devenant la colistière de John McCain pour la présidentielle de 2008. Personnalité conservatrice hardcore (en matière d’armes à feu, de religion, de positions anti-avortement, de scepticisme quant au réchauffement climatique …), elle se voit accolée l’étiquette d’idiote par ses opposants en raison de sa méconnaissance de nombreux sujets (notamment en matière de politique étrangère) et de déclarations souvent maladroites (au mieux …) qui font le délice des médias. Et lorsqu’en janvier 2016 elle déclare soutenir Donald Trump, les comparaisons avec le film Dumb and Dumber (« Crétin et Encore-plus-crétin ») ne manquent pas de fleurir, de même que les commentaires du genre « Stupid endorses stupid » (« Stupide soutient stupide »)
Malgré cette réputation pas toujours usurpée, Sarah Palin bénéficie d’une popularité certaines, notamment parmi les aficionados du mouvement Tea Party, qu’elle soutient largement et dont elle est d’une certaine manière l’égérie.
Mitt Romney
Né à Detroit (Michigan) en 1947 (69 ans en 2016), Mitt Romney est un homme d’affaires mormon qui a été dirigeant du cabinet de conseil Bain & Company et de la société d’investissement Bain Capital, avant d’entrer en politique et de devenir gouverneur du Massachusetts en 2003, une fonction qu’il occupe jusqu’en 2007. Il a aussi été président du comité olympique en charge d’organiser les Jeux de Salt Lake City en 2002.
Candidat à l’investiture républicaine en 2008, il est battu par John McCain. Il retente sa chance avec plus de succès en 2012, mais doit s’incliner face à Barack Obama lors de la présidentielle.
Au cours de la campagne 2016, il s’oppose fermement à Donald Trump, n’hésitant pas à qualifier celui-ci de « charlatan et d’imposture » et à appeler ses rivaux à se coaliser pour le faire perdre. L’un de ses angles d’attaque particulièrement remarqué a été son reproche envers le milliardaire de refuser de publier ses déclarations fiscales, ajoutant que leur contenu devait être potentiellement explosif. Enfin, quand la victoire de Trump est devenue inéluctable, Romney a déclaré regretté le choix effectué par les électeurs et affirmé qu’il ne voterait ni pour Clinton ni pour lui, préférant au contraire soutenir le candidat dissident Evan McMullin, lequel réalisera son meilleur score là où Romney a le plus d’influence, c.-à-d. en Utah, où il recueille 20% des suffrages (ce qui n’empêche pas cet Etat de tomber dans l’escarcelle de Trump).
e) Figures historiques liées au parti
Abraham Lincoln
Né dans le Kentucky en 1809, Abraham Lincoln est président des États-Unis du 4 mars 1861 au 15 avril 1865, date à laquelle il est assassiné à l’âge de 56 ans par un sympathisant confédéré, alors qu’il venait d’être réélu et que la guerre entre le Nord et le Sud était en train de s’achever.
Par son combat anti-esclavagiste, sa gestion de la Guerre de Sécession et sa fin tragique, il est devenu une figure majeure de l’histoire tant du pays que du parti républicain, à qui il permit, à peine six ans après sa fondation, d’accéder pour la première fois à la Maison Blanche. Auparavant Lincoln avait été avocat, membre du parti whig et élu à la Chambre de 1847 à 1849 en tant que représentant de l’Illinois, l’État dans lequel il vivait.
Alors que son nom est intimement lié à l’affranchissement de la population afro-américaine du pays, l’évolution du parti républicain un siècle après sa mort a mené à un basculement électoral radical, cette communauté migrant en masse vers le parti démocrate fervent défenseur des droits civiques alors qu’il avait longtemps abrité en son sein les ségrégationnistes les plus radicaux du Deep South, le parti républicain évoluant quant à lui en chemin inverse.
Au cours de la campagne 2016 son nom a été fréquemment évoqué par les détracteurs de Donald Trump pour déplorer ce qu’il advenait du parti du Lincoln et affirmer que celui-ci, s’il revenait, ne s’y reconnaîtrait plus.
Theodore Roosevelt
Né à New York en 1858 et mort à Oyster Bay en 1919, Theodore Roosevelt accède à la Maison Blanche en 1901 suite à l’assassinat par un anarchiste du président William McKinley. Il demeure à ce jour le plus jeune président des États-Unis à être jamais entré en fonction (John Kennedy étant quant à lui le plus jeune président des États-Unis à avoir été élu). Candidat à sa propre succession en 1904, il remporte l’élection haut la main.
Sa présidence est marquée par la poussée du mouvement progressiste. Roosevelt l’articule autour de trois piliers : le contrôle des grands conglomérats industriels et financiers ; la protection des consommateurs ; la conservation des ressources naturelle. Contrôle, consommateur et conservation : ces éléments seront résumés sous l’appellation « les trois C » du programme de Roosevelt, lequel entend disposer d’un gouvernement fédéral fort et que la croissance économique profite à tous.
Sur le plan extérieur, Roosevelt applique la doctrine dite « du gros bâton » (big stick) et développe le corollaire de la doctrine de Monroe, lesquels lui servent à justifier l’ingérence grandissante des États-Unis dans les affaires concernant les pays d’Amérique latine et centrale, éventuellement via le recours à la force armée et à l’annexion. Cette politique s’accompagne d’un fort développement de la marine militaire américaine.
En 1908, conformément à son engagement, il ne se présente pas à un troisième mandat, et offre son soutien à son protégé William Taff. Toutefois, déçu par l’action de ce dernier, Roosevelt revient dans l’arène en 1912 pour s’opposer à son ex-poulain. Défait lors de la primaire des républicains, Roosevelt crée alors le parti progressiste et se présente sous cette bannière à la présidentielle. La dilution des voix est fatale tant pour lui que pour Taft, un troisième larron, le démocrate Woodrow Wilson en profitant pour remporter l’élection.
Calvin Coolidge
Né dans le Vermont en 1872 et décédé en 1933 à l’âge de 60 ans dans le Massachusetts, Calvin Coolidge devient président en 1923 suite au décès du président en exercice Warren Harding (hémorragie cérébrale). Il est élu à cette même fonction un an plus tard, mais décide de ne pas se représenter en 1928.
Partisan ardent du laissez-faire économique et de la réduction du rôle du gouvernement fédéral, Coolidge est l’archétype du président républicain des années 1920, les fameuses roaring twenties qui connurent une croissance économique effrénée, mais préparèrent aussi le terrain pour la Grande Dépression qui s’abattit sur le monde en 1929.
Dans un autre domaine, Coolidge s’est illustré pour sa gestion des scandales politico-financiers liés à l’administration de son prédécesseur, qu’il eut à déminer lorsqu’il arriva à la Maison Blanche. Il fut également un défenseur des droits civiques mais signa la Immigration Act de 1924 restreignant l’immigration aux États-Unis.
Au cours de la campagne 2016, Ted Cruz l’a cité aux côtés de JFK et Reagan pour justifier son programme économique de réformer tant le système fiscal que le système régulatoire, et de pratiquer une politique monétaire « saine » (« If you look at the history of America, there are three levers that government has had to facilitate economic growth. The first is tax reform. And as you noted I have rolled out a bold and simple flat tax. Ten percent for every American. That would produce booming growth and 4.9 million new jobs within a decade. The second element is regulatory reform, pulling back the armies of regulators that have descended like locusts on small businesses. And the third element is sound money. Every time we pursued all three of those, whether in the 1920s with Calvin Coolidge, or the 1960s with JFK or in the 1980s with Ronald Reagan, the result has been incredible economic growth. We have done it before and with leadership we can do it again »).
Dwight « Ike » Eisenhower
Né au Texas en 1890 et décédé à Washington en 1969 à l’âge de 78 ans, Dwight Eisenhower (surnommé « Ike ») a été général de l’armée américaine pendant la Seconde Guerre mondial et dirigea le débarquement en Normandie des troupes alliées le 6 juin 1944.
Courtisé tant par les démocrates que par les républicains lors de l’élection présidentielle de 1948, il rejoint finalement ces derniers quatre ans plus tard et les ramène à la Maison Blanche vingt ans après l’avoir quittée. Après avoir mis un terme à la guerre de Corée, calmé l’hystérie de la chasse aux sorcières communistes et maintenu une globale continuité avec les programmes sociaux de ses prédécesseurs démocrates, il bénéficie d’une grande popularité et est réélu sans grande difficultés en 1956.
Son nom est évoqué de deux manières bien différentes au cours de la campagne 2016 : d’une part par Sanders qui déclare avec ironie que le taux d’imposition qu’il veut appliquer mais n’a pas encore défini « ne sera pas aussi élevé que celui mis en œuvre par Eisenhower qui était de 90%, je ne suis pas aussi socialiste que lui » (le taux d’imposition en vigueur pour les plus hauts revenus sous l’administration Eisenhower était en effet particulièrement élevé) ; et d’autre part par Donald Trump qui, pour justifier son projet d’expulser 11 millions d’illégaux, fait référence à l’opération « Wetback » (1954) qui mena à l’expulsion d’environ 250 000 émigrants mexicains (et non 1,5 millions comme l’affirma Trump) réalisée dans des conditions effroyables (ce que Trump omit de mentionner).
Barry Goldwater
Né en 1909 à Phoenix (Arizona) et décédé en 1998 à l’âge de 89 ans également en Arizona, Barry Goldwater. Sénateur de l’Arizona de 1953 à 1965 et de 1969 à 1987, il symbolise dans les année 1960 l’aile dure du parti républicain, celle qui rejette les acquis du New Deal et prône une ligne intransigeante avec l’URSS.
Perçu comme l’initiateur de la révolution conservatrice qui culminera avec le années Reagan (1980-1988), Barry Goldwater est surtout associé à l’une des plus cuisantes déroutes électorales de l’histoire des États-Unis, sa défaite lors de l’élection présidentielle de 1964 face à Lyndon Johnson par 486 grands électeurs à 52 et 61,1% des suffrages au vote populaire contre 38,5%. Son nom est depuis régulièrement utilisé pour évoquer un candidat investi par son parti au cours des primaires, mais dont la radicalité, le programme ou la personnalité sont tels qu’elles agiront comme un repoussoir auprès de l’électorat national et provoqueront immanquablement sa défaite (souvent nette) lors de la présidentielle. Son pendant côté démocrate est George McGovern, écrasé par Richard Nixon lors de l’élection de 1972.
Richard Nixon
Né en Californie en 1913 et décédé à New York en 1994 à l’âge de 81 ans, Richard Nixon est élu de Californie à la Chambre des représentants de 1947 à 1950, puis sénateur de ce même État de 1950 à 1953, fonction qu’il quitte alors pour être pendant huit ans vice-président d’Eisenhower. Défait par John Kennedy à la présidentielle de 1960, il prend sa revanche en 1968 en battant le démocrate Hubert Humphrey. Facilement réélu en 1972, il est toutefois rattrapé par le scandale du Watergate (le cambriolage des locaux du DNC quelques mois avant la présidentielle de 1972, un cambriolage à but d’espionnage et mené par des hommes liés à la Maison Blanche) et est contraint de démissionné en 1974 pour éviter d’être destitué.
Au cours de sa carrière, Nixon se fait d’abord remarquer pour son anti-communisme profond, puis, une fois élu, pour avoir mené (avec son Secrétaire d’État Henry Kissinger) une politique de détente avec l’URSS et la Chine et entamé les pourparlers conduisant à la fin de la guerre du Vietnam. Il se montre en revanche beaucoup plus intransigeant avec les mouvements communistes en Amérique latine et soutient l’opposition à Salvador Allende au Chili. Parallèlement il met en place un programme de « guerre contre la drogue » et, pour lutter contre l’inflation, impose un gel des prix et des salaires et met fin à la convertibilité du dollar en or.
Henry Kissinger
Né en 1923 à Furth dans une famille juive qui fuit l’Allemagne nazie en 1938, Henry Kissinger (93 ans en 2016) a été conseiller des présidents Richard Nixon et Gerald Ford pour la sécurité nationale de 1969 à 1975, et Secrétaire d’État de ces mêmes Nixon et Ford de 1973 à 1977. Il est considéré comme l’homme qui a introduit le concept de Realpolitik dans la politique étrangère américaine.
