29 mars 2015 – Troisième déroute d’affilée pour la gauche ; essai une nouvelle fois non-transformé pour le FN ; la droite grande gagnante du scrutin : telles sont les principales conclusions du second tour des départementales 2015. En bonus : un focus sur la percée historique du FN.
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Sur base des dernières départementales, petit exercice de prospective sur ce que pourrait être les résultats du FN aux régionales de décembre 2015. A titre de comparaison, les résultats des régionales de 2010 ont été repris et agrégés sur base des nouvelles structures administratives qui seront en vigueur pour les prochaines élections. Sur base de ces chiffres, il apparaît que :
- le FN pourrait obtenir 25% à l’échelon national, dépasser la barre des 15% dans toutes les régions de France continentale et même arriver en deuxième position dans trois d’entre elles. Exceptions : la Corse et l’Outre-mer (non montrées dans le graphique ci-dessus), où l’extrême-droite demeure insignifiante.
- les départementales ont permis une percée du FN dans des zones où il était jusqu’ici peu implanté, à savoir l’ouest et le nord-ouest. Par rapport aux Régionales 2010, il passe de 6% à 18% en Bretagne, de 8% à 19% en Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, de 7% à 21% en Pays-de-Loire, de 10% à 26% en Normandie et de 11% à 26% en Centre-Val-de-Loire. Pas assez pour décrocher des élus (sauf en Gironde), suffisamment pour affirmer avoir une vraie assise nationale.
- le FN perce également, mais de manière plus nuancée, en Île-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes (NB : il n’y avait pas de vote à Paris et Lyon aux dernières départementales).
- le FN obtient un résultat paradoxal en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, où, emmené par le vice-président du parti Louis Alliot, il progresse fortement mais ne transforme aucun essai (comme aux municipales). La situation en Bourgogne-Franche-Comté est assez semblable, avec une forte présence électorale mais quasi pas d’élus (deux seulement).
- le FN finit deuxième avec plus de 30% dans trois régions : l’Alsace-Champagne-Ardennes-Lorraine (où il finit bien devant la gauche, mais loin de la droite), PACA (nettement devant la gauche et talonnant la droite) et le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, où les trois blocs se tiennent dans un mouchoir de poche.
La liste des élus FN aux départementales 2015
- 26 en Nord-Pas-de-Calais-Picardie : 12 Pas-de-Calais, 8 Aisne, 4 Oise, 2 Somme.
- 8 en Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine : 4 Haute-Marne, 2 Marne, 2 Meuse.
- 2 en Bourgogne-France-Comté : 2 Yonne.
- 14 en PACA : 6 Vaucluse, 6 Var, 2 Bouches-du-Rhône – la Ligue du Sud a 4 élus en Vaucluse.
- 10 en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées : 6 Hérault, 4 Gard.
- 2 en Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes : 2 Gironde.
Troisième déroute d’affilée confirmée pour la gauche ; essai une nouvelle fois non-transformé pour le FN ; la droite (et avec elle, Sarkozy) grande gagnante du scrutin : telles sont les principales conclusions du second tour des départementales.
- Abstention : identique à celle du premier tour, 50%.
- L’UMP associée à l’UDI reprend 28 départements à la gauche et en contrôle 67 sur 101. La carte de France est quasi toute aux couleurs de la droite, à l’exception du Sud-Ouest (19 départements allant de la Gironde au Gard et de la Haute-Vienne aux Pyrénées-Orientales) et quelques tâches roses de-ci de-là (Pas-de-Calais, Nièvre, Meurthe-et-Moselle, couronne parisienne moins Hauts-de-Seine, Finistère, Ille-et-Vilaine, Loire-Atlantique, Alpes-de-Haute-Provence …).
- Côté PS, les pertes sont dans la continuité de celles des municipales, européennes et sénatoriales : lourdes et parfois emblématiques, telles les Côtes-d’Armor, les Bouches-du-Rhône, le Nord (grosse claque) et la Seine-Maritime. Autres défaites cuisantes : la Corrèze (fief de Hollande) et l’Essonne (fief de Valls). Le mot « déroute » n’est pas volé : les socialistes sont revenus au niveau de 1998 en nombre de départements gérés. Quinze années de conquête volent d’un coup en éclat. Seul gain : la Lozère. Quant aux communistes, ils sauvent le Val-de-Marne mais perdent l’Allier.
- Aucun bouleversement ministériel n’est toutefois à attendre. Hollande l’avait annoncé : il ne changera pas de cap, Valls (qui s’est fortement impliqué dans la campagne) reste en poste, et si remaniement il doit y avoir, il sera limité.