Henry Kissinger est un personnage controversé. Menant avec succès une politique de détente avec l’URSS et la Chine, il se voit décerner en 1973 le Prix Nobel de la Paix pour la signature des accords de Paris qui ouvre la voie à la fin de la guerre du Vietnam, une récompense conjointement décernée au Nord-Vietnamien Lê Dùc Tho, lequel la refuse en affirmant que la paix n’a pas encore été rétablie. L’attribution de prix est également source de remous au sein même du comité qui l’a attribué, avec démissions à la clef. Il faut dire que Kissinger sent le soufre et est accusé par ses détracteurs les plus virulents d’être un « criminel de guerre », notamment pour avoir ordonné le bombardement d’hôpitaux au Laos et au Cambodge où les Vietcong avaient installé des bases arrière. Les rumeurs l’ont également lié (sans que cela ait été formellement démontré) avec le coup d’État du général Pinochet au Chili qui entraîna la mort du président Salvador Allende, ainsi que (de manière plus certaine) avec l’Opération Condor, un programme clandestin de soutien actif aux dictatures d’Amérique centrale et du Sud pour réprimer violemment (jusqu’à l’assassinat) les opposants communistes de ces pays.
Son nom est mentionné au cours d’un débat dans la campagne 2016 par Bernie Sanders, lorsque celui-ci déclare à brûle-pourpoint : « Kissinger n’est pas ami », une référence à une déclaration de 2014 de Clinton à propos de l’ex-Secrétaire d’État républicain, à qui elle témoignait son amitié et déclarait qu’il l’avait conseillé lorsqu’elle avait elle-même occupé cette même fonction.
En septembre 2016, il déclare ne soutenir personne pour la présidentielle.
Ronald Reagan
Né en Illinois en 1911 et décédé à Bel Air (Californie) en 2004 à l’âge de 93 ans, Ronald Reagan est une figure iconique du parti républicain, dont quasi tous les candidats à la présidentielle 2016 du GOP se sont à un moment ou un autre réclamé.
Après une carrière d’acteur à Hollywood et à la télévision, il occupe la fonction de gouverneur de Californie de 1967 à 1975, puis, après un premier essai en 1968, il tente en 1976 d’obtenir l’investiture du parti républicain face pour la présidentielle, en vain. Il retente sa chance quatre ans plus tard, cette fois avec succès (son rival George Bush sera choisi comme colistier), et il écrase le président Jimmy Carter lors de la présidentielle.
Une fois à la Maison Blanche, Reagan met en place la révolution conservatrice consistant à développer une politique économique basée sur l’offre et à diminuer radicalement les impôts, de même qu’à réduire la fonction publique, n’hésitant par exemple pas à licencier plus de 11 000 contrôleurs aériens partis en grève.
La forte croissance économique que connaît le pays au début des années 1980 après une décennie morose contribue à accroître sa popularité, et il est largement réélu en 1984.
Sur le plan de la politique extérieur, son principal fait d’armes est la lutte contre l’URSS, laquelle se matérialisa d’abord par un renoncement à la politique de détente de ses prédécesseurs au profit d’une course aux armements (notamment via le programme dit « guerre des étoiles »), puis par la signature d’un accord de non-prolifération nucléaire (traité INF). Par ses décisions qui contraignirent l’URSS à des efforts si colossaux pour suivre le rythme d’armement des États-Unis qu’ils déstabilisèrent le pays, Reagan est souvent perçu comme l’homme qui a mis à bas le communisme.
George Bush père
Né dans le Massachusetts en 1924, George Herbert Walker Bush (92 ans en 2016) est représentant du Texas à la Chambre de 1967 à 1971, puis ambassadeur auprès des Nations unies jusqu’en 1973 et directeur de la CIA de 1976 à 1977. En concurrence avec Ronald Reagan pour l’investiture à la présidentielle de 1980, il devient finalement son colistier et occupe la fonction de vice-président jusqu’en 1988, année où il est investi par le GOP et bat le démocrate Michael Dukakis pour l’accession à la Maison Blanche.
Marqué par la victorieuse guerre du Golfe en 1991 et l’effondrement des régimes communistes, le mandat de George Bush l’est aussi par un ralentissement économique conséquent et le reniement de sa promesse de ne pas augmenter les impôts (« Read my lips … no new taxes » avait-il promis lors de la campagne de 1988). Confronté à une vive contestation au sein même du GOP, George Bush subit également de plein fouet la dissidence du millionnaire conservateur Ross Perot, lequel lui taille des croupières à la présidentielle de 1992 (19% des voix alors qu’il se présente en tant qu’indépendant), ce qui profite au démocrate Bill Clinton qui accède alors à la Maison Blanche.
Son fils George W. Bush devient lui aussi président en 2000 et attaque également l’Irak. Contrairement à son père, il décroche un second mandat en 2004. Jeb Bush, un autre de ses fils, échoue quant à lui à décrocher l’investiture du parti en 2016, mettant ainsi fin (pour un temps au moins) à la « dynastie des Bush » à la présidence des États-Unis.
George W. Bush
Né à New Haven (Connecticut) en 1946, George Walker « W » Bush (70 ans en 2016) est le fils de George Bush père et frère de Jeb Bush. Élu gouverneur du Texas en 1994 et réélu en 1998, il remporte l’élection présidentielle de 2000 au terme d’un décompte des voix controversés en Floride, un État-clef dont le gouverneur est alors son frère Jeb et où il est proclamé de justesse vainqueur devant Al Gore.
La première année de son mandat est marquée par les attentats du 11 septembre et ses suites immédiates : l’adoption du Patriot Act et l’intervention armée en Afghanistan, le tout dans le cadre d’une « guerre contre le terrorisme ». Fin 2002 c’est au tour de l’Irak de se retrouver dans son collimateur et celui de son administration faucon, le vice-président Dick Cheney et le Secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld en tête. Les accusations infondées de détention d’armes de destruction massive par le régime de Saddam Hussein débouchent sur une nouvelle guerre du Golfe (2003), au cours de laquelle le dictateur baasiste est cette fois renversé. La pacification du pays est toutefois impossible à réaliser et les États-Unis se retrouvent enlisés pour de nombreuses années dans le bourbier irakien, ce qui n’empêche pas « W » d’être reconduit à la Maison Blanche en 2004.
Dès avant son accession à la présidence en 2000, l’homme est précédé d’une réputation peu flatteuse concernant son intelligence et est souvent présenté comme une marionnette aux mains de son administration. Ses gaffes et ses approximations ont été nombreuses, notamment en ce qui concerne sa maitrise des questions de politique extérieure. Son bilan est controversé au sein même du parti républicain, certains le défendant (dont … son frère Jeb), d’autres n’hésitant pas à la critiquer vivement, tel Donald Trump s’offusquant lorsque Jeb déclare que W. « kept us safe » (« nous a gardé en sécurité »). Côté démocrate, Bernie Sanders a qualifié le conflit avec l’Irak de « pire décision de l’histoire américaine ».
2. Chez les démocrates
a) Clinton et son entourage
Hillary Clinton
Née à Chicago en 1947 (69 ans en 2016), Hillary Clinton est depuis vingt-cinq ans une figure en vue de la politique américaine. First Lady de 1993 à 2000 pendant le double mandat à la Maison Blanche de son mari Bill Clinton, elle est élue sénatrice de New York en 2001 et le reste jusqu’en 2009.
En 2008, elle part favorite à l’investiture démocrate pour la présidentielle, mais, au terme d’une bataille électorale serrée, elle doit s’incliner face à Barack Obama qui, peu après son élection, la nomme au poste de Secrétaire d’État pour un mandat notamment marqué par l’élimination de Ben Laden (2011), mais aussi les attentats sanglants de Benghazi (2012). En 2013 elle quitte ses fonctions dans l’administration Obama et s’attelle à la préparation de sa candidature à l’investiture démocrate pour la présidentielle de 2016, dont elle est à nouveau donnée favorite. Elle doit cependant une fois encore compter avec un challenger inattendu en la personne de Bernie Sanders, dont la campagne attire les foules et mobilise les jeunes. Hillary Clinton n’en finit pas moins par décrocher l’investiture du parti au terme d’une primaire où elle n’a jamais été en position de perdre, mais qui a duré bien plus longtemps qu’attendu du fait de la ténacité de son rival, lequel l’a contraint à s’aligner davantage sur sa gauche qu’elle n’aurait sans doute voulu le faire.
Au terme d’une campagne dure, chahutée et polémique, qu’elle domine globalement malgré plusieurs mises sur la sellette (sur ses emails encore et toujours, sur sa Fondation, sur son impopularité, sur son manque de sincérité, sur le favoritisme dont elle a bénéficié de la part du DNC), Hillary Clinton, à la surprise générale, est battue par Donald Trump le jour de l’élection et voit se briser ses rêves d’accéder à la Maison Blanche.
Le portrait de la candidate ainsi que le résumé de ses positions et de sa campagne sont ici.
Bill Clinton
Né à Hope (Arkansas) en 1946 (70 ans en 2016), Bill Clinton est gouverneur de l’Arkansas de 1979 à 1981, puis de 1983 à 1992, année où il est élu à la présidence des États-Unis en battant George Bush père (qui occupait alors la Maison Blanche) et le candidat indépendant Ross Perot.
Promoteur du courant « Troisième voie » visant à replacer le parti démocrate de la gauche vers le centre de l’échiquier politique (notamment en matière économique), Clinton est un président populaire et est facilement réélu en 1996. Son deuxième mandat est toutefois entaché par plusieurs scandales (dont l’affaire Whitewater et l’affaire Lewinsky) qui entraînent le lancement d’une procédure de destitution à son encontre, laquelle se solde par un acquittement. Son image n’en est pas moins écornée, et son vice-président Al Gore, qui fait campagne pour 2000, évite d’apparaître en sa compagnie.
Bien que sa réputation retrouve de couleurs après la fin de sa présidence, il reste un cas délicat à gérer pour son épouse Hillary, laquelle évite d’abord de trop l’impliquer dans sa campagne de crainte que le sujet de son comportement avec les femmes ne revienne trop souvent sur la table. Il est en revanche un atout précieux auprès de l’électorat afro-américain, au sein duquel il est très populaire, l’écrivain Toni Morrison l’ayant même qualifié en 1998 de « premier président noir » du pays. Le rôle de Clinton prendra ensuite de l’ampleur, une fois l’investiture entérinée et le duel contre Donald Trump officialisé.
L’aile gauche du parti n’est toutefois pas tendre avec lui et, pendant la campagne, Bernie Sanders critiqua régulièrement son action présidentielle concernant la ratification du traité de libre-échange NAFTA, l’abrogation du Glass-Steagall Act et l’instauration du Violent Crime Control and Law Enforcement Act, considéré comme responsable d’un durcissement judiciaire contribuant grandement au taux élevé d’emprisonnement aux États-Unis, notamment pour ce qui concerne … les Noirs.
En juin 2016, il est sur le devant de la scène pour avoir rencontré (de manière fortuite affirmeront les intéressés) la ministre de la Justice Loretta Lynch à l’aéroport de Phoenix et discuté avec elle pendant une demi-heure, cela alors que l’enquête du FBI concernant les emails d’Hillary battait son plein. Cet entretien déclenche un tollé et avive un sentiment de collusion et de non-respect de l’indépendance de la justice.
Il se fait plus positivement remarquer fin juillet lors de la convention de Philadelphie, où il prononce un discours de qualité. Les soupçons de mauvaises conduites et de dissimulation à son encontre et celui de sa femme refont toutefois surface quelques semaines plus tard, lorsque la Fondation Clinton est à nouveau mise sur la sellette pour de possibles conflits d’intérêt liés à ses donateurs. Dans un autre registre, il commet une gaffe début octobre en critiquant l’Obamacare, soulignant de manière vive (« la chose la plus folle du monde », en parlant de l’accroissement des charges pour certains employeurs) quelques-uns de ses principaux manquements. Les républicains se félicitent évidemment de ces propos et n’hésitent pas à les reprendre, Mike Pence notamment lors du débat des vice-présidents, tandis que Bill Clinton, de son côté, effectue un rétropédalage pour expliquer qu’il ne parlait que des points à améliorer dans l’Obamacare, sans pour autant remettre en cause son existence.
Dans un contexte plus léger, il est également la cible de questions quant au titre qu’il faudra employer pour le désigner si son épouse est élue. First Gentleman, comme il a été parfois suggéré ? Ou alors Mister President, qui est le titre employé pour le désigner (comme tous les présidents) depuis qu’il a été élu à la Maison Blanche ? Quant au rôle qu’il jouerait dans une éventuelle administration Hillary Clinton, la candidate a à plusieurs reprises déclaré qu’elle entendait utiliser ses compétences en matière économique et qu’il serait l’un de ses actifs conseillers.
Chelsea Clinton
Née à Little Rock (Arkansas) en 1980 (36 ans en 2016), Chelsea Clinton est la fille unique d’Hillary et Bill Clinton. L’élection de son père à la présidence ayant eu lieu quand elle avait douze ans, elle passe toute son adolescence à la Maison Blanche.
Diplômée de Stanford, elle travaille pour des sociétés telles que McKinsey ou encore Avenue Capital Group. A partir de 2011, elle prend un rôle actif au sein de la Fondation Clinton. En parallèle, elle est correspondante spéciale pour la chaîne NBC de 2011 à 2014.
Elle s’implique dans la campagne 2008 de sa mère, notamment en prononçant des discours en son nom dans des écoles. Maman d’une petite Charlotte depuis 2014, elle donne également naissance à un fils (Aidan) en juin 2016. Environ un mois plus tard, lors de la convention de Philadelphie, elle prononce le discours qui précède celui d’acceptation de l’investiture par sa mère.
Au terme du premier débat entre Hillary Clinton et Donald Trump, le magnat de l’immobilier déclarera s’être abstenu d’évoquer les scandales sexuels liés à Bill Clinton par respect pour Chelsea, laquelle est amie avec sa propre fille Ivanka.
En toute fin de campagne, le nom de son mari (Marc Mezvinsky) est mis sur le devant de la scène dans le cadre de l’affaire des emails de John Podesta. Un des messages concernés évoque en effet les relations de Mezvinsky avec Fondation Clinton, qu’il est soupçonné d’avoir utilisé pour démarcher des investisseurs en faveur du hedge fund qu’il a fondé après avoir quitté Goldman Sachs (cf. le résumé de ces révélations par Politico).
Tim Kaine
Né à Saint-Paul (Minnesota) en 1958 (58 ans en 2016), Tim Kaine est maire de la ville de Richmond (Virginie) de 1998 à 2001 avant d’exercer la fonction de gouverneur de Virginie de 2006 à 2010. Il est également président du DNC de 2009 à 2011.
Devenu sénateur de Virginie en 2013, il est choisi en juillet 2016 par Hillary Clinton pour être son colistier à la présidentielle (et donc son vice-président si elle est élue). Par ce choix, la candidate joue la carte centriste, où elle estime avoir le plus à gagner, le ralliement de Bernie Sanders devant lui paraître suffisant pour capter le vote de la majorité de ses électeurs.
Jouissant d’une réputation de sérieux confinant parfois à l’ennui (ce qu’il admet lui-même). Tim Kaine s’est déclaré personnellement opposé à l’avortement, mais n’en défend pas moins la liberté de choix des personnes concernées.
Le 4 octobre 2016, il livre débat contre son alter ego Mike Pence, mais a le dessous, notamment en raison d’une trop grande agressivité.
Huma Abedin
Née dans le Michigan en 1976 (40 ans en 2016), Huma Abedin est la vice-présidente de campagne d’Hillary Clinton. Proche de la candidate depuis des années (elle a été son assistante en 2008 et l’a accompagnée pendant son mandat de Secrétaire d’État de 2009 à 2013), elle est une valeur montante de la garde rapprochée de Clinton, mais s’est aussi retrouvé à plusieurs reprises dans l’œil du cyclone. Ainsi est-elle mêlée à la controverse des emails de sa patronne (certains de ses courriels ont transité par le serveur incriminé), mais aussi à celle de Benghazi (elle a témoigné en octobre 2015 devant la commission du Congrès chargée de l’enquête sur ce sujet) et à celle concernant la Fondation Clinton (elle a notamment cumulé quatre emplois de juin 2012 à février 2013, l’un au Département d’État, un autre en tant que consultante d’une société de conseil pour des clients privés, un autre à la Fondation Clinton et un dernier comme assistante personnelle d’Hillary Clinton). Abedin a également fait l’objet de critiques en 2012 de la part d’élus républicains en raison de … sa religion (elle est musulmane), lesdits élus accusant des membres de sa famille d’être des extrémistes et mettant en doute son intégrité lorsqu’elle travaillait au Département d’État.
L’affaire la plus médiatisée la concernant est toutefois d’ordre privé et trouve son origine dans le comportement de son mari Anthony Weiner (New York, 1964, 52 ans en 2016). Représentant de l’État de New York à la Chambre, il doit démissionner de son poste en 2011 pour avoir publié par erreur sur son compte Twitter une photo à caractère sexuel explicite qu’il destinait à une jeune femme. Il admettra ensuite avoir échangés des sextos avec d’autres personnes au cours des trois années passées. Le mariage avec Abedin tient néanmoins le coup, et celle-ci accouche d’un petit garçon en fin d’année, mais, deux ans plus tard, alors qu’il tente de relancer sa carrière politique, rebelote, Weiner est pris la main dans le sac pour des sextos envoyés à une jeune femme de 22 ans. Le coup de grâce tombe en août 2016, lorsque paraissent de nouvelles photos échangées avec une femme et datant de moins d’un an, dont une où Weiner est allongé sur un lit … avec son jeune fils endormi à ses côtés. Cette fois, la coupe est pleine et Abedin demande le divorce.
31 octobre 2016 – Alors que le volet criminel de l’affaire des emails d’Hillary Clinton paraissait clos après la déclaration en juillet 2016 du directeur du FBI James Comey que des poursuites à l’encontre de l’ex-Secrétaire d’État n’étaient pas requises, voilà qu’un rebondissement spectaculaire se produit à dix jours de l’élection : l’annonce par le même James Comey de la découverte de milliers d’emails liés à cette affaire. Point de départ de cette découverte : une enquête du FBI à l’encontre d’Anthony Weiner pour avoir envoyé des messages à caractère sexuel à une mineur âgée de moins de quinze ans. Or, l’ordinateur utilisé par Weiner pour envoyer les messages incriminés était utilisé conjointement par son (ex-)épouse, et les enquêteurs y ont trouvé … des milliers d’emails en liaison avec la correspondance non-sécurisée de Clinton. Aussitôt la polémique est relancée et Clinton se retrouve une nouvelle fois sur la défensive à cause cette histoire sans fin.
Les autres membres principaux de l’équipe de campagne d’Hillary Clinton
John Podesta (Chicago, 1949, 67 ans en 2016) est le président de campagne d’Hillary Clinton. Il a été auparavant chef de cabinet à la Maison Blanche sous Bill Clinton (de 1998 à 2001), de même que Conseiller du Président Obama de 2014 à 2015. De 2003 à 2011, il a fondé et dirigé le think tank « Center for American Progress ».
A partir de début octobre 2016, WikiLeaks entament la publication quotidienne de milliers d’emails obtenus via le piratage de sa messagerie électronique (cf. les emails de John Podesta). A la date du 31 octobre, ces divulgations ne contiennent pas de révélations explosives mais illustrent sous un jour cru les coulisses des activités des Clinton (leur fondation ; les conférences d’Hillary ; des commentaires sur diverses personnalités politiques ; …) et les placent sur la défensive.
Joel Benenson (New York, 1952, 64 ans en 2016) est le stratège-en-chef de l’équipe et responsable d’analyse des sondages ; il avait tenu un rôle similaire lors de la campagne d’Obama de 2008. Robby Mook (dans le Vermont, 1979, 37 ans en 2016) est le directeur de campagne de Clinton ; bien que relativement jeune, il bénéficie d’une forte réputation. Jim Margolis (Albuquerque, 1955, 61 ans en 2016) est le stratège en charge des médias ; il a été consultant pour Obama en 2008 et 2012.
Sidney Blumenthal
Né à Chicago (Illinois) en 1948 (68 ans en 2016), Sidney Blumenthal est un journaliste américain qui a été un proche conseiller de Bill Clinton lors de son deuxième mandat présidentiel (de 1997 à 2001). D’une grande fidélité au président et n’hésitant pas à se livrer à des sorties féroces sur ses adversaires, il est mis sous le feu des projecteurs lors de l’affaire Lewinsky, au cours de laquelle il est amené à témoigner d’abord devant le grand jury chargé d’instruire la procédure en destitution de Bill Clinton, puis devant le Sénat.
En 2008, il devient conseiller d’Hillary Clinton qui mène alors campagne pour les primaires. Le rôle que Blumenthal y tient est l’objet de vives critiques de la part de l’équipe Obama, qui lui reproche de faire courir des histoires dégradantes à l’encontre du futur président. Cette animosité conduira à refuser que Blumenthal intègre le staff de Clinton lorsque celle-ci est nommée Secrétaire d’État par Obama. Cette décision n’empêche pas Blumenthal de rester proche de Clinton et de continuer à lui prodiguer des conseils, notamment concernant la Libye, ce qui lui vaudra d’être entendu par la commission de la Chambre en charge d’enquêter sur les attentats de Benghazi.
Son nom est mis en avant à plusieurs reprises par Donald Trump à partir de septembre 2016, le milliardaire accusant Blumenthal d’être la personne à l’origine des attaques sur l’éligibilité de Barack Obama (une accusation qu’il prétend donc émaner du camp Clinton). Déclarant également de lui qu’il n’est pas a nice person, le candidat républicain le critiquera aussi pour son implication présumée dans la mauvaise gestion des attentats de Benghazi.
b) Les candidats à la présidentielles 2016
Bernie Sanders
Né à Brooklyn en 1941 (74 ans en 2015), Bernie Sanders est membre de la Chambre des représentants de 1991 à 2007, année où il devient sénateur du Vermont. Élu au Congrès en tant que candidat indépendant (il a été le premier à l’être depuis 1950), il est administrativement rattaché aux démocrates du Sénat et a adhéré au parti en 2015 afin de pouvoir concourir à la primaire.
Incarnant les aspirations de l’aile gauche du parti, cet homme quasi inconnu au moment d’annoncer sa candidature crée la surprise en parvenant à accroitre sa notoriété en peu de temps. En effet, alors que Joe Biden renonce finalement à se présenter et qu’Hillary Clinton mène une campagne sans relief surtout rythmée par l’affaire de ses emails, Sanders, lui, trace sa route sans se soucier de ses rivaux et donne de plus en plus l’impression, si pas de prendre le contrôle de la campagne, du moins d’en imposer les thèmes. Ses thèmes. Et ça marche. La notoriété de Sanders s’accroît, il attire les foules (en particulier les jeunes) et devient une menace sérieuse pour Clinton, qu’il contraint à une primaire de longue haleine, au cours de laquelle il n’est jamais en position de gagner, mais qui oblige sa rivale à se maintenir en course plus longtemps que prévu et à s’aligner davantage sur sa gauche qu’elle n’aurait sans doute voulu le faire.
Au cours de la campagne présidentielle, et malgré les révélations du DNCleaks, Bernie Sanders milite activement en faveur d’Hillary Clinton et participe à plusieurs meetings pour soutenir sa candidature.
Le portrait du candidat ainsi que le résumé de ses positions et de sa campagne sont ici.
Les autres candidats à la présidentielle
Outre Hillary Clinton et Bernie Sanders, d’autres candidats démocrates ont tenté leur chance, avec toutefois nettement moins de succès et de notoriété. Parmi ceux-ci il y eut Martin O’Malley, Lincoln Chafee, Jim Webb et d’autres encore. Le résumé de leur campagne est repris ici.
c) Autres figures actuelles du parti
Joe Biden
Né à Scranton (Pennsylvanie) en 1942 (73 ans en 2015), Joe Biden a été sénateur du Delaware de 1973 à 2008. Candidat à l’investiture démocrate en 1988 et en 2008, il est le vice-président de Barack Obama depuis 2009.
Depuis le début de sa seconde vice-présidence, Joe Biden a à plusieurs reprises exprimé son intention de se présenter à la course à la Maison Blanche 2016. La mort le 31 mai 2015 de son fils Beau des suites d’un cancer du cerveau l’a toutefois profondément marqué et conduit à rester en retrait de la campagne. Les spéculations sur un changement de position de sa part n’en continuent pas moins de circuler, surtout au vu de l’érosion subie par Hillary Clinton dans les sondages. Il confirme néanmoins officiellement à la mi-octobre 2015 ne pas être candidat, estimant manquer de temps pour bâtir une organisation à même de concurrencer ses rivaux et lever des fonds en conséquence. Le décès de son fils Beau et ses conséquences émotionnelles ont également beaucoup pesé, de même que son âge (Biden aurait été le candidat le plus âgé de la campagne et, si élu, le plus vieux président à entrer en fonction) et ses chances somme toute réduites de remporter l’’investiture, Clinton gardant le cap malgré quelques mois tourmentés.