- Sarkozy pavoise : « L’alternance est en marche, rien ne l’arrêtera. » Le président de l’UMP fait sien le succès ; ses opposants internes tentent de tempérer, mais Sarko marque des points en vue de la primaire, d’autant que le FN a été (relativement) contenu (malgré la forte hausse des votes en sa faveur, le parti de Marine Le Pen n’arrive en tête dans aucun département et décroche peu d’élus), ce qui aux yeux de Sarkozy et de son entourage valide la ligne décomplexée à droite toute, illustrée pendant la dernière campagne par (entre autres) le débat surréaliste sur les menus de substitution dans les cantines scolaires, ainsi que par le maintien de la doctrine « ni-ni » dans les cantons où la gauche et l’extrême-droite s’affrontaient au deuxième tour.
- En tête dans 43 départements dimanche passé, le FN n’en a donc remporté aucun, y compris le Vaucluse et l’Aisne où ses chances étaient réelles. Ces départements ont été le théâtre d’une (légère, mais réelle) hausse de la participation, laquelle semble indiquer une mobilisation républicaine pour contrer le parti d’extrême-droite là où il était le plus menaçant. Le parti a-t-il atteint son « plafond de verre » ? Les prochaines régionales (où le scrutin est en partie proportionnel) apporteront un élément de réponse. Pour l’heure, le FN décroche une soixantaine de conseillers, dont 40% sont au Nord (Pas-de-Calais 12, Aisne 8, Oise 4, Somme 2) et un autre 40% au Sud (Hérault 6, Gard, 4, Vaucluse 10, Var 6, Bouches-du-Rhône 2).
Addendum – Jeudi 1er avril, élections des présidents (« Troisième tour ») : pas de bouleversement par rapport aux conclusions de dimanche. Le FN qui espérait peser dans l’élection des présidents du Gard, Aisne, et Vaucluse en est pour ses frais, la droite classique n’a à aucun moment cherché une quelconque alliance avec lui. Le Gard reste à gauche, le Vaucluse et l’Aisne passent comme prévu à droite. Autre département au sort incertain : le Tarn-et-Garonne, où le radical Jean-Michel Baylet est finalement déboulonné au profit d’une alliance entre droite et indépendants de gauche.
- C’est une surprise : la participation a été (relativement) bonne (50,1%), plus élevée que lors des dernières européennes et des cantonales de 2011 (42,4% et 44,3%).
- Pas de surprise en revanche pour le PS, la défaite est là : élimination dans 580 cantons, et 20 à 30 départements menacés. Déroute ? Il faudra attendre le second tour pour le savoir.
- Avec 25% des suffrages, une arrivée en tête dans une quarantaine de départements, huit élus direct et une présence dans plus de 1100 cantons (50%) au second tour, le FN confirme sa dynamique, mais pas totalement, pas aussi largement que l’escomptait Marine Le Pen, l’UMP-UDI n’ayant pas vacillé et étant en passe d’atteindre ses objectifs de gains territoriaux.
- 278 triangulaires auront lieu au second tour (contre une cinquantaine en 2011) : c’est inédit.
- Sur la notion de premier parti de France : difficile de tirer des conclusions précises étant donné les nombreuses alliances entre partis, FN excepté. Suivant la manière dont les résultats sont présentés, le FN apparaît troisième derrière les blocs « partis de droite » (UMP, UDI, union de droite) et de « gauche » (PS, FdG, EELV, PRG …), deuxième lorsque sont distinguées gauche gouvernementale et non-gouvernementale, et premier si l’on considère l’étiquette stricte sous laquelle chaque binôme se présentait. Aucune de ces méthodes n’est parfaite et chacun prend celle qui l’arrange le mieux (un grand classique).
- Au terme du premier tour, le sentiment concernant le FN est que celui-ci réalise son meilleur score historique au niveau local (c’est un fait), qu’il conforte nettement son implantation territoriale, qu’il valide le passage à un paysage politique tripolaire, mais qu’il n’est pas parvenu à déstabiliser l’UMP qui lui a bien résisté, à la grande satisfaction de Nicolas Sarkozy.
Faits saillants depuis les sénatoriales de septembre 2014
- Fin novembre, Nicolas Sarkozy remporte la présidence de l’UMP. Une victoire au goût amer pour l’ex-président qui escomptait un plébiscite mais doit se contenter de 64,5%, Bruno Le Maire réalisant un très bon 29,2%, signe que le parti ne se range pas unanimement derrière le candidat vaincu de la Présidentielle 2012. Troisième homme du scrutin, Hervé Mariton termine à 6,3%.