Dans un tout autre registre, l’homme est réputé pour ses « gaffes » verbales (le plus souvent des propos maladroits, ou prononcés dans des circonstances inappropriées), lesquelles sont devenues constitutives de son image de marque.
Lorsque la primaire démocrate a rendu son verdict (et même un peu avant, Biden-la-gaffe n’ayant ainsi pas hésité à déclarer qu’il serait bien qu’une femme soit présidente alors que des scrutins devaient encore avoir lieu), Joe Biden prend fait et cause en faveur d’Hillary Clinton et participe à plusieurs meetings pour la soutenir.
Michael Bloomberg
Né à Boston (Massachusetts) en 1942 (74 ans en 2016), Michael Bloomberg est un multimilliardaire fondateur de la société d’informations financières qui porte son nom.
Longtemps affilié au parti démocrate, il rejoint le parti républicain en 2001 pour se présenter à la mairie de New York, une élection qu’il remporte et lui permet de succéder à Rudolph Giuliani qui ne pouvait se représenter après deux mandats consécutifs de maire. Confronté au défi de la reconstruction de la ville après les attentats du 11 septembre (le jour où aurait dû se tenir la primaire républicaine pour le maïorat), Bloomberg est largement réélu à ce poste en 2005. Il parvient ensuite à obtenir la levée de la limitation de deux mandats consécutifs en tant que maire de la ville pour se présenter en 2009 à un troisième mandat, qu’il obtient cette fois en tant qu’indépendant, puisqu’il a quitté le parti républicain en 2007.
De nombreuses rumeurs lui ont prêté l’intention de se présenter à la présidentielle en 2008, ainsi qu’en 2012. Il apportera finalement cette année-là son soutien à Obama, reprochant à Mitt Romney ses positions en matière d’avortement et de port d’armes, deux sujets sur lesquels Bloomberg se montre proche des démocrates.
Rebelote pour la présidentielle 2016, avec d’abord des rumeurs d’une possible candidature à la primaire démocrate, puis, une semaine avant le scrutin d’ouverture en Iowa, des bruits plus insistants évoquant son intention de se présenter en tant qu’indépendant dans le cas où un duel Trump-Sanders se dessinerait. Il annonce finalement le 7 mars ne pas vouloir se présenter et apporte son soutien à Hillary Clinton lors de la convention de Philadelphie en juillet 2016.
John Kerry
Né à Aurora (Colorado) en 1943 (72 ans en 2016), John Kerry est sénateur du Massachusetts de 1983 à 2013, année où il succède à Hillary Clinton au poste de Secrétaire d’État de Barack Obama, un mandat principalement marqué par la signature à l’été 2015 d’un accord nucléaire avec l’Iran, ainsi que par des tentatives infructueuses d’établir une trêve en Syrie et de démarrer un processus de paix entre le régime de Bachar el-Assad et les rebelles.
Vainqueur d’une primaire démocrate l’opposant principalement à l’ex-gouverneur du Vermont Howard Dean, John Kerry reçoit l’investiture du parti démocrate pour la présidentielle de 2004. Il est toutefois battu de peu par George W. Bush qui renouvelle ainsi son mandat à la Maison Blanche. A noter que Kerry est un vétéran du Vietnam.
Loretta Lynch
Née à Greensboro (Caroline du Nord) en 1959 (57 ans en 2016), Loretta Lynch est Attorney General des États-Unis depuis avril 2015 en remplacement de son prédécesseur Eric Holder. Elle était auparavant attorney general du district est de New York.
Au cours de la campagne 2016, son nom vient sur le devant de la scène suite à un entretien d’une demi-heure qu’elle a eu fin juin 2016 avec Bill Clinton à l’aéroport de Phoenix. Cette rencontre entre le mari d’Hillary et celle dont la fonction est équivalente à celle d’un ministre de la Justice était apparemment fortuite, et leur discussion n’aurait porté que sur des sujets anodins, n’empêche, elle déclenche un tollé et avive un sentiment de collusion et de non-respect de l’indépendance de la justice alors qu’Hillary Clinton est sous le coup d’une enquête criminelle du fait de ses emails.
Quelques jours plus tard, le FBI recommandera qu’aucune poursuite ne soit entamée à l’encontre d’Hillary Clinton dans le cadre de cette affaire, aucune intention de violer la loi n’ayant été démontrée, le seul reproche à lui adresser étant d’avoir été « extrêmement » négligente. Le directeur de l’agence à l’origine de cette déclaration précisera également qu’aucune intervention de l’attorney général Loretta Lynch n’avait eu lieu dans cette affaire. Celle-ci s’était auparavant engagée à respecter les recommandations du FBI quelles qu’elles soient.
Son nom revient sur le devant de la scène fin octobre 2016, lorsque le directeur du FBI James Comey annonce qu’il relance l’enquête des emails de Clinton suite à la découverte d’un ordinateur en contenant plusieurs milliers. Loretta Lynch émet un avis négatif à la divulgation de cette information, mais James Comey ne le suit pas et révèle au Congrès (et aux Américains) le fait nouveau qui vient de survenir.
Barack Obama
Né à Honolulu en 1961 (55 ans en 2016), Barack Obama est le premier Afro-Américain à être élu président des États-Unis. Son ascension au niveau national commence en 2004, lorsqu’il entre au Sénat en tant qu’élu de l’Illinois et prononce un discours remarqué lors de la convention d’investiture de John Kerry (lequel sera défait quelques mois plus tard par George W. Bush à la présidentielle).
En 2008, au terme d’une primaire indécise, il crée la surprise en décrochant l’investiture du parti à la présidentielle au détriment d’Hillary Clinton. Il s’impose ensuite nettement face au républicain John McCain et est réélu quatre ans plus face à Mitt Romney.
Les mandats d’Obama sont marqués par le sauvetage de l’économie suite à la grande crise de 2008, ainsi que par l’adoption de l’Obamacare et du Dodd-Frank Act. Il mena également le retrait des troupes américaines d‘Irak et, ordonna l’intervention qui mena à la mort d’Oussama Ben Laden. Il donne également en 2011 son aval pour intervenir militairement dans la guerre civile qui ravage la Libye, mais déclarera cinq plus tard que ne pas avoir suffisamment préparé l’après-Kadhafi était la pire erreur de sa présidence.
C’est sans doute avec ce fiasco en tête qu’il se retient d’intervenir directement dans le conflit syrien, y compris quand le régime de Bachar el-Assad franchit la ligne rouge en recourant à des armes chimiques. Il est néanmoins contraint de ré-impliquer des hommes en Iraq pour aider le gouvernement légitime à contenir la poussée de Daech, et d’en maintenir en Afghanistan face à la résurgence des talibans. Dans un tout autre registre, il entame un processus de normalisation avec Cuba et obtient un accord nucléaire avec l’Iran.
Sur le plan intérieur, sa présidence est entre autres marquée par la question lancinante des armes à feu, avec, comme tragédie emblématique, le massacre de Sandy Hook en 2012. Ses tentatives pour une législation plus restrictives se sont toutefois heurtées à un Congrès (redevenu républicain en 2011 et électrisé par les élus Tea Party) qui bloque les initiatives en ce sens. Ce Congrès lui a également mené la vie dure en matière budgétaire, (avec, en point d’orgue, la crise du shutdown 2013. L’immigration illégale a également constitué un chantier important pour Obama, lequel a tenté d’accélérer la régularisation de nombre de clandestins mais s’est heurté (à nouveau) au Congrès, ainsi qu’à la Cour suprême.
Au cours de la campagne 2016, le nom d’Obama revient souvent dans la bouche des candidats. Chez les démocrates, Clinton (qui a été sa Secrétaire d’État de 2009 à 2013) se réclame de lui et se pose en continuatrice de son œuvre, Bernie Sanders de son côté se montrant davantage critique, saluant certes ses accomplissements mais regrettant qu’il n’ait pas été assez loin sur certains sujets (la couverture sociale universelle, Wall Street …).
La chanson est évidemment tout autre chez les républicains, pour qui Obama est l’incarnation du mal, de l’incompétence et du chaos. Les candidats du GOP n’ont pas eu de mots assez durs pour qualifier l’état dans lequel (selon eux) il laisse le pays, et ont critiqué à n’en plus finir l’Obamacare, que tous veulent abroger. Ils ont également exigé du président sortant qu’il s’abstienne de nommer un remplaçant au juge de la Cour suprême Antonin Scalia, estimant qu’une telle tâche devait revenir au prochain président.
De son côté, Obama commence à intervenir personnellement dans la campagne lorsque la victoire à la primaire de Clinton est confirmée. Il participe ainsi à plusieurs de ses meetings, prononce un discours à la convention de Philadelphie, et tire à boulets rouges sur Donald Trump, déclarant entre autres qu’il n’était « pas qualifié pour être président » et qu’il était « terriblement mal préparé », avant de se demander ouvertement pourquoi les républicains qui le critiquent le soutiennent encore. Son implication va crescendo à mesure que se rapproche le scrutin, en vain : malgré ses efforts et ses appels à aller voter, Donald Trump crée la surprise et remporte l’élection.
Michelle Obama
Née à Chicago (Illinois) en 1964 (52 ans en 2016), Michelle Obama est avocate et l’épouse de Barack Obama. Elle devient First Lady lorsque celui-ci accède à la Maison Blanche et s’engage dans des actions contre la pauvreté et en faveur des droits LGBT, ainsi que ceux des femmes. Elle est également à l’origine de la campagne Let’s Move visant à promouvoir l’activité physique et une nutrition équilibrée. Indépendamment de ses engagements, elle est réputée pour son élégance et ses choix vestimentaires. Elle est en outre fréquemment citée dans des classements du genre « Top 10 des femmes les plus inspirantes » ou encore « Les femmes les mieux habillées ». Elle forme avec Barack Obama un couple glamour et iconique, et elle jouit d’une notoriété et d’une popularité certaines.
Au cours de la campagne, elle se fait remarquer à deux reprises à une semaine d’intervalle. La première l’est à son corps défendant et de manière indirecte, lorsqu’il apparaît que Melania Trump (l’épouse de) s’est largement inspirée du discours qu’elle a prononcé en 2008 lors de l’investiture de Barack Obama pour rédiger celui qu’elle-même prononce cette année lors de la convention républicaine de Cleveland où son mari reçoit la nomination du parti pour la présidentielle.
Une semaine plus tard lors de la convention démocrate de Philadelphie, Michelle Obama est une deuxième fois sur le devant de la scène, et cette fois sans intermédiaire, pour un nouveau discours lors d’une cérémonie d’investiture, celle d’Hillary Clinton, où elle livre une prestation de haut vol et saluée à la quasi-unanimité par les observateurs. L’implication de Michelle Obama va alors aller crescendo dans la campagne, et plus encore après les révélations sur les propos de Trump concernant les femmes. Hillary Clinton se référera à deux reprises lors des débats à l’une de ses citations (« When they go low, you go high » cf. en particulier le deuxième débat) et déclara qu’elle était son amie, ce qui ne manqua pas de faire sourire ceux se rappelant les propos venimeux que l’épouse de Barack Obama avait tenus en 2008, lors des primaires démocrates (« Une femme qui ne tient pas son foyer ne peut pas diriger la Maison Blanche »). La hache semble cependant avoir été bel et bien enterrée entre elles, en tout cas, le soutien indéfectible de Michelle Obama à la victoire de Clinton et à la défaite de Trump ne fait pas de doute.
Les apparitions de qualité de Michelle Obama commencent toutefois à soulever une question : et si, dans le futur, elle tentait elle aussi sa chance à la Maison Blanche. A cela, son mari aime à répéter : « Il y a deux choses certaines sur Terre : les impôts, et que Michelle ne concourra jamais à la présidence ».
Nancy Pelosi
Née à Baltimore (Maryland) en 1940 (76 ans en 2016), Nancy Pelosi est représentante de Californie au Congrès depuis 1987. Chef de file des démocrates à la Chambre depuis 2003, elle en devient le speaker lorsque ceux-ci en prennent le contrôle en 2007. Première femme à occuper cette fonction, elle doit toutefois la céder à John Boehner en 2011 lorsque les républicains regagnent la majorité, Pelosi redevenant alors chef de l’opposition démocrate.
Pelosi est considérée comme l’une des principales représentantes du courant progressiste au sein du parti démocrate. L’un de ses faits d’armes est notamment d’avoir voté contre la guerre en Irak (elle vota en revanche en faveur du Patriot Act). A noter que le district dont elle est élue couvre une large partie de San Francisco.
En octobre 2015, elle est impliquée dans l’accord obtenu entre le Congrès et la Maison Blanche pour relever de $80 milliards le plafond de la dette fédéral et ainsi éviter un nouveau shutdown gouvernemental.
Harry Reid
Né à Searchlight (Nevada) en 1939 (77 ans en 2016), Harry Reid a été représentant du Nevada à la Chambre de 1983 à 1987 et est sénateur de ce même État depuis 1987. Il devient chef de file des démocrates au Sénat en 2005, d’abord en tant que chef de la majorité, puis, depuis 2015, en tant que chef de l’opposition. Il se retirera de ces fonctions au terme de son mandat en janvier 2017.
De religion mormone, Reid est partisan d’un droit restreint en ce qui concerne l’adoption (cas d’inceste, de viol ou mise en danger de la vie de la mère). Concernant le mariage gay, il a défendu jusqu’en 2012 qu’un mariage devait être entre un homme et une femme, avant de revoir sa position et de se déclarer favorable au mariage entre gens du même sexe.
En octobre 2015, il est impliqué dans l’accord obtenu entre le Congrès et la Maison Blanche pour relever de $80 milliards le plafond de la dette fédéral et ainsi éviter un nouveau shutdown gouvernemental.
Debbie Wasserman Schultz
Née à New York en 1966 (50 ans en 2016), Debbie Wasserman Schultz est représentante de l’État de Floride à la Chambre depuis 2005. A partir de 2011, elle devient également présidente du Comité national démocrate (DNC), ce qui l’amène à organiser et superviser le déroulement des primaires de ce parti en 2016.
Au cours de la campagne 2016, Debbie Wasserman Schultz est régulièrement la cible de critiques de la part de Bernie Sanders et Martin O’Malley, ceux-ci lui reprochant de n’avoir mis sur pied qu’un faible nombre de débats télévisés, et, qui plus est, de les avoir organisés à des heures de faible audience, cela, d’après eux, dans le but de favoriser Clinton, d’éviter qu’elle ne soit trop souvent exposée aux attaques de ses rivaux et d’empêcher ceux-ci de trop gagner en notoriété.
Les accusations de favoritisme en faveur de Hillary Clinton (qu’elle a soutenue en 2008, faisant même partie de son équipe de campagne) vont se faire de plus en plus pressante de la part de Bernie Sanders à mesure que les primaires avancent, notamment lors du fiasco du scrutin organisé en Arizona. Et lorsque, en juillet 2016, vient le temps de la négociation entre Clinton et Sanders pour obtenir le ralliement officiel de ce dernier à la campagne de la première, l’une des conditions mises sur la table par le sénateur du Vermont est d’obtenir la démission de Debbie Wasserman Schultz. Un autre fait, complètement inattendu, va toutefois la précipiter : le DNC-leaks qui a lieu juste avant le début de la convention de Philadelphie, c.-à-d. la publication par Wikileaks d’emails confirmant le parti pris de la présidente du Comité national démocrate en faveur de Clinton et sa volonté de saper la campagne de Sanders. Cette fois, la coupe est pleine, et Debbie Wasserman Schultz n’a d’autre choix que de démissionner.
Donna Brazile
Née en Louisiane en 1959 (57 ans en 2016), Donna Brazile est la présidente intérimaire du DNC. Cette prise de fonction a eu lieu fin juillet 2016 et fait suite à la démission de Debbie Wasserman Schultz, éclaboussée par le scandale du DNC-leaks confirmant les accusations du camps Sanders sur le favoritisme de l’organe central du parti démocrate vis-à-vis d’Hillary Clinton. Elle-même concernée par ces révélations, Donna Brazile s’est excusée auprès de Sanders.
Donna Brazile est membre de longue date du parti démocrate. Après avoir collaboré aux campagnes présidentielles de 1984 (avec Jesse Jackson, puis Walter Mondale), 1988 (Richard Gephardt), 1992 et 1996 (Bill Clinton), elle est devenue la première directrice de campagne afro-américaine (Al Gore en 2000).
A noter qu’elle a déjà effectué un premier intérim à la tête du DNC en 2011, lors de la transition entre Tim Kaine et Debbie Wasserman Schultz.
Mise à jour au 31 octobre – Au cours de la campagne présidentielle, le nom de Donna Brazile vient fin octobre sur le devant de la scène lorsque WikiLeaks (dans le cadre de l’affaire des emails de John Podesta) révèle qu’elle a transmis à l’avance à Hillary Clinton au moins une question qui allait lui être posée lors du débat démocrate à Flint, lequel était organisé par la chaîne CNN où Brazile tient un rôle de consultante (elle devra toutefois démissionner de ce poste après cette révélation).
Chuck Schumer
Né à Brooklyn (New York) en 1950 (66 ans en 2016), Chuck Schumer a été représentant de l’État de New York à la Chambre de 1981 à 1999 et est depuis sénateur de ce même État. Il a été adoubé par Harry Reid pour reprendre son poste de file du groupe démocrate au Sénat lorsque celui-ci quittera ce poste en janvier 2017.
Au cours de la campagne 2016, son nom a été fréquemment cité lors des débats … républicains. Schumer a en effet présidé le Gang of Eight chargé en 2013 par le Sénat de rédiger une proposition de loi concernant la modernisation du système d’immigration. Ce projet de loi a depuis été adopté au Sénat mais est toujours bloqué à la Chambre des représentants et fait l’objet de vives controverses, notamment côté républicain, où Ted Cruz n’est pas le dernier à donner de la voix et présente cette loi comme un projet d’amnistie. Or, parmi le Gang of Eight de Schumer figuraient quatre républicains, dont … Marco Rubio, ce dont Cruz ne se priva pas de régulièrement rappeler durant la campagne des primaires, associant dès qu’il le pouvait son rival Rubio avec le démocrate Schumer.
En septembre 2016, la loi « Justice Against Sponsors of Terrorism Act » (laquelle autorisant les proches des victimes du 11 septembre à poursuivre des pays étrangers, dont l’Arabie saoudite) qu’il porte conjointement avec le républicain John Corryn est validée par la Sénat, lequel s’est largement opposé au veto que Barack Obama voulait imposer (97 sénateurs sur 100 ont rejeté ledit veto).
Le 8 novembre, Chuck Schumer est facilement réélu au Sénat.
Elizabeth Warren
Née à Oklahoma City en 1949 (66 ans en 2015) et professeur de droit pendant vingt ans à l’université d’Harvard, Elizabeth Warren est révélée au grand public lors de la crise de 2008 lorsqu’elle prend la présidence du conseil de surveillance du TARP (Troubled Assets Relief Program, un plan de soutien gouvernemental au secteur financier). Également « Assistante du Président » Obama et conseillère spéciale au « Bureau de la Protection financière des consommateurs », elle est élue sénatrice du Massachusetts en 2012 et siège depuis au Congrès.
Personnalité neuve dans le paysage politique américain, Elizabeth Warren est une figure en vue de la gauche du parti et est connue pour ses positions en faveur d’Occupy Wall Street. Divers observateurs ont régulièrement avancé son nom pour la course à la présidence 2016, mais elle-même a démenti de telles intentions. Son soutien est activement recherché par les candidats en présence.
d) Figures historiques du parti
Andrew Jackson
Né en 1767 en Caroline et décédé à Nashville (Tennessee) en 1845 à l’âge de 78 ans, Andrew Jackson est une figure controversée de l’histoire américaine.
Sa notoriété sur le plan national naît de ses succès militaires au cours de la guerre de 1812 contre le Royaume-Uni (notamment lors de la bataille de La Nouvelle-Orléans), puis lors de la guerre contre la tribu indienne des Séminoles en 1819, cette dernière facilitant la cession de la Floride par l’Espagne aux États-Unis en 1821.
En 1824 il se présente à la présidence sous la bannière du parti dominant alors la vie politique américaine, le parti démocrate-républicain. Celui-ci est toutefois la proie de fortes dissensions et pas moins de quatre candidats se réclamant de lui participent à la présidentielle. Parmi eux, Jackson est celui qui obtient le plus de grands électeurs en sa faveur. Pas assez cependant pour décrocher la majorité absolue, le choix du vainqueur revenant alors à la Chambre des représentants, laquelle porte son dévolu sur John Quincy Adams, à la fureur de Jackson qui avait également remporté le vote populaire et hurle à la corruption.
Les mêmes acteurs se représentent en 1828, quoique dans une configuration différente : John Quincy Adams a fait sécession et fondé le parti national républicain (lequel n’est pas lié au parti républicain moderne). De son côté, Jackson a rebaptisé le parti démocrate-républicain en parti démocrate. Et cette fois, il remporte sans la moindre contestation le scrutin.
Réélu triomphalement en 1832, Jackson doit sa popularité à son populisme qui le rapproche des « petites gens » (lui-même est d’origine modeste et est surnommé « l’ami de l’homme ordinaire », en opposition aux « riches banquiers »), à ses succès militaires passés, mais aussi au soutien des planteurs du Sud, esclavagistes comme lui.
Un autre aspect de la personnalité de Jackson a également joué en sa faveur : sa réputation de « chasseur d’indiens ». Elle se traduit pendant sa présidence par l’adoption du Indian Removal Act, lequel conduit à la déportation forcée et meurtrière par-delà le Mississippi des tribus indiennes vivant encore dans l’est du pays.
A noter que le portrait de Jackson qui orne le billet de 20 dollars sera remplacé en 2020 par celui d’Harriet Tubman, une Afro-Américaine militante abolitionniste du XIXe siècle. L’effigie de Jackson ne disparaîtra toutefois pas totalement du billet puisqu’elle sera reproduite sur son envers.
Grover Cleveland
Né dans le New Jersey en 1837 et décédé dans ce même État en 1908 à l’âge de 71 ans, Grover Cleveland, alors gouverneur de New York, ramène les démocrates à la Maison Blanche en 1884 après une absence de vingt-quatre ans consécutive à la lutte pour l’abolition de l’esclavage et la guerre de Sécession. Battu en 1888, il sera néanmoins réélu en 1892, devenant le premier président à décrocher deux mandats non-consécutifs.
Au sein du parti démocrate, Grover Cleveland représente le courant dit « bourbon », lequel, économiquement et fiscalement conservateur, favorise les grandes entreprises et le monde des affaires en général. Il subira toutefois de plein fouet la crise de 1893, face à laquelle Cleveland ne trouvera pas de réponse et qui offrira un boulevard aux républicains pour les élections suivantes, tandis que le parti démocrate, emmené par William Jennings Bryan, allait entamer une mue idéologique et basculer sur la gauche de l’échiquier politique américain.
William Jennings Bryan
Né dans l’Illinois en 1860 et décédé à Dayton (Tennessee) en 1925 à l’âge de 65 ans, William Jennings Bryan est une figure majeure du parti démocrate au tournant des XIXe et XXe siècles. S’il n’a jamais été élu à la présidence en dépit des trois investitures qu’il a reçues de la part des démocrates (1896, 1900 et 1908), il n’en marque pas moins à la base d’une évolution idéologique majeure du parti, celui-ci basculant alors sur la gauche de l’échiquier politique américain au détriment de son positionnement antérieur, davantage favorable aux banques et aux grandes entreprises.
Orateur brillant, William Jennings Bryan (qui n’a que 36 ans lorsqu’il se présente pour la première fois à la présidence) se fait connaître par sa défense enflammée du bimétallisme au détriment de l’étalon-or (un sujet alors hautement sensible), avant de mettre en avant son anti-impérialisme et de s’en prendre aux grands trusts économiques et financiers qui sapent le droit à la concurrence.
Devenu Secrétaire d’État de Woodrow Wilson en 1913, il démissionne deux ans plus tard lorsque celui-ci durcit le ton face à l’Allemagne qui vient de torpiller le paquebot anglais Lusitania sur lequel se trouvait des citoyens américains.