- D’une manière générale, le retour de Nicolas Sarkozy sur la scène politique est loin de se passer tel qu’il l’espérait. L’ancien président a du mal à obtenir une dynamique forte en sa faveur, la contestation reste importante au sein de son camp et les observateurs sont circonspects quant à sa capacité à séduire à nouveau les électeurs. La première étape de son projet est néanmoins remplie, il dirige l’UMP et, quoique contraint de l’organiser alors qu’il en rejetait l’idée, c’est lui qui sera à la manœuvre pour la primaire en vue de la présidentielle.
- Les tueries terroristes contre Charlie Hebdo et un Hyper Casher à Paris bouleversent la France début janvier. Conséquence indirecte : l’étoile de Hollande gagne en éclat et sa cote de popularité remonte, le Chef de l’Etat ayant assumé son rôle lors de cette situation de crise et gagné en stature et crédibilité.
- La conjoncture économique connait également une (légère) embellie, portée par la chute du cours du pétrole et la dépréciation de l’euro face au dollar. Et si les indicateurs n’en restent pas moins globalement au rouge, cette esquisse de reprise vient à point pour un gouvernement toujours malmené par les frondeurs de son propre camp, lesquels obligent le Premier ministre Valls à dégainer le 49-3 pour que soit adopté un projet de loi porté par le (contesté) ministre de l’Économie Emmanuel Macron (qui a succédé à Montebourg à l’été) et relatif à la compétitivité, avec entre autres la possibilité d’accroître le travail dominical.
Prévisions à la veille du scrutin
- Nouvelle claque pour la gauche, gros gains locaux pour l’UMP, validation du titre (auto-proclamé) de premier parti de France pour le FN : tels sont les enjeux majeurs de ce scrutin nouvelle formule.
- Les « cantonales » font en effet peau neuve et deviennent « départementales ». Au-delà du changement de nom, les différences principales avec l’ancienne forme de scrutin sont :
- un vote simultané dans tous les cantons (la moitié était avant renouvelée tous les 3 ans)
- un redécoupage de la carte électorale (diminution du nombre de cantons de 4035 à 2054)
- des candidatures en duo homme-femme (« scrutin binomial mixte ») : le vote se fait non pour un parti ou un candidat unique, mais pour un couple nécessairement paritaire.
- un certain flou concernant les compétences exactes dévolues aux élus (la loi encadrant la nouvelle organisation territoriale est encore en phase de finalisation).
- De quelle ampleur, la défaite socialiste ? Les pronostics ne sont pas optimistes, le risque d’un PS absent du second tour dans au moins 500 cantons est réel. Détenant pour l’heure 50 départements (59 pour la gauche dans son ensemble), les socialistes espèrent en conserver au moins 30, ce qui serait déjà une belle défaite. En-dessous de 30, le terme déroute ne serait pas galvaudé.
- A gauche de la gauche, la bataille s’annonce clef pour le PCF, qui tentera de conserver les deux départements qu’il lui reste : l’Allier et surtout le Val-de-Marne. Les communistes misent sur une rupture nette avec le PS, avec lequel un nombre extrêmement bas d’alliances ont été passées.
- L’autre composante du Front de Gauche (le Parti de Gauche, de Mélenchon) testera quant à lui la viabilité d’alliances avec EELV. Un rapprochement entre les deux partis est de plus en plus à l’ordre du jour, notamment en vue de la présidentielle 2017. Zone test : l’Isère, où l’union des deux groupes a permis de prendre la mairie de Grenoble voici un an.
- L’UMP, associée à l’UDI, escompte une reconquête majeure au niveau départementale. Disposant de 41 départements, le parti de Nicolas Sarkozy table sur un gain compris entre vingt et trente-cinq territoires, dont certains historiques pour la gauche (Val-de-Marne, Gard, Côte d’Armor).
- Si la victoire électorale de l’UMP-UDI fait peu de doute, la principale question sera celle du duel qui l’oppose au FN, à commencer pour le titre (officieux) de premier parti de France, puis pour le nombre de départements que le parti de Marine Le Pen pourrait conquérir. Var, Vaucluse et Aisne figurent en tête de liste des ambitions frontistes. Autre objectif pour le FN : accroître son implémentation locale dans des régions où il est actuellement peu présent, tel l’Ouest. Pour atteindre ces différents buts, le parti d’extrême-droite a déployé tous ses moyens et sera présent dans 93% des cantons, couverture jamais atteinte par lui précédemment.
- A noter : ces élections ne concernent pas Paris, la métropole de Lyon, la Guyane et la Martinique.
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