Profondément croyant, Bryan était un partisan de la prohibition. Il était aussi opposé au Darwinisme et à la théorie de l’évolution, l’un des derniers actes de sa vie étant d’ailleurs de participer en tant que procureur de l’accusation au procès Scopes (dit aussi « procès du singe »), dans lequel un professeur du secondaire du Tennessee était accusé d’avoir bafoué une loi interdisant l’enseignement de l’évolution dans les écoles publiques de l’État.
Woodrow Wilson
Né en Virginie en 1856 et décédé à Washington D.C. en 1924 à l’âge de 67 ans, Woodrow Wilson se place dans la lignée des idées progressistes de William Jennings Bryan (lequel sera d’ailleurs son Secrétaire d’État pendant deux ans).
Élu gouverneur du New Jersey en 1910, il voit sa cote monter rapidement au sein du parti démocrate et reçoit l’investiture à la présidentielle 1912, une présidentielle qu’il remporte en bonne partie grâce à la division des républicains, lesquels se présentent désunis à l’élection avec la candidature dissidente de Theodore Roosevelt.
Sur le plan intérieur, il axe sa politique économique sur la lutte contre les grands trusts industriels et financiers et renforce les droits des travailleurs. C’est aussi sous sa présidence que seront adoptés deux Amendements majeurs de la Constitution : le XVIIIe qui introduit la prohibition, et le XIXe, qui accorde aux femmes le droit de vote.
Sur le plan extérieur, Wilson adopte d’abord une politique de neutralité vis-à-vis du conflit qui ravage alors l’Europe. Les attaques de sous-marins allemands dans l’Atlantique le poussent toutefois à mettre fin à l’isolationnisme américain et à soutenir les Alliés franco-britanniques tant financièrement (prêts de milliards de dollars) que militairement (envoi d’un corps expéditionnaire). A la base de l’instauration de la Société des Nations, Wilson rencontre toutefois une vive opposition intérieure vis-à-vis de ce projet, qui ne sera finalement pas ratifié par le Sénat.
Victime d’une attaque cérébrale, il n’est pas en mesure de se présenter pour un troisième mandat, même s’il tente d’influencer la convention démocrate de 1920 pour qu’elle le désigne en dernier ressort, en vain. Lors de la présidentielle, le candidat choisi (le gouverneur de l’Ohio James Cox) sera balayé par son rival Warren Harding, lequel a mené une campagne féroce contre le bilan de Wilson.
Franklin Delano Roosevelt
Né à New York en 1882 et décédé en Géorgie en 1945 à l’âge de 63 ans, Franklin Roosevelt est un des présidents les plus emblématiques de l’histoire des États-Unis.
Gouverneur de New York depuis 1929, il est élu à la présidence en 1932 face au président républicain sortant Herbert Hoover qui a été incapable de répondre à la Grande Dépression qui sévit depuis trois ans. Rompant avec le laissez-faire de ses prédécesseurs, Franklin Roosevelt (qui ramène les démocrates à la Maison Blanche douze ans après l’avoir quittée) offre au pays un New Deal, un projet progressiste et social consistant entre autres en une multitude de programmes d’aide aux démunis, des grands travaux d’infrastructure pour relancer l’activité et résorber le chômage, et de lois visant à réduire les risques que survienne une nouvelle crise économique et financière majeure (cf. notamment la loi Glass-Steagall).
Réélu à trois reprises (il est le seul président à avoir exercé plus de deux mandats), Franklin Roosevelt dirige également le pays pendant la Seconde Guerre mondiale. Il meurt toutefois en avril 1945, peu après sa réélection et quelques mois avant la fin complète du conflit.
John Fitzgerald Kennedy
Né en 1917 dans le Massachusetts, John Fitzgerald Kennedy devient en 1960, à 43 ans, le plus jeune président élu des États-Unis. Il est aussi le premier catholique dans un pays majoritairement protestant à exercer une telle fonction.
Son assassinat trois ans plus tard à Dallas, dans des circonstances mal éclaircies et toujours controversées, le propulse au rang de mythe, un mythe qu’il avait déjà en partie façonné de son vivant, tant par sa vie privée (sa jeunesse ; le couple qu’il forme avec sa femme Jackie ; son appartenance au clan Kennedy, avec pour patriarche son père Joe aux activités parfois peu reluisantes) que par son action politique (la quête d’une « Nouvelle Frontière » ; le fiasco de la baie des Cochons ; la crise des missiles de Cuba ; sa relation avec Martin Luther King et son implication dans la lutte pour les droits civiques ; le lancement d’un ambitieux programme spatiale ; le tandem qu’il forme avec son frère Bobby qui devient ministre de la Justice ; …), et auquel les révélations ultérieures sur ses nombreuses maîtresses (dont Marilyn Monroe) et ses relations avec la mafia apporteront une dimension sulfureuse.
George McGovern
Né dans le Dakota du Sud en 1922 et décédé dans ce même État en 2012 à l’âge de 90 ans, George McGovern est une sorte de pendant démocrate au républicain Barry Goldwater et symbolise un candidat investi par son parti au cours des primaires, mais dont la radicalité ne lui laisse quasi aucune chance de remporter la présidentielle.
Représentant du Dakota du Sud à la Chambre de 1957 à 1961, puis sénateur de ce même État de 1963 à 1981, McGovern se présente en 1972 à la primaire du parti démocrate. Pacifiste convaincu, il base son programme notamment sur la fin de la guerre du Vietnam, une réduction massive des dépenses militaires et plusieurs mesures d’aides sociales. Porté par le soutien populaire de la base démocrate, McGovern (dont les intentions de vote étaient au départ très faibles) voit sa cote grimper et il remporte finalement la primaire, au grand dam de l’establishment d’un parti qui ressort fracturé de l’épreuve et est loin de lui accorder tout son soutien. Quatre mois plus tard, McGovern – dépeint comme un dangereux gauchiste – sera laminé par le président sortant Richard Nixon.
Al Gore
Né à Washington DC en 1948 (68 ans en 2016), Al Gore s’inscrit dans la mouvance des « Nouveaux Démocrates » qui, à partir des années 1980, vont déplacer le parti démocrate de la gauche de l’échiquier politique américain vers son centre, notamment en matières économiques et fiscales.
Représentant du Tennessee à la Chambre de 1977 à 1985 et sénateur de ce même État de 1985 à 1993, il est aussi candidat à l’investiture démocrate en 1988 qui sera remportée par Dukakis. Un grave accident subi par son jeune fils le pousse à ne pas se présenter à la primaire 1992 remportée par Clinton. Celui-ci proposera alors à Al Gore d’être son colistier, ce qu’il acceptera.
La vice-présidence d’Al Gore est une des plus actives qui ait été (notamment en matière économique, environnementale et numérique, lui-même étant un grand promoteur d’Internet), et il bénéficie d’une notoriété et d’une popularité qui en font un candidat naturel pour la présidentielle de 2000. Opposé à George W. Bush, il remporte le vote populaire, mais pas celui des grands électeurs, notamment suite à la perte de la Floride, au terme d’un invraisemblable imbroglio électoral.
Après cette déconvenue, Gore s’investit dans la lutte contre le réchauffement climatique et la protection de l’environnement. Il en est récompensé en 2007 par un prix Nobel de la paix reçu conjointement avec le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat).
3. Autres personnalités
a) Les candidats Third Party
Gary Johnson (Parti libertarien), Jill Stein (Green Party) et d’autres candidats Third Party sont présentés ici.
b) Figures historiques
La famille Adams
Né dans le Massachusetts en 1735 et décédé dans ce même État en 1826 à l’âge de 90 ans, John Adams est l’un des Pères fondateurs du pays qui signèrent le Déclaration d’indépendance des États-Unis en 1776. Il devient par la suite le premier vice-président du pays en 1789 et le reste jusqu’en 1797, année où il accède à la présidence. Il est aussi en 1800 le premier occupant de la Maison Blanche nouvellement construite. Il se représente en 1801 pour un second mandat mais est battu par Thomas Jefferson.
Son épouse est Abigail Adams (née en 1744 dans le Massachusetts et décédée en 1818 à l’âge de 73 ans). Proche de son mari dont elle fait parfois office de conseiller et avec qui elle entretient une longue correspondance, elle est la première hôtesse de la Maison Blanche.
Leur fils John Quincy Adams (né en 1767 dans le Massachusetts et décédé en 1848 à l’âge de 80 ans) deviendra quant à lui le sixième président des États-Unis (de 1825 à 1829), au terme d’une des élections les plus controversées de l’histoire du pays (voir Andrew Jackson).
Ross Perot
Né au Texas en 1930 (86 ans en 2016), Ross Perot est un homme d’affaires milliardaire fondateur de la société d’informatique EDS que rachète HP en 2008.
Personnage au caractère fort et indépendant, il n’hésite pas en 1979 à mettre sur pied un commando afin de mener à bien l’exfiltration de deux de ses employés détenus dans une prison iranienne suite à un différend commercial. Dix ans auparavant, il avait tenté d’affréter deux avions pour fournir des repas aux soldats américains prisonniers à Hanoï mais ne fut pas autorisé à atterrir.
Opposé à la décision de George Bush de déclarer la guerre en Irak en 1991 et frustré par son programme économique, il annonce sa candidature en tant qu’indépendant pour la présidentielle de 1992. Bénéficiant du ressentiment de nombre républicains envers l’action de Bush à la Maison Blanche (notamment le reniement de sa promesse de ne pas augmenter les impôts), Perot gagne en notoriété et popularité, et pointe même à 39% d’intentions de vote à cinq mois du scrutin. Sa campagne s’enlise toutefois par la suite et est entre autres plombée par ses atermoiements quant au maintien ou non de sa candidature, soi-disant par crainte d’un coup tordu des républicains concernant le mariage de sa fille. Et s’il revient finalement bel et bien dans le course début octobre, les sondages en sa faveur ont fortement plongé. Il récupère une partie de ses pertes grâce à des débats où il ne ménage pas George Bush et récolte 19% du vote populaire le jour de l’élection (le meilleur résultat d’un candidat third party depuis 1912), ne remportant toutefois aucun État. Son impact sur le verdict final de l’élection (victoire de Bill Clinton devant George Bush) reste discuté, même s’il donna clairement un coup de pouce au démocrate en reprenant de volée George Bush, lequel, critiquant le manque d’expérience de Clinton, se vit entendre répliquer par Perot : « Il n’a certainement pas, en effet, l’expérience qui vous fait créer pour ce pays un déficit de 30 milliards de dollars par mois ! ».
Après 1992, Perot continue sa route en fondant le Parti de la Réforme. Celui-ci ne lui permet toutefois pas de rééditer sa performance passée lors de l’élection présidentielle de 1996 (où Perot récolte tout de même 8% des votes mais est pénalisé par son absence des débats suite à un changement de règle électorale) et il se met peu à peu en retrait de la vie politique.
Ralph Nader
Né dans le Connecticut en 1934 (82 ans en 2016), Ralph Nader est politicien et activiste américain qui se fait connaître en 1965 par la publication du livre Unsafe at Any Speed, dans lequel il critique le peu de mesures de sécurité selon lui négligées par les constructeurs automobiles au profit des coûts et du style.
Nader poursuit sa carrière en devenant une figure en vue de la défense des consommateurs. Sa popularité s’accroissant, il bifurque vers une carrière politique guidée par des idées progressistes, et, en 1996, il se présente à la présidentielle en tant que représentant de plusieurs mouvements écologistes. Il y décroche 0,7% et retente sa chance en 2000 sous la bannière du Green Party. Son score est meilleur (2,7%) mais sera aussi une polémique, plusieurs voix parmi les démocrates l’accusant d’être responsable de la défaite d’Al Gore en le privant de suffrages décisifs dans l’État de Floride, bien que diverses analyses post-scrutins relativisent l’impact qu’une absence de Nader aurait pu avoir su le résultat final.
Nader se représentera encore en 2004 et 2008, mais n’y récoltera à chaque fois que des petits scores (respectivement 0,4% et 0,6%).
c) Médias et journalistes
Megyn Kelly
Née à Syracuse (New York) en 1970 (46 ans en 2016), Megyn Kelly est une journaliste politique en vue de la chaîne Fox News.
Elle est mise sur le devant de la scène au cours de la campagne 2016 suite à ses démêlés avec Donald Trump, celui-ci lui reprochant suite au premier débat républicain la manière dont elle lui a posé des questions au sujet des femmes, allant jusqu’à suggérer que son agressivité était due au fait qu’elle avait … ses règles. Le tollé est immédiat.
La hache de guerre n’est toujours pas enterrée lorsque vient le septième débat républicain (fin janvier 2016), un débat auquel Trump refuse de participer du fait de la présence de Megyn Kelly. Les protagonistes de cette histoire se retrouveront une troisième fois en mars lors du onzième débat républicain organisé à Detroit, un débat à l’ambiance particulièrement houleuse mais sans algarade entre Trump et Kelly.
Une fois l’investiture de Trump gagnée, une rencontre sera organisée entre la journaliste et lui de manière à arranger leur « réconciliation », cette opération se plaçant dans le cadre d’une opération de présidentialisation de la part du milliardaire.
Les journalistes de CNBC lors du 3e débat républicain
Rebecca « Becky » Quick (journaliste et présentatrice des journaux télévisés de CNBC, née en 1972, 44 ans en 2016), John Harwood (correspondant-en-chef de CNBC à Washington, né en 1956, 60 ans en 2016) et Carl Quintanilla (journaliste et présentateur à CNBC, né en 1970, 46 ans en 2016) sont les trois journalistes mis sur la sellette par les républicains lors de leur troisième débat, au cours duquel lesdits journalistes ont tour à tour été accusé de parti pris en faveur des démocrates, de sensationnalisme et d’impréparation. La conséquence de cette soirée désastreuse fut la décision par le comité organisateur républicain de retirer à la chaîne la diffusion d’un autre débat. Le résumé complet de la soirée et des reproches adressés aux journalistes est ici.
Les présentateurs des débats Trump-Clinton
Les débats présidentiels de septembre et octobre ont impliqué quatre présentateurs réputés. Le premier fut Lester Holt (né en Californie en 1959, 57 ans en 2016), de la chaîne NBC. Avant le débat, Trump a mis en cause son impartialité en l’accusant d’être démocrate alors qu’il est renseigné républicain depuis 2003, ce qui était sans doute sans importance aux yeux du milliardaire, celui-ci appliquant sa tactique habituelle de crier au complot dans le but de parer à l’avance toute mauvaise prestation de sa part. Concernant la tenue même du débat, Holt n’a pas toujours eu facile à contrôler les échanges, mais sa prestation d’ensemble fut assez bonne.
Le deuxième débat fut animé par un duo de présentateurs : Anderson Cooper (né à New York en 1967, 49 ans en 2016), de CNN, et Martha Raddatz (née en Idaho en 1953, 63 ans en 2016). Et sans doute fallait-il bien cela pour tenir en main ce qui est apparu comme l’un des pires (si pas le pire) débat présidentiel de l’histoire. L’événement se tint en effet dans une ambiance délétère quarante-huit heures après des révélations sur des propos polémiques de Trump concernant les femmes. Très vite, la salle devint tribunal, et Cooper ne fut pas le dernier à jouer le rôle du procureur. Raddatz fut plus sobre dans ses interventions mais n’hésita pas à hausser la voix quand Trump s’évertua à ne pas vouloir répondre à une question. Leur prestation d’ensemble fut globalement d’un très bon niveau, tout comme le fut celle de Chris Wallace (né à Chicago en 1947, 69 ans en 2016) lors du troisième débat, le présentateur de Fox News a parfaitement tenu les rênes de la dernière soirée opposant Trump et Clinton.
d) Divers
Les membres de la Cour suprême
Plusieurs parmi les juges actuellement en poste ou ayant été en poste à la Cour suprême ont été évoqués au cours de la campagne 2016. Parmi ceux-ci, le moindre ne fut pas Antonin Scalia (1936-2016), nommé en 1986 par Reagan et dont le décès en janvier 2016 a été abondamment commenté par les républicains qui craignent qu’Obama ne le remplace par un juge moins conservateur, ce qui ferait basculer l’équilibre actuel de la Cour suprême en faveur des progressistes. Passant outre les injonctions de laisser au président suivant le soin de choisir le remplaçant de « Justice » Scalia, Barack Obama a annoncé en mars avoir choisi Merrick Garland (né en 1952) pour être son successeur. Cette nomination doit toutefois être validée par le Sénat, lequel est actuellement contrôlé par les républicains, lesquels ont annoncé qu’aucun vote sur la candidature de Garland n’aura lieu avant la présidentielle.
Le nom de deux autres juges de la Cour suprême ont été occasionnellement cités lors des débats républicains : celui de John Roberts (1955), un juge conservateur nommé en 2003 par George W. Bush mais qui prit des décisions favorables à l’Obamacare, au grand dam des républicains ; et celui de Sonia Sotomayor (1954), nommée par Obama en 2009.
Dans un tout autre registre, la doyenne des juges à la Cour suprême Ruth Bader Ginsburg (née en 1933 et nommée par Bill Clinton en 1993) est apparue sur le devant de la scène suite à une prise de bec qui l’a opposée à Donald Trump en juillet 2016. Dans une interview sur CNN, celle-ci a en effet traité le milliardaire de « faussaire » et l’a accusé de ne pas avoir de cohérence et de dire tout ce qui lui passait par la tête au moment même. Ulcéré, Trump a réagi en s’interrogeant sur les capacités mentales de l’octogénaire (Ruth Bader Ginsburg a 83 ans) et a appelé à sa démission. De leurs côtés, plusieurs observateurs (dont le New York Times, le Washington Post) ont critiqué la sortie de la juge, estimant qu’un membre de la Cour suprême n’avait pas à intervenir de la sorte. La principale intéressée est revenue sur ses propos un peu plus tard, en disant les regretter.
Le juge Gustavo Oriel et les « attorney general » Eric Schneiderman et Pam Bondi
Le juge californien Gonzalo Curiel (né en 1953, 63 ans en 2016) instruit un dossier contre la Trump University. En mai 2016, il rend public une série de témoignages de plaignants évoquant un « système frauduleux ». Furieux, le candidat accuse le juge d’être partial et met en cause ses origines mexicaines, provoquant aussitôt la consternation de la plupart des caciques du parti républicain, atterrés que Trump continue de s’aliéner de la sorte l’électorat hispanique si vital pour le scrutin à venir.
Eric Schneiderman (né en 1954, 62 ans en 2016) est quant à lui attorney general de New York. En 2013, il lance des poursuites contre la Trump University. En septembre 2016, il intervient également contre la Trump Foundation, accusée de plusieurs versements douteux, dont, en 2013 un don de $25 000 à la campagne pour la réélection de l’attorney general de Floride Pam Bondi (née en 1963, 53 ans en 2016), laquelle envisageait alors elle aussi de lancer des poursuites contre la Trump University.
James Comey
Né à New York en 1960 (56 ans en 2016), James Comey a été nommé directeur du FBI en septembre 2013 par Barack Obama.
Son nom apparaît dans la campagne présidentielle de 2016 suite à l’affaire des emails d’Hillary Clinton. Sa première sortie remarquée a lieu début juillet 2016, lorsqu’il recommande qu’aucune poursuite ne soit entamée à l’encontre de la démocrate, aucune intention de violer la loi n’ayant été démontrée, le seul reproche à formuler étant d’avoir été « extrêmement » négligente. Dans la foulée, James Comey ajoute qu’aucune intervention de l’attorney général Loretta Lynch n’a eu lieu dans cette affaire. Celle-ci s’était par ailleurs engagée à l’avance à respecter les recommandations du FBI quelles qu’elles soient, ce qui, vu ce qu’elles sont, signifient la fin de toute enquête judiciaire à l’encontre de Clinton.
De leur côté, les républicains hurlent à la connivence, au traitement de faveur. Et ils ne lâchent pas le morceau. Ainsi, le 16 août, le Congrès obtient la remise par le FBI du dossier confidentiel consacré à l’affaire, donnant ainsi l’impression de vouloir se lancer dans une sorte d’enquête sur l’enquête. Une semaine plus tard, un juge fédéral ordonne au département d’État de rendre public avant l’élection du 8 novembre 15 000 emails supplémentaires liés à la correspondance de Clinton à l’époque où elle travaillait pour l’administration Obama. Ces faits n’apportent a priori rien de neuf à une saga qui dure depuis un an et demi déjà, mais ils maintiennent la pression sur la candidate.
Pendant les deux mois qui suivent, la polémique continue d’être alimentée par Trump et le GOP, sans toutefois qu’aucun fait nouveau ne surgisse, de sorte que l’histoire paraît sous contrôle pour le camp démocrate. Quelle n’est pas alors sa surprise de découvrir le 28 octobre 2016 la lettre que James Comey a envoyé au Congrès pour annoncer un rebondissement dans l’affaire avec la découverte d’un ordinateur par lequel a transité des milliers d’emails liés au server privé d’Hillary Clinton. Ces emails sont-ils différents de ceux qui ont déjà été publiés ? Certains de ceux que l’ex-Secrétaire d’État a détruits s’y retrouvent-ils ? Pour l’instant (31 octobre), nul le sait, tout comme personne ne sait si le matériel nouvellement mis à jour contient des informations classifiées, voire s’il est de quelque pertinence pour l’affaire en question. Tout cela, Comey l’admet sans détours. Pourquoi a-t-il dès lors agi ainsi, à dix jours du scrutin. Pour les uns, il s’est montré prudent et a couvert ses arrières en informant le Congrès (et les Américains) que des éléments nouveaux étaient apparus, alors que, s’il ne l’avait pas fait, les républicains auraient eu de bonnes raisons de s’en plaindre. Pour d’autres, il vient avec du vent et commet une ingérence inacceptable dans la campagne, d’autant plus que l’envoi de la lettre s’est faite contre l’avis de l’attorney general des États-Unis, Loretta Lynch (laquelle, pour mémoire, s’est retrouvée fin juin au coeur d’une polémique concernant cette même affaire des emails).
En attendant, le FBI a obtenu le 30 octobre un mandat de perquisition lui permettant de pousser plus en avant l’analyse des emails retrouvés sur l’ordinateur de Weiner. Ses enquêteurs auront-ils le temps de les lire (la presse américaine parle de centaines de milliers de messages) et de présenter des conclusions d’ici au 8 novembre ? Et même si cela ne devait pas être possible, ce rebondissement aura-t-il une influence marquante sur le verdict électoral, sachant que plus de vingt millions de votes anticipés ont déjà eu lieu (soit à 15 à 20% du vote total) et que, au moment où James Comey a envoyé sa lettre, les sondages donnaient Clinton largement gagnante ?
Mise à jour au 7 novembre (veille du scrutin) – Dimanche 6 novembre, le directeur du FBI James Comey a annoncé que ses services ont terminé la vérification des emails trouvés sur l’ordinateur utilisé par l’ex-couple Huma Abedin et Anthony Weiner. Verdict : rien de particulier n’a été trouvé et le FBI confirme les conclusions qu’il avait rendu en juillet (c.-à-d. ne pas entreprendre de poursuites à l’égard d’Hillary Clinton).
Fin de l’histoire ? Ce rétropédalage du FBI n’annule pas l’effet provoqué par la sortie de Comey il y a une semaine, et il est probable que celui-ci aura des comptes à rendre si Clinton l’emporte. C’est peu dire en effet que cet « intermède » a été peu goûté par la candidate démocrate, laquelle a reçu un coup auquel elle ne s’attendait pas, et qui a substantiellement amplifié le redressement que Donald Trump manifestait alors dans les sondages. Un redressement suffisant pour renverser une situation qui il y a dix jours était complètement compromise ? Verdict demain.
La famille Addams
A l’origine bande dessinée créée dans les années 1930 par le dessinateurs Charles Addams, The Addams Family devient en 1964 une série télévisée humoristique à succès. Elle met en scène les membres pour le moins étranges d’une famille semblant tout droit sortie d’une nuit d’Halloween : Morticia, l’épouse belle et calme et spécialiste des poisons ; le mari Gomez, un riche homme d’affaires amoureux fou de sa femme ; leur fille Mercredi qui s’amuse à élever des araignées et décapiter ses poupées, leur fils Puglsey dont l’animal de compagnie est une pieuvre ; l’oncle Fétide qui aime jouer avec des explosifs et à la capacité d’allumer une ampoule en la glissant dans sa bouche ; le majordome Max qui rappelle le monstre créé par le docteur Frankenstein ; la Chose, une … main qui se déplace toute seule sur le sol de la maison ; la grand-mère (la mère de Gomez) au look de vielle sorcière ; etc.
Rendue notamment célèbre par son thème musical, la série a fait l’objet d’une adaptation au cinéma dans les années 1990 avec notamment Christina Ricci dans le rôle de Mercredi et Anjelica Huston dans celui de Morticia.
Julian Assange et WikiLeaks
Né dans le Queensland (Australie) en 1971 (45 ans en 2016), Julian Assange est un activiste fondateur et dirigeant de l’ONG WikiLeaks, laquelle a été créée en 2006 comme moyen de pression pour obliger les États et les entreprises à faire preuve de davantage de transparence. Wikileaks s’est ainsi spécialisé dans la divulgation de documents censés rester confidentiels, notamment à partir d’informations transmises par des lanceurs d’alerte. A son actif : le « Cablegate », qui, en 2010, a révélé 251 000 télégrammes diplomatiques envoyés par au Département d’Etat par les ambassades et consulats américains depuis 1966. Quelques mois auparavant, WikiLeaks s’était déjà fait remarquer en faisant fuiter des centaines de milliers de documents confidentiels relatifs à la présence américaine en Irak et en Afghanistan, dont plusieurs bavures militaires particulièrement meurtrières. Ces révélations font polémique, les uns acclamant Assange et son équipe pour son combat afin de plus de transparence, les autres lui reprochant des dévoiler inconsidérément des informations secrètes et de mettre en danger la vie d’autrui. Les mesures de rétorsion ne tardent guère à suivre, le site devient la cible de diverses manœuvres visant à nuire à son existence (attaques informatiques, blocage financier …) et Bradley « Chelsea » Manning, l’un des informateurs de WikiLeaks au sein de l’armée américaine, est arrêté et condamné à 35 ans de prison.
Parallèlement, la police suédoise ouvre en 2010 une enquête pour viol contre Julian Assange. Le fondateur de WikiLeaks (qui nie les accusations dont il fait l’objet et dénonce une machination) trouve alors refuge à l’ambassade d’Équateur à Londres, où il est contraint de résider depuis août 2012. Parmi les raisons invoquées par Assange pour refuser d’aller s’expliquer à Stockholm figure la crainte que son extradition vers la Suède ne soit qu’un subterfuge pour ensuite pouvoir l’extrader vers les États-Unis, où il serait poursuivi pour divulgation de documents officiels concernant la sécurité du pays.
L’animosité de Julian Assange envers Hillary Clinton est profonde, et il la considère quasi comme une ennemie personnelle, l’accusant notamment d’être parmi ceux faisant tout pour qu’il soit arrêté, tandis que d’autres rumeurs évoquent carrément la possibilité que celle qui était alors Secrétaire d’État ait voulu envoyer un drone pour le tuer. Vrai ou faux ? Toujours est-il qu’en février 2016 Assange tient des propos très durs à l’encontre de Clinton, lui reprochant entre autres son côté va-t’en-guerre et les morts que ses décisions politiques ont provoqués. « I have had years of experience in dealing with Hillary Clinton and have read thousands of her cables. Hillary lacks judgement and will push the United States into endless, stupid wars which spread terrorism. Her personality combined with her poor policy decisions have directly contributed to the rise of ISIS » écrit-il notamment sur WikiLeaks en février 2016. Dans un autre registre, il a également accusé Google de collusion avec la candidate démocrate et expliqué que cette société jouait en sa faveur.
En juillet 2016, juste avant l’ouverture de la convention démocrate de Philadelphie a lieu le DNC-leaks, c.-à-d. la révélation par Wikileaks de millier d’emails concernant le comité démocrate chargé d’organiser les primaires, des emails révélant entre autres le favoritisme dont ce comité a fait preuve vis-à-vis de Clinton. La manœuvre visait clairement à lui nuire, et Assange a laissé entendre que d’autres documents compromettants pourraient être dévoilés en octobre, dans les semaines précédant l’élection.
En dépit de sa farouche opposition à la démocrate, Assange n’en est pas pour autant un partisan de Donald Trump, déclarant à ce propos qu’il préférerait n’avoir à choisir entre aucun des deux candidats.
31 octobre 2016 – Assange a tenu parole. Depuis le 7 octobre, WikiLeaks publie quotidiennement des emails provenant du compte piraté de John Podesta, le responsable de campagne d’Hillary Clinton. Si la première salve de publications (sur les conférences de Clinton à Goldman Sachs) a fait pschitt, étouffée qu’elle a été par le scandale sur les propos de Trump concernant les femmes, les suivantes ont davantage retenus l’attention. Si les courriers incriminés ne contiennent pas spécialement de grandes révélations, ils n’en illustrent pas moins les à-côtés toujours un peu troubles des Clinton (les discours différents selon que l’interlocuteur est l’Américain moyen ou un banquier ; les sources de financement de la Fondation Clinton ; etc.). Jusqu’ici, ces publications n’ont pas eu d’impact sur la campagne, mais leur litanie conjuguée au rebondissement dans l’affaire des emails de Clinton continue de saper l’image de la candidate. Avant que du plus lourd ne sorte ? A une semaine de l’élection, Assange a en tout cas annoncé que l’opération allait passer à sa phase n°3.
Alicia Machado
Née au Venezuela en 1976 (40 ans en 2016), Alicia Machado remporte le concours Miss Univers en 1995, lequel est alors organisé par Donald Trump. Alicia Machado souffre toutefois de troubles alimentaires et sa victoire est suivie d’une prise de poids qui irrite le milliardaire, lequel va la mettre sous pression pour qu’elle perde les kilos qu’il estime superflus, mais aussi se livrer à plusieurs commentaires dégradants que Machado révèle dans un livre en 2015.
Lors du premier débat qui l’oppose à Trump, Clinton rappelle ces commentaires (« il l’a qualifiée de Miss Piggy et de Miss Femme-de-chambre ») pour déstabiliser un peu plus son adversaire qui ne s’y attendait visiblement pas et réagit mal. Il s’enfonce le lendemain en revenant sur cette histoire lors d’un show télé au lieu de laisser tomber, et, après que Machado a déclaré avoir obtenu la nationalité américaine et qu’elle voterait Clinton, il s’embourbe complètement quelques jours plus tard en twittant en pleine nuit des messages pour s’interroger sur la manière dont elle a reçu cette citoyenneté, avant de la traiter de « dégoûtante » et de lancer un appel à aller consulter une sex-tape où s’ébattrait soi-disant l’ex-reine de beauté.
Bernard Madoff
Né dans le quartier du Queens à New York en 1938 (78 ans en 2016), Bernard Madoff est devenu le symbole des financiers escrocs et fraudeurs ayant contribué au déclenchement de la crise de 2008.
Fondateur de la société d’investissements active à Wall Street Bernard L. Madoff Investment Securities LLC, Bernard Madoff parvient pendant des années à offrir des rendements exceptionnels à ses clients. Son succès repose cependant sur une escroquerie à grande échelle basée du type « système de Ponzi », une escroquerie qui éclate au grand jour avec la chute des marchés boursiers en 2008 et se traduit par la perte de milliards de dollars pour certains de ses clients (le montant total des pertes a été estimé à 65 milliards de dollars). Arrêté et jugé, Bernard Madoff est condamné en 2009 à 150 ans de prison (c.-à-d. la peine maximale prévue par la loi) et son nom est quasiment devenu une injure.
Lee Harvey Oswald
Né à La Nouvelles-Orléans en 1939 et décédé en 1963 à l’âge de 24 ans à Dallas, Lee Harvey Oswald est le principal suspect de l’assassinat du président John Fitzgerald Kennedy.
Attiré par le communisme, il quitte les États-Unis en 1959 après deux ans dans les Marines et gagne l’URSS, où il se marie. Deux ans et demi plus tard, il revient au pays avec sa femme et une enfant, et vivote d’un petit boulot à l’autre entre le Texas et la Louisiane. En août 1963, il est arrêté par la police de La Nouvelle-Orléans lors d’une bagarre avec des anticastristes. C’est également au cours de ce séjour dans cette ville que sera prise une photo de lui distribuant des tracts en faveur de Cuba en compagnie de deux autres personnes, dont l’une sur laquelle le National Enquirer prétendra en 2016 reconnaître le père de Ted Cruz (voir ici la version de l’affaire par le Washington Post).
Trois mois plus tard, Kennedy est assassiné lors d’une visite à Dallas. Les témoins indiquent que les tirs sont venus d’un dépôt de livres scolaires, dans lequel la police se précipite. Oswald, qui travaille précisément là, s’éclipse juste après. Une heure et demie plus tard, il est arrêté en un autre lieu de la ville pour … le meurtre d’un policier qu’il vient d’abattre en pleine rue. Quelques heures plus tard, il est officiellement inculpé de l’assassinat du président.
Deux jours plus tard, au moment d’être transféré des bureaux de police à la prison, Oswald est abattu par Jack Ruby. Blessé au ventre, il décède quelques heures plus tard. La commission Warren (instituée pour enquêter sur la mort de Kennedy) entérinera la piste du tueur solitaire, mais ses conclusions ont été et sont encore aujourd’hui largement controversées.
Jack Ruby
Né à Chicago dans une famille juive en 1911 et décédé à Dallas en 1967 à l’âge de 55 ans, Jack Ruby est connu pour son rôle dans les suites de l’assassinat du président John Kennedy.
Patron de boîtes de nuit à Dallas, il est en contact avec la Mafia et lié à plusieurs affaires louches. En 1963, deux jours après la mort de Kennedy et alors que son meurtrier présumé Lee Harvey Oswald va être transféré d’un bureau de police à une prison, Ruby surgit de la foule et abat Oswald.
Ruby affirmera plus tard avoir agi sur un coup de folie, puis pour d’autres raisons encore (l’honneur de Jackie Kennedy, celui du peuple juif …), mais les spéculations quant à ses motifs véritables ne tardent pas aller bon train et ils continuent encore aujourd’hui d’être débattus, les tenants d’une conspiration voyant dans le geste de Ruby la main de la Mafia de Chicago, qui aurait voulu faire taire Oswald pour ne pas qu’il dévoile les véritables commanditaires de l’assassinat du président.
Condamné à mort, Ruby va en appel mais décède en 1967 des suites d’un cancer avant que le nouveau procès ne puisse avoir lieu.
Edward Snowden
Né en Caroline du Nord en 1983 (33 ans en 2016), Edward Snowden est un lanceur d’alertes qui a révélé en 2013 les méthodes d’écoute et de surveillance à grande échelle mises en place par la NSA.
Informaticien travaillant pour la société Booz Allen Hamilton à qui la CIA et la NSA confient des missions de sous-traitance, Snowden a accès à des informations top-secrètes sur les programmes de surveillance mis en place par ces agences fédérales. Il les transmet aux journaux The Guardian et The Washington Post qui les publient et déclenchent un scandale mondial. Poursuivi pour espionnage et vol de biens gouvernementaux, Snowden a pour l’instant trouvé refuge en Russie.
Son cas divise l’opinion, certains voyant en lui un héros, d’autres un traître. Ce fut notamment le cas de Marco Rubio qui le qualifia ainsi lors d’un débat au cours de la campagne pour la présidentielle 2016. Côté démocrate, Hillary Clinton et Martin O’Malley ont eux aussi eu des mots durs à son égard (« he broke the law, he stole very important information » pour la première, « he put many lives at risk » pour le second). Bernie Sanders fut plus modéré (« he played an important to explain the people our rights are touched ; he educated us, this should be taken into consideration ») et Jim Webb éluda la question (« I leave it to the legal system »).
Mark Zuckerberg
Né dans l’État de New York en 1984 (32 ans en 2016), Mark Zuckerberg est le co-fondateur et président-directeur général du réseau social Facebook.
A l’automne 2015, Donald Trump accuse son rival Marco Rubio d’être le sénateur personnel de Mark Zuckerberg. En cause : Zuckerberg souhaite que soient simplifiées les procédures d’obtention de visas afin de pouvoir plus facilement embaucher de la main-d’œuvre étrangère qualifiée, et Rubio a défendu un projet de loi allant dans ce sens.
Au cours du controversé troisième débat républicain, Trump nie avoir jamais utilisé pareille expression, alors qu’elle est écrite en toutes lettres sur son site internet de campagne. La journaliste Becky Quick qui l’interroge à ce propos fait alors marche arrière et Trump évite de devoir s’expliquer.
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